[Avis] Let’s Go, de Wong Ching Po

Titre : Let’s Go !
Année : 2011
Durée : 1h35
Origine : Hong-Kong
Genre : Un film ultra culte man !
Réalisateur : Wong Ching Po

Acteurs : Juno Mak, Lam Ka Tung, Stephy Tang, Chin Siu Ho, Ken Lo,Jimmy Wang Yu, Pat Ha, Tony Ho…

Synopsis : Siu Sheung est un jeune homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire : livreur pour un petit restaurant, et fan depuis tout petit de la série Space Emperor God Sigma. Cependant, il est doté d’aptitudes physiques plus élevées que la normale, qui l’amène à vouloir faire le bien autour de lui, au grand désespoir de sa mère.
Un jour, il est repéré par un clan mystérieux, qu’il intégrera sans trop hésité…

Avis de Jang Gerald :
Première réalisation issue de la nouvelle société de production Kudos films Limited (Willie Chan et Juno Mak), Let’s Go est basé sur la série d’animation japonaise Space Emperor God Sigma.
Ce bon vieux Willie Chan (celui à qui l’on doit Jackie Chan !) et la jeune star de la canto pop Juno Mak opteront pour Wong Ching Po concernant la mise en scène, bien qu’il n’ait jamais réussi à trouver un équilibre et un vrai public malgré le potentiel de ces précédents travaux (le très stylisé Jiang Hu avec Andy Lau et Jacky Cheung, Mob Sister, le très bizarre Fu Bo) entre un Johnnie To adulé par les festivaliers du monde entier, et autres Wilson Yip, Benny Chan et j’en passe, tous bien rôdés !

Wong Ching Po aura travaillé au préalable avec Juno Mak pour les besoins de Revenge, a love story, un Cat III bien malsain où le jeune homme zigouille des femmes de flics enceintes en enlevant leur fœtus ( !).

Les deux hommes ont d’ailleurs un parcours similaire, l’un a beaucoup de mal à se faire une place dans le paysage cinématographique hongkongais, l’autre aussi, en essayant de démontrer qu’il sait faire autre chose que pousser la chansonnette, en faisant quelques apparitions dans les très sympathiques Truth or Dare : 6th floor Rear flat et Trivial Matters (du grand Pang Ho Cheung !).
De brèves passages devant la caméra, qui n’aboutiront à rien, mais un charisme bien présent, une vraie tête, un physique assez atypique, bien loin du beau gosse à la Nic Tse.

Pour s’imposer une fois pour de bon, il signera donc un scénario, lequel il confiera la mise en scène à Wong Ching Po, il s’agit bien entendu de Revenge, a love story, en s’offrant au passage le premier rôle du film, afin de montrer ses capacités dramatiques.
Il fera même un caméo dans le petit chef d’œuvre de Edmond Pang, Dream Home, produit par son amie Josie Ho. On connaît la suite : une société de production, dont Let’s Go est le premier bébé.

Le film place dès le début un contexte réaliste, où l’histoire se déroule de nos jours, mais avec un petit je ne sais quoi de délirant, un mélange détonnant de comédie, de drame, d’action, Let’s Go aurait pu être un film d’anticipation, placant son intrigue dans un futur incertain, ressentiment qui se fera de plus en plus présent au fil de l’intrigue, mais que nenni, nous sommes bel et bien à notre époque, sauf que notre personnage principal, Siu Sheung a des aptitudes martiales hors normes (mais apparemment il n’est pas le seul).

En effet, il sauve des griffes d’un gang à capuche (un bel effet visuel avec ces drôles de manteaux) un ami, Big Bird, un peu simplet, lequel ne cesse de clamer haut et fort qu’ils forment la Earth Guard, afin d’aider le monde contre les méchants. Ceci étant en fait qu’un simple rêve de gosses, en mémoire au père de Siu Cheung, fan de la série Space Emperor God Sigma, mort après avoir voulu jouer au héros justement. Plus tard, Siu Cheung est repéré par un groupe mystérieux, dont il intégrera le clan, des bodyguards surentraînés en fait, chargé de la protection d’un puissant mafieux, incarné par Jimmy Wang Yu !

