1878, ère Meiji. Kenshin, un vagabond, traine son sourire et son épée à la lame inversée dans le seul but d’aider son prochain et ce, sans jamais distribuer la mort. Bien malgré lui, il va se retrouver impliqué dans une sombre affaire de trafic d’opium dont le grand ordonnateur, bien évidemment sanguinaire, est constamment entouré d’une armée de 250 hommes et de quelques unes des plus fines lames du pays. Ses amis de fortune et ses nouveaux ennemis ne le savent pas encore, mais derrière son visage poupin Kenshin dissimule des secrets inavouables. Dans un passé très proche, il fut en effet un terrible assassin. On le surnommait alors Hitokiri Battōsai.
Avis de Oli :
Avant de me lancer dans le long métrage de 2012, je ne connaissais de KENSHIN que sa série télé et son OAV de 1999 – pour vous dire la vérité je ne lis pas beaucoup de mangas. Cet OAV, qui a son propre univers graphique, est aussi, sans doute, ce qui se fait de plus sombre dans l’univers de KENSHIN. Pour une adaptation sur grand écran, on ne pouvait décemment pas s’attendre à une histoire aussi violente. Et non aussi triste que cela puisse paraître, il n’y a pas que les otaku passionnés dans la vie – ne négligez pas le pouvoir d’achat du grand public, aka monsieur le spectateur lambda et madame la ménagère de moins de cinquante ans.
Quand on connait ce postulat de départ, il est difficile d’être surpris par la direction un brin plus lisse prise par le film. Toutefois, et même s’il est moins sombre que l’OAV TSUIOKU HEN, le long métrage va assez loin pour un film destiné au grand public, de plus il gomme tous les gimmicks humoristiques de la série télé et adopte un ton foncièrement plus grave – en gros il se situe entre TSUIOKU HEN et l’anime produit pour la télévision.
Outre cette évidente volonté de bien faire en ne laissant aucun spectateur sur le carreau, l’histoire de KENSHIN gagne encore en crédibilité grâce à une reconstitution historique relativement solide (restauration Meiji) qui se permet même de ne pas être un simple élément du décor puisque le début de la fin des samouraïs est ici particulièrement bien intégré à l’intrigue.
Autre surprise de taille : Ôtomo Keishi, un réalisateur sorti de nulle part (disons même du fond du trou : oui, il vient des drama) nous livre une mise en scène solide du début jusqu’à la fin (à une attaque de mitrailleuse près). Mais l’intéressé ne s’est pas contenté de cela puisqu’il a aussi eu l’intelligence de bien s’entourer. Outre la présence de Sato Kenji (NINJA) pour les cascades, les scènes d’action ont été dirigées par un certain Tanigaki Kenji. Et elles sont superbement découpées, toujours très lisibles, parfois très originales alternant chorégraphies aériennes, plans serrés, accélérations et ralentis bien sentis, passes d’armes réalistes et d’autres très fantaisistes mais parfaitement bien intégrées à l’ensemble. Tanigaki Kenji est un ancien disciple de Kurata Yasuaki, ayant souvent travaillé aux côtés de Donnie Yen à Hong Kong (SPL, FLASH POINT…) et au Japon dans des productions de qualités diverses (KAMUI GAIDEN, KUNG FU KUN…). Il nous livre ici un travail absolument eu-pho-ri-sant ! Quel pied de voir Kenshin et son camarade partir défier une armée entière à eux deux, pour ensuite aller se frotter aux différents big boss à la façon des fins de niveaux dans les jeux vidéo. Jouissif !
Et les personnages ne sont pas en reste, loin de là. Outre Kenshin qui fait du Kenshin (le jeune homme a toujours manqué un peu de présence), les autres personnages sont extrêmement réussis : la jeune Kaoru est superbe et poignante (merci Takei Emi qui confirme tout le talent que j’avais annoncé il y a quelques années), Aoi Yû est Aoi Yû avec un regard noir et sexy en plus – ce qui ne gâche rien, certains individus hauts en couleurs font très « manga » et ne dépareillent pas du tout, quant aux différents méchants, ils parviennent à tirer leur épingle du jeu car leur profil n’a pas été taillé à coups de burin.
Oui, ils sont à l’image du film : en plus de leurs épées, ils ont une âme…aiguisée.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Reconstitution historique réussie ♥ Mise en scène solide ♥ Les scènes d’action |
⊗ Moins sombre que les OAV |
Contre toute attente, RURÔNI KENSHIN constitue donc un divertissement populaire de haut vol, qui réussit le tour de force de contenter à la fois les spectateurs lambdas, les fans du matériau originel (à part quelques aigris ?) et les puristes en manque de vrais films martiaux au Japon. RURÔNI KENSHIN relèverait donc presque du miracle… ou du tour de meiji ? |
Titre : Kenshin le Vagabond / Rurôni Kenshin: Meiji kenkaku roman tan / Rurouni Kenshin
Année : 2012
Durée : 2h14
Origine : Japon
Genre : Manga a-live
Réalisateur : Ôtomo Keishi
Acteurs : Sato Takeru, Takei Emi, Aoi Yû, Kagawa Teruyuki, Eguchi Yôsuke, Aoki Munetaka, Kikkawa Kôji, Tanaka Taketo, Ayano Gô, Sudô Genki, Okuda Eiji, Kubota Masataka, Saitô Yôsuke