Titre : Noroi The Curse / ノロイ
Année : 2005
Durée : 1h55
Origine : Japon
Genre : Documenteur
Réalisateur : Shiraishi Kôji
Acteurs : Jin Muraki, Marika Matsumoto, Kana Yano, Mitsuo Hori et Ungirls
Synopsis : Un journaliste, Kobayashi Masafumi, spécialisé dans les enquêtes paranormales, se lance dans un reportage avec son caméraman, mais il n’a pas encore idée de l’ampleur de la situation dans laquelle il plonge. Tout commence par une jeune femme qui entend des pleurs de bébé venant de l’appartement d’à côté, puis d’une jeune actrice entendant une voix dans la forêt, et d’une petite fille douée d’étranges pouvoirs. Et si tout était lié ?
Avis de Rick :
A l’époque de ces débuts, Shiraishi était un réalisateur à suivre. Il débuta réellement sa carrière en 2004 avec trois œuvres intéressantes. Tout d’abord, un court métrage pour le film Dark Tales of Japan, sympathique anthologie. Il y eu aussi le tout juste sympathique Ju-Rei, pompé sur la saga Ju-On (découpage en chapitre, mais commençant à la fin pour revenir au début). Et il y eu surtout le moyen métrage Dead Girl Walking, métrage visuellement travaillé et aux personnages intéressants. C’est en 2005 qu’il nous livre Noroi, qui nous intéresse aujourd’hui, son premier métrage sous forme de faux documentaire, ou tout simplement documenteur, qui sera suivi par de nombreux autres métrages récemment. Un réalisateur à suivre puisque peu de temps après Noroi, il signa Carved (The Slit Mouthed Woman) puis Grotesque, devant sortir prochainement en DVD en France. La suite fut moins glorieuse avec pas mal de films de V-Cinéma (Teketeke 1 et 2, Chô Akunin et récemment le très mauvais Kami Idol Sousenkyo Battle). Avec Noroi, il se fait enfin remarquer, et à la vue du résultat, il y a de quoi. Filmé façon reportage à la caméra à l’épaule, le début ne donne l’impression que d’une compilation de différents petits reportages collés bout à bout. Mais il ne faudra pas longtemps au réalisateur, également coscénariste, pour nous montrer tout le contraire. Noroi est en effet un film très bien construit, et prenant de bout à l’autre. Même si le genre du faux documentaire paranormal existe depuis longtemps au Japon, Noroi n’hésite pas par moment à s’inspire du projet Blair Witch, notamment dans son final se déroulant en forêt, mais ne se limite pas à livrer un copié collé, loin de là. Situant la première moitié de son histoire dans un milieu urbain et donc bien différent du Projet Blair Witch, le métrage nous propose donc de suivre le dernier documentaire réalisé par le journaliste Kobayashi Masafumi. On nous annonce dés les premiers instants que sa maison a brûlé, et que seul le cadavre de sa femme a été retrouvé. Commence alors le fameux documentaire, se déroulant sur plusieurs mois.
Le film commence doucement, sans oublier de mettre un petit côté second degré. Nous suivons Kobayashi lors de plusieurs de ces enquêtes paranormales, le tout entrecoupé de morceaux d’émissions télévisées. Le film va se permettre d’insérer des personnalités connues au casting comme pour augmenter le côté immersif de son œuvre. Nous suivons d’abord une série de courts reportages assez divers. Kobayashi va donc interroger une jeune femme et sa fille qui entendent des cris de bébés provenant de l’appartement voisin. Seulement, il n’y a pas de bébés dans le voisinage, et la voisine n’a pas l’air forcément agréable. Puis nous suivons une jeune actrice qui part dans un vers un vieux temple abandonné et qui entendra une voix grave l’appeler. La vidéo montrera d’ailleurs un fantôme en arrière plan. Puis ce sera ensuite au tour de Kana, une jeune fille qui se découvre des dons lors d’une émission de télé, et qui va rapidement disparaître. Viendra s’ajouter à tout cela un étrange médium assez fou, dont les vêtements (oui, même le chapeau) seront recouverts d’aluminium. Les réactions de ce personnage pourront d’ailleurs apporter une touche de second degré, comme les réactions de Kobayashi, qui semble croire tout ce qu’on lui raconte. Surtout qu’aux premiers abords, les différentes petites histoires n’ont absolument aucun lien entre elles. C’est là la grande force du métrage, commencer doucement pour nous avoir, avec ses petites notes d’humour et ses histoires étranges. Car passé la première demi heure, c’est bel et bien le spectateur qui se fait avoir, quand on commence doucement à relier les points entre les différentes intrigues, montrant que Noroi est un film bien plus intelligent et travaillé qu’il n’y paraît.
Noroi emprunte alors un ton plus grave, et même parfois réellement effrayant. L’implication du spectateur augmente au fur et à mesure que les minutes défilent, pour nous laisser décrypter le mystère. Mystère qui commence en agglomération, avant de se poursuivre dans un petit village abandonné typique de certains films d’horreur Japonais, ou même de certains mangas (comme ceux de Ito Junji), pour se finir finalement au cœur d’une forêt. Le métrage s’avère astucieux dans sa mise en image, dans son montage, et dans sa construction. Jusqu’aux derniers instants, on continue encore de relier les différents points de l’intrigue. Bien entendu, Noroi contient bien quelques défauts, inhérents à ce genre de films en caméra subjective. Il y a des moments ou la caméra s’emballe un peu trop, et la qualité de l’image ne pourra pas forcément plaire à tout le monde. Certains décrocheront même du film dans sa première partie sans tenter d’aller plus loin. Shiraishi prouve qu’avec peu de moyens, mais des bonnes idées, un bon sens du montage et un mystère bien entretenu, il est possible de faire mieux qu’ailleurs. L’ambiance de son film est prenante, et par moment carrément pesante, et on s’attache finalement rapidement aux personnages malgré un début qui pouvait effrayer (mais dans le mauvais sens du terme). Et le final, s’il n’est pas vraiment surprenant, arrive tout de même à nous passionner, preuve que Shiraishi a vraiment réussit son film. Une grande surprise, qui plus est, distribuée en DVD en France, et vendu sous le nom du producteur (Ichise Takashige – Ring).
Note : 8/10
Noroi, c’est les débuts très prometteurs de Shiraishi Kôji après un Dead Girl Walking très réussi. Un faux documentaire qui se révèle petit à petit puis intéressante jusqu’à son final presque 2 heures après. D’abord amusant, puis inquiétant, une grande réussite.