[Avis] Shrill Cries of Summer, de Oikawa Ataru

Maebara Keiichi emmènage en 1983 dans le petit village de Hinamizawa. Un petit village genre village paumé comme il le dit lui même, si petit qu’à l’école, il n’y a qu’une classe pour tous les élèves, une vingtaine à tout casser. Il se lie très rapidement d’amitié avec un petit groupe constitué de Rena, Satoko, Rika et Mion, la chef de groupe. La vie semble paisible. Mais les apparences sont trompeuses, et Keiichi va rapidement s’en rendre compte en apprenant le passé du village, et sa quasi disparition 5 ans plus tôt lors de la construction d’un barrage, qui a finalement été annulé après un meurtre par démembrement, dont l’un des bras n’a jamais été retrouvé. Les choses ne s’arrangent pas lorsqu’il apprend par un photographe, Tomitake, que tous les ans, lors de la fête du village, une personne meurt et une personne disparaît.

Avis de Rick :

Shrill Cries of Summer, de son titre anglais, est l’adaptation d’une longue saga multi support. Higurashi No Naku Koro Ni de son nom original était à la base un visual novel (ou sound novel, au choix). Le succès fut immédiat, et ce roman sonore et visuel dans lequel le joueur suivait une histoire pleine de mystère se retrouva déclinée en 2006 en série d’animation, qui compte à ce jour deux saisons et 2 séries d’OAV. Cette série, énigmatique, prenante, pesante parfois, était une grande réussite, grâce à un mélange entre des graphismes parfois enfantins, parfois horrifiques, des changements de ton brusques, et une construction narrative intelligente sous forme d’arcs d’environ 5 épisodes, où à chaque fois, l’histoire revenait en arrière pour reprendre d’un point de vue différent, ou même montrer une variante des événements. Ajoutons à tout ça un score musical de Kawai Kenji sublime. Il n’en fallait pas plus pour qu’un film voie le jour, et finalement, ce fut même deux métrages. Le premier, celui qui nous intéresse ici, se contente d’adapter le premier arc de la série, tandis que le second film adapte le dernier arc de la saison 1. Face à la qualité de la série animée, et à l’histoire en général, on ne pouvait qu’être excité. En voyant que Kawai Kenji reste présent à la musique, l’excitation monte. En voyant le nom du réalisateur, tout redescend. Oui, le film est écrit et réalisé par Oikawa Ataru, réalisateur de Tomie (intriguant, mais longuet), Tomie Beginning (honnête épisode de la saga), Tomie Revenge (un film qu’il vaut mieux oublier) et Apartment 1303 (trop classique pour passionner, mais un remake en 3D sortira l’année prochaine). M’enfin, le bonhomme m’avait bien surpris avec son Tomie Beginning, donc un miracle est toujours possible, avec le produit de base qu’il possède (quoi que, il a bien foiré le premier Tomie malgré un manga du tonnerre…). Le métrage commence, et première bonne surprise, les décors naturels dont bénéficie le film sont absolument superbes, et on reconnaît immédiatement des lieux du visual novel ou de la série, ce qui fait affreusement plaisir. Oikawa respecte le matériel de base, il est donc en bonne voie pour nous livrer un film stressant.

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Maebara Keiichi en chair et en os

L’ouverture du film se situe d’ailleurs un mois avant l’histoire du visual novel et de la série, en nous montrant l’arrivée dans le village de Keiichi, son arrivée à l’école, ses parents. Une très bonne initiative de Oikawa, permettant de vraiment s’identifier au personnage, même si certains points viendront nous déranger. Nous, je veux bien entendu parler des fans du produit de base, du visual novel connu sous le nom Le sanglots des cigales en France. En effet, Oikawa, on peut le dire, à totalement foiré son casting. Si Keiichi semble correspondre au début, il se révèle bien vite peu charismatique, et ne jouant pas franchement bien la peur. Mais le gros hic viendra des autres personnages, tous plus âgées que ce qu’ils étaient à la base. Rena, la petite fille qui rougit rapidement et fouille dans la décharge de la ville a maintenant le même âge que Keiichi, et les acteurs ne correspondent pas du tout à ce qu’ils sont censés être. Je suis bien conscient qu’il était impossible en faisant un film sérieux de garder des femmes aux cheveux bleus ou verts, mais Oikawa, en vieillissant ses personnages, retire un charme à son œuvre. M’enfin, s’il peut apporter quelque chose d’inédit, laissons lui une chance. Mais non, à part une scène où les filles feront prier Keiichi, tout viendra de la série animée.

