L’inspecteur Chan Ka Kui de la police de Hong Kong est chargé d’une nouvelle mission par ses supérieurs. Cette fois ci, il doit faire équipe avec Jessica Yang, de l’armée chinoise, pour capturer un dangereux criminel.
Avis de Rick :
Après avoir explosé son budget sur Opération Condor en 1991, Jackie Chan ne peut pas revenir à la mise en scène, du moins, pas officiellement. Il coréalisera bien entendu certains films, la plupart du temps à cause de divergences d’opinions avec le réalisateur de base, comme ce sera le cas pour Niki Larson avec Wong Jing ou Drunken Master 2 avec Liu Chia-Liang. Ces choix furent imposés par la Golden Harvest, jugeant les films de Jackie trop lents à tourner, mais également trop couteux (Big brother et Opération Condor ont coûtés trèèèès cher). Le choix de Wong Jing pour Niki Larson ne surprend donc guère, tant le bonhomme tourne vite et pour peu d’argent. Mais pour continuer sa propre saga, la série des Police Story, la mise en scène est placée entre les mains de Stanley Tong, grand ami de Jackie Chan. Commençant comme doublure, il deviendra cascadeur, puis chorégraphe. Police Story 3 sera donc son troisième film à la mise en scène, et son premier avec Jackie, avant Rumble in The Bronx (Jackie Chan dans le Bronx) en 1995 et First Strike (Contre-Attaque) en 1996. Pour cette première collaboration, et donc cette seconde suite au méga culte Police Story, Jackie commence déjà, ou du moins tente, de s’américaniser un peu.
Ainsi, l’humour est un poil moins présent, tandis que l’action elle se fait bien plus soutenue. Les combats à mains nues sont un peu moins présents également, pour faire place à des fusillades, explosions et courses poursuites en tout genre. Jackie devra également partager la vedette avec Michelle Yeoh. Elle l’avait presque croisée à l’écran dans Twinkle Twinkle Lucky Stars (Le Flic de Hong Kong 2) de Sammo Hung en 1985. En fait, par moment, Michelle Yeoh vole carrément la vedette à Jackie Chan, notamment lors de certaines fusillades et autres scènes acrobatiques, car il faut bien l’avouer, la demoiselle a beaucoup de ressources, et tout comme Jackie, elle effectue toutes ces cascades elle même, et ça se voit (au pire, le bêtisier de fin le prouvera). Pour autant, l’univers de Police Story, et par la même occasion, de Jackie Chan, n’est pas totalement dénaturé, loin de là, et passé une petite déception, logique après deux films cultes, on se prend au jeu et on prend un plaisir certain à suivre ces nouvelles aventures, d’autant que le rythme est très soutenu. Car oui, l’humour est en effet toujours bel et bien présent, grâce notamment à deux des seconds rôles les plus importants de la saga (et dans un sens, carrément de cette période de la carrière de Jackie Chan).
On retrouvera ainsi Bill Tung, encore et toujours dans le rôle de l’oncle Bill, supérieur de Jackie Chan, rôle qu’il reprendra encore par la suite, dans Contre-Attaque et, d’une certaine manière, Jackie Chan dans le Bronx. En plus d’envoyer Jackie en mission, cette fois ci, il devra y participer également, en se faisant passer pour… la grand-mère de Chan Ka Kui. Rien que ça. Et autant l’avouer, ça fonctionne et on rigole devant tant d’absurdité. Et bien entendu, on retrouvera également la charmante Maggie Cheung, qui signe en cette année 1992 ces deux dernières participations pour Jackie Chan (Twin Dragons de Tsui Hark et Ringo Lam sera l’autre métrage). Elle reprend pour la dernière fois le rôle de la petite amie de Chan Ka-Kui, May, et donc se fera également humiliée en public – se retrouvera dans le pétrin – aura un accident – pour la dernière fois. Même si au final ces deux personnages n’apportent rien vraiment à l’histoire en elle même ou bien peu, cela fait toujours plaisir de les voir, et cela fait toujours rire de bon cœur.
