Fei est un simple pêcheur. Par hasard, il tombe sur le 13ème prince et le sauve d’une tentative d’assassinat orchestrée par son frère. Le prince, ainsi que sa future femme, Yuet, et Hsien qui veille sur lui, va trouver refuge dans le village de Fei.
Avis de Rick :
À Hong Kong, comme partout, les modes vont et viennent. Certains réalisateurs lancent des modes et des genres, et les autres suivent pour rester dans la course. Il y avait le Wu Xia Pian, puis les polars mâtinés de Kung-Fu, puis le polar urbain sombre et froid, et au début des années 90, Tsui Hark relance le Wu Xia Pian avec Il Était une Fois en Chine. Le succès est immédiat, et beaucoup s’y mettent. Sammo Hung lui est en perte de vitesse, et doit un peu suivre le mouvement, et c’est dans ces conditions qu’il tourne en 1992 The Moon Warriors, en s’entourant d’une équipe de choc qu’il connaît bien. Évoluant dans un univers qui n’est à priori pas le sien, Sammo Hung délègue. Ainsi, il ne touche pas au scénario, qui sera signé Alex Law, et Corey Yuen s’occupe des chorégraphies. Grande surprise également, comparé à ses habitudes, il ne tient aucun rôle dans le métrage. Mais il s’entoure d’acteurs chevronnés à même de faire passer l’émotion du scénario, simple, mais se basant beaucoup sur ses personnages. Ainsi, au casting, on trouve Andy Lau (que Sammo avait déjà dirigé dans Twinkle Twinkle Lucky Stars) dans le rôle principal, Kenny Bee (Shanghai Express), et deux grandes actrices viennent étoffer le casting. Anita Mui d’un côté, sortant de quelques succès (Big Brother de Jackie Chan, A Better Tomorrow 3 de Tsui Hark), et Maggie Cheung, trouvant enfin des rôles qui lui permettent de sortir de ses rôles de potiches chez Jackie Chan, avec par exemple As Tears Go By de Wong Kar-Wai. Sammo l’avait déjà rencontré en 1988 à l’occasion de Paper Marriage (Mariage Blanc) de Alfred Cheung.
Un casting en or, pour un film misant beaucoup sur ses personnages, il fallait bien cela. Car oui, le scénario de The Moon Warriors est extrêmement simple (comme souvent me diront certains), mais les personnages, eux, sont travaillés et possèdent une vraie profondeur, ce qui les rend attachants, et donc, intéressants. Le scénario ne nous raconte que la fuite d’un prince, dont le frère (Kelvin Wong) a décidé de raccourcir la durée de vie. La première partie du récit va privilégier l’action, le scénario se fait plutôt mince, mais le divertissement lui et bel et bien présent, même si rien ne va au départ rendre The Moon Warriors différent des autres métrages du genre. Les combats sont de très honnêtes factures, et les personnages se veulent attachants dés le départ, entre le pêcheur un peu simplet mais doué en arts martiaux joué par Andy Lau, ou tout simplement les deux guerrières jouées par Anita Mui et Maggie Cheung, dont on sent dés le départ une certaine rivalité. Mais c’est dès l’arrivée dans le village de Fei que le scénario va alors se mettre à développer totalement ses personnages, et se démarquer des autres films du genre. Car dans le fond, le métrage n’est pas un Wu Xia Pian comme les autres, non. Au final, le métrage, sous ses aspects de film d’époque, de film contenant de nombreux (et beaux pour la plupart) combats aux sabres, n’est qu’une romance de plus, mais une romance sombre et extrêmement mélancolique, un chassé croisé de sentiments, qui va permettre de rendre les personnages plus humains, et de leur donner un sens profond aux différentes scènes.
Sammo Hung et son scénariste Alex Law l’ont bien compris, et vont donc se focaliser essentiellement là-dessus. Ce qui rend The Moon Warriors fort, malgré son histoire classique (même les romances, on en a bouffé à Hong Kong), c’est bel et bien le talent des acteurs, devant faire passer la plupart des émotions sans pour autant dire à voix haute ces émotions. Les personnages préfèrent se taire et garder leurs sentiments pour eux, les enfermer au fond de leur cœur, ce qui donne par avance un côté fataliste à ces romances. Fei vit simplement sa vie, il est doué, mais n’aspire pas plus que ce qu’il a déjà. Croissant de lune (Anita Mui) est partagée entre deux amours, alors que Hsien est amoureuse de son maître. Mais chacun préfère en général garder le silence, comme pour laisser les autres, ou tout simplement le destin décider pour eux. Ces différentes situations, jouées par d’excellents acteurs, vont donner lieu à des scènes absolument sublimes. Mais l’action n’est pas en reste, revenant lors du final, avec des scènes parfois un poil trop brèves (l’intérêt n’est finalement pas là), mais souvent dures envers ses personnages, venant finalement abattre le destin sur ses personnages qui auraient mieux fait de laisser leurs pensées sortir plutôt que de se renfermer sur eux même. Les chorégraphies, si elles sont d’un bon niveau, ne sont pas non plus inoubliables, et Sammo Hung ne pourra pas s’empêcher de mettre certains plans en accélérés. Malheureusement, l’effet de style, qui passait dans certaines de ces comédies, et ici très voyant et parfois grotesque dans un film se voulant si mélancolique.
The Moon Warriors vaut essentiellement pour ses personnages et ses situations dramatiques. L’action est bonne mais déçoit un peu, et le scénario est finalement assez basique dans ces grandes lignes.
Titre : The Moon Warriors – Zhan Shen Chuan Shuo – 戰神傳說
Année : 1992
Durée : 1h23
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia pian
Réalisateur : Sammo Hung
Acteurs : Andy Lau, Anita Mui, Maggie Cheung, Kenny Bee, Kelvin Wong et Chang Yi
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