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Les éléments précités retirent donc le charme des personnages, mais Oikawa ne s’arrêtera malheureusement pas là. En voulant rester absolument fidèle au jeu et à la série, Oikawa coupe des passages, qui certes, ne sont pas capitaux pour l’intrigue même, mais qui retire un petit quelque chose aux personnages. Ainsi, il laissera totalement Rika et Satoko de côté pour se focaliser sur Keiichi, Mion et Rena. Si à la limite, cela peut passer pour Mion, le vieillissement du personnage de Rena fait mal, et retire une bonne partie du malaise qu’on pouvait éprouver sur certaines scènes. Pire, dans ces coupes sans importances, Oikawa condense l’intrigue pour aller plus vite à l’essentiel, mais conservera certains dialogues faisant échos à des choses que l’on n’a pas vues du coup. Enfin, arrêtons le jeu de la comparaison, qui flingue souvent un film, et prenons le pour ce qu’il est. Et en le prenant à part, Shrill Cries of Summer ne fonctionne d’ailleurs pas trop mal.

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Keiichi et le photographe Tomitake

L’intrigue est lente, pour faire monter la tension doucement, comme dans la série d’animation, mais le réalisateur ne parvient pas à nous effrayer ou à nous inquiéter. Les passages censés être pesants sont filmés assez platement et sans éclair de génie, et pire, quand la violence débarque, celle-ci se fait très soft. Sans doute pour viser un public plus large, Oikawa rend le film quelque peu tout public, tout en parvenant à conserver quelques qualités (l’histoire, bien qu’un peu épurée, reste la même, certaines scènes fonctionnent). On se rend compte que l’optique du réalisateur vis à vis de l’univers de Higurashi No Naku Koro Ni est très différent de ce qui avait été fait jusque là, et ce pour de multiples raisons. Malgré ses fans, nombreux, le film nous propose un univers assez dépaysant, et Oikawa conserve les rites et autres du village de Hinamizawa, donnant un background intéressant au métrage, mais ralentissant le rythme, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Ainsi, le film ne s’adresse pas forcément à un large public. Ensuite, ne réalisant que deux films inspirés de l’univers, Oikawa est obligé de supprimer de nombreux éléments de l’histoire, de changer quelques petits passages ou d’introduire des personnages qui normalement ne font pas leurs apparitions dans cet arc là. Cela rend l’univers certes très mystérieux  mais pour ceux qui ne connaissent absolument pas, le pourquoi du comment restera au bout des deux métrages dans un flou immense, donnant l’impression d’une gigantesque fumisterie.

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Rena, moins flippante que dans l’anime

En temps que film seul, ce premier Shrill Cries of Summer est un film bien mystérieux, qui ne veut pas révéler ses secrets, mais qui intéresse et passionne. Comme dans l’anime ou le visual novel, Keiichi et ses amies se rendront à la fête du village, et Keiichi sera entraîné par le photographe Tomitake et une infirmière dans la grange où sont enfermés les objets de cultes (tortures) du village. Bien entendu, l’accès est interdit. Et le jour suivant, Keiichi apprend que Tomitake et cette infirmière ont étés retrouvés, morts. Les événements étranges vont se multiplier, Keiichi va commencer à douter de ses amies, qui semblent cacher quelque chose, lui mentir, et leurs comportements se fera de plus en plus étrange. Malheureusement, oui, pour le connaisseur, Oikawa ne parvient jamais à nous faire ressentir le moindre malaise, et il ennuie sur la durée, tant il ne propose d’un côté rien de nouveau, et tant de l’autre il ne fait pas preuve d’un grand génie à la mise en scène afin de sublimer les situations comme cela pouvait être le cas dans la série d’animation. Pire, même la musique de Kawai Kenji, très discrète, est sans âme, si bien qu’elle passe totalement inaperçue. La suite de l’histoire suivra son petit bonhomme de chemin, sans jamais vraiment décoller, et si quelques scènes parviennent à sortir du lot niveau mise en scène du moins (le rendez vous avec l’inspecteur dans le café), le reste s’avère soit tout juste potable, soit risible pour le fan. Oikawa ajoutera quelques nouvelles scènes sur la fin, mais elles n’apportent strictement rien au récit. Pour celui qui découvre totalement, Shrill Cries of Summer est une bonne entrée en la matière, bien que finalement assez creux. Pour le fan, c’est une très grosse déception que l’on aimerait oublier. Ironiquement, sa suite, reprenant donc le dernier arc de la saison 1 de l’anime, plaira moins à ceux qui ne connaissent pas, puisqu’il n’apportera aucunes explications, mais plaira plus aux fans grâce à un plus grand respect et une mise en scène plus inspirée.

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Déception, Oikawa Ataru adapte (encore une fois) quelque chose, et se plante. Ces choix sont plus que discutables, sa mise en scène peine à renforcer l’ambiance que le scénario tente d’installer. Le métrage peut plaire, mais décevra fortement les fans de Higurashi No Naku Koro Ni.

note45

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shrillcriesofsummerTitre : Shrill Cries of Summer – Higurashi No Naku Koro Ni –  ひぐらしのなく頃に
Année : 2008
Durée : 1h49
Origine : Japon
Genre : Thriller – Horreur

Réalisateur : Oikawa Ataru

Acteurs :   Maeda Gôki, Matsuyama Airi, Asuka Rin, Aika, Ono Erena et Hoshi Yôko


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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