Si Bill Tung n’a plus rien à prouver, Maggie Cheung s’affirmait année après année, et devenait bien plus « femme » à l’écran que potiche, et cela commence à se faire ressentir même dans un Police Story 3. Si la comédie est moins (mais toujours) présente, le Kung-Fu, lui, sera souvent mis de côté. Ainsi, les combats sont beaucoup moins nombreux qu’avant. On retiendra un combat de démonstration en début de métrage plutôt sympathique et quelques échanges nerveux comme dans les autres films de la saga, mais beaucoup plus courts. Les meilleurs coups sont d’ailleurs donnés par Michelle Yeoh et non Jackie Chan. Mais le film n’oublie pas pour autant d’en mettre plein la vue, notamment lors de son très long final, où Jackie Chan et Michelle Yeoh partagent vraiment l’affiche et nous livrent des cascades, comme toujours, effectuées par eux même, de haute volée. Comme à sa (trop grande) habitude, Jackie faillit encore une fois y perdre la vie lors du tournage de la scène finale, en évitant un hélicoptère (oui oui) un poil trop tard.
Stanley Tong, à défaut d’être un réalisateur de génie comme le prouvera l’ensemble de sa carrière, jusqu’à son récent The Myth toujours avec Jackie Chan (mélangeant quelques scènes excellentes avec d’autres beaucoup plus discutables), livre une mise en scène pourtant fluide et agréable à l’œil. Car en effet, là où Jackie prenait le temps dans Police Story 2 par exemple pour poser ses personnages, pour le père Tong, c’est le rythme qui compte (pour autant, il a quasi totalement foiré son Contre-Attaque, 4 ans plus tard, quatrième volet de la saga d’ailleurs). Donc certes, on a pas le temps de s’ennuyer, et les grandes caractéristiques de la série sont toujours là, avec quelques bastons, beaucoup de cascades, des explosions (des tas même, voir la scène dans la jungle), des poursuites, un peu d’humour, Maggie Cheung en potiche, mais ce nouvel opus n’arrive pas à faire oublier les deux films cultes qui le précèdent. Ce nouvel opus donne l’impression d’un très léger changement de direction, qui se confirmera par la suite dans les autres métrages signés Stanley Tong.
Mais Police Story 3 reste encore un très bon métrage dans la filmographie d’un Jackie Chan pas encore trop faignant et surtout inventif. Inférieur aux premiers opus, cette suite ne déçoit pas niveau action, allant jusqu’à nous offrir dans son final des combats sur un train en marche, des cascades en hélicoptère et j’en passe. A noter que la version internationale, se basant sur le montage Américain bien entendu, est plus court de quelques minutes, nous propose un score musical différent et un générique d’ouverture différent également, épileptique et désagréable (merci Miramix/Dimension Films). Fort du succès du film et d’avoir trouvé quelqu’un correspondant à ces demandes, Jackie Chan retournera avec Stanley Tong très rapidement, qui se permettra d’ailleurs de tourner dans son coin un spin off intitulé Supercop 2, se focalisant sur le personnage de Michelle Yeoh. Jackie Chan n’y fera qu’une courte apparition, et on trouvera également au casting Bill Tung, Eric Tsang et Dick Wei.
Stanley Tong reprend la saga Police Story, et livre une très honnête suite et un honnête film d’action véritablement explosif. Malheureusement, passer après deux films cultes n’est pas facile, et ça se sent, le film étant tout de même un cran en dessous.
Titre : Police Story 3 – Supercop – Jing Cha Gu Shi III: Chao Ji Jing Cha – 警察故事3超級警察
Année : 1992
Durée : 1h34
Origine : Hong Kong
Genre : Policier
Réalisateur : Stanley Tong
Acteurs : Jackie Chan, Michelle Yeoh, Yuen Wah, Maggie Cheung, Kenneth Tsang Kong, Josephine Koo et Bill Tung
Galerie d’images :