[Avis] The Stool Pigeon, de Dante Lam

Titre : The insider / The stool pigeon / Xian Ren / Sin Yaan / 線人
Année : 2010
Durée : 1h54
Origine : Hong-Kong
Genre : Policier
Réalisateur : Dante Lam

Acteurs : Nicolas Tse, Nick Cheung, Liu Kai Chi, Miao Pu, Kwai Lun Mei…

Synopsis : Un inspecteur convainc un ex-taulard de devenir son indic afin de mettre la main sur un gang de braqueurs, dont la tête pensante est le très rechérché « Barbarian »…


Avis de Jang Gerald :
Je ne reviendrais pas sur la carrière de Dante Lam, mais une chose est sûr, c’est que chaque projet du monsieur m’excite énormément.
Ces derniers temps, il avait réussi à signer un thriller sec comme un coup de trique, Beast stalker, ou comment tenir en haleine avec un suspense haletant.
Il récidive ensuite avec Fire of conscience, que j’attendais comme le renouveau du hard-boiled movie…il n’en sera rien , le film est plus que décevant, avec son histoire fourre-tout et sa mise en scène qui en fait des tonnes (même défauts que Snipers en fait), pourtant, on notera des scènes anthologiques, comme le fulgurant gunfight dans le restaurant, une sécheresse et un réalisme comme seul Dante Lam en a le secret.
On attendait donc beaucoup de son nouveau bébé, The stool pigeon, tourné dans la foulée, et avec la même équipe que Beast stalkers, à savoir Nicolas Tse et Nick Cheung dans les rôles titres.

     

Après une intro plutôt bien emballée (et vite éxpédiée) et des têtes bien connues, comme Liu Kai Chi (c’est un peu le Lam Suet de Dante Lam), mais aussi le très vieillissant Vincent Wan, le film montre une envie de sombrer dans le drame à tout prix, avec le sort qui est résérvé au personnage de Liu Kai Chi, l’indic (d’où le titre Stool pigeon) de Nick Cheung, qui sera traumatisé à vie suite à une mission qui tourne mal.
Nick Cheung se verra confier une autre mission, tout aussi importante, pendant que son ancien indic se perd dans les méandres de la folie.
Pour cela, il a bien évidemment besoin d’un nouvel indic, un ex-taulard, intérprété par Nicolas Tse. Il fera tout pour le garder hors de danger,afin d’éviter un nouvel incident.
Malheureusement le flic et l’indic ont un lourd passé, l’un avec sa femme, l’autre avec sa soeur.

     

Et c’est ici que le bât blesse, puisque Dante Lam s’oublie dans des sous intrigues sinueuses à souhait, où le ridicule prend involontairement le pas sur le drame.
C’est exactement ce que je reprochais à Snipers, mais aussi à Fire of conscience, où le réalisateur essayait de développer des personnages en injectant des histoires douloureuses, mais s’engoufrant dans de terribles dialogues sans saveurs, des histoires inutilement complexes et tirées par les cheveux.
Dante Lam pourrait relancer la faute à son scénariste attitré Jack Ng, qui se laisse trop facilement aller vers la noirceure à tout prix.

     

De ce côté là, Stool pigeon a encore passé un cap, surtout avec l’histoire de Nick Cheung et sa femme, d’un pessimisme (ou d’une connerie, c’est comme on veut) qui frise la bêtise, là où celle de Nicolas Tse reste plus sobre, mais d’une banalité désèsperante…bref, ces deux personnages tourmentés étaient censés influer sur l’histoire principale, avec une psychologie « travaillée », mais l’effet inverse se produit, tirant intutilement le film sur 2 longues heures.Pénible !
Ce genre de traitement avait fait le succès et la naîveté du cinéma HK des années 80/90, mais aujourd’hui, accouplé à un budget conséquent, des tournages plus longs et surtout une mise en scène ultra léchée, le résultat s’avère grotesque.
Effectivement, Dante Lam délaisse son côté sec et vif, pour s’éssayer à la To‘s touch (Johnnie To hein! ) avec des plans d’une beauté saisissante, une photographie au top, et des petits effets de mise en scène qui font la joie des mirettes (très belles images dans le bureau de Nick Cheung) ou consternent de par leur futilité (la pause à la « Matrix » lors de la course automobile, renvoyant à l’intro de Fire of conscience, qui utilisait le même procédé).

     

Stool pigeon est donc noyé par un sens du drame déraisonné et une mise en scène encore une fois aguicheuse mais sans âme (ça à de la gueule tout de même !), dont les acteurs deviennent victimes, malgré leurs talents respectifs, entre un Nick Cheung de plus en plus classe,  et un Nicolas Tse de plus en plus mature, dont les épaules arrivent à supporter aujourd’hui n’importe quel personnage.
Par malheur, ces derniers se retrouvent piégés par un scénario tordu et des personnages faussement travaillés.

        

Dernier point noir : l’action.
Fire of conscience et Snipers, avec les mêmes défauts, arrivaient à nous accrocher avec des gunfights revitalisants, même si loin de surclasser ceux d’un G4 option zero ou d’un Hit team du même réalisateur.
Dans Stool pigeon, hormis l’intro, vite expédiée et peu excitante, une course automobile anecdotique (mieux vaut revoir le génial Legend of speed de Andrew Lau !), rien à retenir, même la course à pieds entamer par Nicolas Tse et Kwai Lun Mei (que de chemin depuis Blue gate crossing !) après une poursuite en voiture (l’une des plus belles scènes, sur « White Christmas » de Dean Martin) n’arrive pas à égaler celle de Beast stalkers, qui était quant à elle tétanisante.
Même le cambriolage tant attendu de la bijouterie ne restera pas dans les mémoires, malgré une tension palpable et un montage virtuose.

     

Quant au final, rien à retenir non plus, si ce n’est une envie de finir en apothéose, avec une surenchère de violence, dans une école abandonnée, essayant dêtre aussi brutal et froid qu’un Soi Cheang (Dog bite dog étant particulièrement visé).Mais le spectateur aura déjà décroché depuis longtemps, voulant en finir au plus vite, d’où l’indifférence totale quant aux destins des protagonistes.
De vraiment positif, on retiendra l’excellent score de Henry Laï, qui nous gratifie encore une fois d’une partition soignée et originale.

     

Dante Lam a intérêt à se ressaisir, d’autant plus qu’il a de quoi tenir tête aux meilleurs (Johnnie To pour ne pas le citer). On éspère le retrouver plus inspirer que jamais, et très vite !

       

Note : 5/10


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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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