Titre : Patient X
Année : 2009
Durée : 1h33
Origine : Philippines
Genre : Horreur
Réalisateur : Yam Laranas
Acteurs : Richard Gutierrez, Cristine Reyes, TJ Trinidad, Miriam Quiambao, Elvis Gutierrez, Nanding Josef, Crispin Pineda, Dion Ignacio, Cheryl Ramos, Rocky Gutierrez, Paulo Avelino, Jake Angelo Vargas, Junyka Santarin
Synopsis : Vingt ans après, la police locale capture l’assassin du frère aîné de Lukas. Il doit alors retourner dans le village de son enfance afin de rencontrer le meurtrier. Il découvre alors qu’il s’agit d’un Aswang (créature vampirique qui découle du folklore local) et qu’il représente une menace mortelle pour l’ensemble des habitants de la région.
Avis de Laurent : Les Philippines ont beau être un nain cinématographique à l’échelle de l’exportation, son industrie du film est pourtant fascinante et relativement dynamique. L’une de ses spécialités consiste à coucher sur pellicule les légendes qui terrorisent les habitants de certaines régions reculées du pays. En résulte alors une multitude petits films horrifiques fauchés qui font le bonheur des spectateurs locaux. Bien sûr, la concurrence à l’échelle du continent asiatique est corsée et totalement déséquilibrée en faveur du Japon ou de la Corée du Sud ; mais les cinéastes philippins arrivent pourtant à tirer leur épingle du jeu. En effet, à l’instar de la Malaisie ou de l’Indonésie, le background culturel ainsi que les religions, le folklore et les coutumes d’un pays comme les Philippines tranchent radicalement avec les habituels clichés des pays plus exposés médiatiquement. De ce décalage résulte des œuvres dépaysantes d’une fraîcheur salutaire … aux antipodes des films formatés au possible produits à la chaîne en Corée du Sud. Yam Laranas, réalisateur de Patient X, s’inscrit totalement dans ce descriptif quelque peu superficiel de la production locale. Déjà remarqué par son sympathique Sigaw, le cinéaste réinvente de film de vampires en s’inspirant du folklore local : les Aswangs. Ces créatures sont très présentes dans l’imaginaire, les mythes et les légendes de certaines régions du pays. Il s’agit d’une sorte de vampire (ou plus généralement de sorcières ou autres goules) qui sucent le sang de leurs victimes et raffolent du foie humain. Le terme d’Aswang est plus ou moins flou car il diffère généralement d’une région à une autre dans ce pays vaste et découpé en différents archipels. Même si le film de vampire n’a rien d’original, sa transposition à la sauce locale permet de redéfinir totalement les limites du genre. Au placard les gousses d’ail et autres crucifix. Ici, la machette remplace bien plus efficacement l’eau bénite de nos grands-mères. Les vampires ressemblent à des bykers mal dégrossis bien loin de la classe légendaire de nos Draculas européens drapés de costars impeccables.
D’un point de vu purement cinématographique, Patient X est loin d’atteindre le haut du panier. En effet, ses lacunes l’empêchent de marquer le genre malgré le soin tout particulier apporté à la mise en scène. Tout d’abord, le casting est inégal (Richard Gutierrez dans le rôle de Lukas est insipide au possible) et les personnages pas assez consistants et développés pour accompagner une intrigue plus que légère. Le script tient probablement sur 2 ou 3 post-it griffonnés entre deux baignades à la plage. Ensuite, le maquillage et le comportement des fameux Aswangs sont trop limites pour accrocher et apeurer le spectateur un minimum sourcilleux. Trop présents à l’écran, ils se différencient à peine des humains via leur look de hard rockers aussi sexy qu’un premier rang d’un concert de Lordi. C’est bien maigre pour terrifier un habitué du cinéma d’épouvante mais sans doute suffisant pour inquiéter la ménagère philippine qui rend son temps de cerveau disponible (© Le Lay) entre deux cuissons d’adobos. Le jeu des acteurs consistant uniquement à grogner pour les méchants et grimacer pour les gentils. Par ailleurs, l’intrigue est constituée d’incohérences relativement évitables et de séquences quelques peu répétitives.
Toutefois, l’œuvre de Yam Laranas comporte son lot de bonnes surprises axées généralement sur l’aspect technique. Tout d’abord, le cadre de l’hôpital désaffecté est particulièrement bien rendu et adapté à ce genre de films minimalistes à la limite du huit-clos. Quelques séquences gores devraient, par ailleurs, faire plaisir aux spectateurs les plus déviants avec une ou deux séquences mémorables. C’est peu mais suffisant pour divertir un maximum avec un minimum de moyens. C’est ça aussi le charme des films de genre du sud-est asiatique ; avec peu de moyens on arrive tout de même à boucler des petits films sans prétention et suffisamment exotiques pour tenir en haleine.
En définitive, Patient X répond aux attentes avec sa relecture originale du film de vampire. Les amateurs d’exotismes apprécieront, les autres n’y trouveront probablement aucun intérêt. Une œuvre sans doute destinée aux spectateurs curieux ou très peu exigeants.
Note : 4/10