Titre : Missing / 寻人
Année : 2008
Durée : 1h56
Origine : Hong Kong
Genre : Romance / Fantastique
Réalisateur : Tsui Hark
Acteurs : Chang Chengyu, Guo Xiaodong, Chang Chen, Isabella Leung, Angelica Lee, Tony Leung Ka-Fai
Synopsis : La psychologue Gao Jun (Angelica Lee) cherche à élucider le mystère de la mort de son fiancé Dave Chen (Guo Xiaodong). Ce dernier est un adepte de la photographie sous-marine et il a mystérieusement disparu en mer à Yonaguni, au large d’Okinawa. Il devait à ce moment là faire sa demande en mariage à Gao Jun.
Avis de Laurent : On connaît les propensions de Tsui Hark à être capable du meilleur comme du pire. Sa carrière en dents de scie depuis les années 2000 en est le parfait témoignage. Réalisé en 2008, Missing est unanimement considéré par la critique comme sa plus mauvaise réalisation … voir même un film indigne de son réalisateur. C’est à se demander si certains ont omis de se flageller les pupilles avec les abominations que sont The Master ou autre Double Team. Film hybride entre la romance et le thriller fantastique, Missing raconte la détresse d’une jeune femme qui tente de résoudre l’énigme de la mort de son futur mari.
Le cinéma de Tsui Hark est sans doute l’un des plus déconcertants, qu’il s’agisse de ses bons ou de ses mauvais films. Chaque repère de temps, de lieu est volontairement ou involontairement mis à mal avec un défi permanent des lois de la pesanteur en ce qui concerne les séquences d’action ainsi qu’une déconstruction perpétuelle des règles du montage. Quelque soit la qualité proposée par le cinéaste, Tsui Hark recycle et révolutionne les genres et les classiques du patrimoine local. Missing ne déroge pas à la règle. Une trame qui rappelle l’univers faussement déjanté de la série des The Eyes des frères Pang remise au goût du jour avec plus ou moins de réussite. Malgré les faiblesses liées à la construction de son film et à l’incohérence lors de l’enchaînement des différentes séquences, Tsui Hark s’amuse à reprendre de manière anachronique les codes cinématographiques inhérents au cinéma hongkongais des années 80 et 90. Que ce soit le mélange des genres, le sens du cadre et l’utilisation de canto-pop sirupeuse, Tsui Hark reconvertit les fondamentaux des décennies précédentes. Ceux-là même que les cinéastes les plus hypes tentent de s’affranchir aujourd’hui. Quand le cinéma hongkongais se mondialise mollement et perd de son identité, Tsui Hark milite pour la conservation de ses codes … Parfois de manière incompréhensible mais avec une générosité rare. Malgré ce contexte particulier, Missing déçoit tout de même beaucoup. L’univers maritime est sous-exploité. L’acting est parfois douteux. La narration chaotique et souvent mise à mal par des sous-intrigues inutiles. La folie du réalisateur est un ton en dessous de ce qu’il a l’habitude de proposer … Sa suffisance sur ce projet est certaine. Néanmoins, à défaut d’être un bon film, Missing n’est pas le ratage annoncé un peu partout. La déception est sans doute proportionnellement liée à l’excitation qui découle de chaque nouvelle réalisation de Tsui Hark. Missing est tout simplement un film très moyen du réalisateur qui serait passé inaperçu s’il avait été mis en boîte par quelqu’un d’autre. On oublierait presque tout un pan des projets alimentaires que Tsui Hark a régulièrement mis sur le marché.
Missing n’arrivera sans doute pas à convaincre ceux qui attendaient le retour en grâce du réalisateur. Une fois la déception digérée, Missing peut s’apprécier à la manière d’une honnête romance horrifique parfois maladroite dans sa forme mais généreuse dans ses intentions de remettre au goût du jour quelques stéréotypes formels un peu vieillots. Le génie du réalisateur sommeille toujours.
Note : 5/10