Ceci n’est que le prélude d’un scénario foufou, où l’on reste hypnotisé par une mise en place particulière, jouant la carte de la comédie légère, mais intégrant de ci de là quelques furtives scènes d’action, dont on retiendra quelques idées qui font leur effet, comme ce combat entre Juno Mak et Vincent Sze qui commence hors champ, lorsque l’on voitKen Lo arrivait sur les marches, dévoilant peu à peu la dite scène.D’ailleurs il est assez drôle de noter que cette séquence de quelques secondes enterre ce qu’à fait le pauvre Vincent Sze dans le navrant Bodyguard, a new beginning.

On s’apercevra assez vite que cette union qui lie nos bodyguards et leur boss depuis plus de 10ans commence à sentir le roussi, ce qui se traduira assez vite par une rébellion du clan (Shaw Brothers style !), menée par Lam Ka Tung (qui devient depuis quelques années incontournable, à l’instar de Simon Yam).

Cet évènement finira par happer le spectateur grâce à 2 spectaculaires scènes d’action, aussi brèves qu’inventives (excellent travail du chorégraphe Nicky Li), à savoir le terrible assaut des chiens sur le clan déchu de bodyguards, et leur revanche dans la demeure de leur (ex-)boss.

Stylisés à l’extrême, ces passages montrent un excellent travail au niveau du cadrage, de la photographie, mais aussi un montage (signé Wong Ching Po) qui se veut rapide, mais n’oublie jamais d’être lisible, une fluidité dans les mouvements de caméra qui amplifient des attaques démentes. C’est simple, on se croirait devant un Exiled tout aussi poseur, où les flingues et le côté western sont remplacés par les arts martiaux et ce petit côté fantastique.

Bref, la mise en scène en jette, Wong Ching Po nous y avait déjà habitué avec son Jiang Hu (La voie du Jiang Hu chez nous), mais le style boursoufflé de la chose en avait énervé plus d’un, malgré un final sous la pluie assez convaincant.

Ici, on voit bien qu’il est arrivé à maturité, tout est minutieusement élaboré, instaurant par la même occasion une aura unique à son film, où la série animée japonaise sert uniquement de base (solide) à une histoire de gens ordinaires voulant à tout prix faire quelques chose d’extraordinaire, du bon ou du mauvais côté, avec ce petit message certes facile et enfantin, mais collant parfaitement à l’esprit du film : à savoir l’importance de l’entraide, et l’impact que peut occasionné la non assistance à personne en danger, surtout à notre époque, où il est de bien meilleure augure de sortir son portable pour filmer des personnes en danger tout en s’empressant de mettre la vidéo sur des sites comme Youtube ou Dailymotion afin de créer le buzz…

Une petite production qui accouche d’un film diablement excitant, stylé et racé, original comme pas deux, et accrocheur, nous rappelant qu’il fut une époque où Hong Kong signait des péloches délicieuses, comme Saviour of the soul ou Heroic Trio par exemple, dotées de petit budget, mais rattrapées par une inventivité constante et une énérgie communicative.
Let’s Go c’est la même, mais en version moderne, s’offrant même le luxe de rendre hommage à tout un pan de la culture cinématographique asiatique, que ce soit des animés japonais ou des films d’arts martiaux de la Shaw Brothers (voir Jimmy Wang Yu manier vite fait l’épée fait son petit effet).

On notera d’ailleurs un casting bluffant de grandes gueules, comme le vieillissant mais toujours athlétique Ken Lo, le trop rare Chin Siu Ho, la très jolie Stephy Tang, Hugo Ng, Vincent Sze, le grand Jimmy Wang Yu, la belle gueule de Kenny Wong, la trop rare Pat Ha (la tueuse de On the run avec Yuen Biao), Lam Ka Tung en bad guy (énorme cabotinage), et bien entendu la star du film, Juno Mak, un jeune homme prometteur, qui, à coup sûr, fera beaucoup pour l’avenir (radieux je l’éspère) du cinéma hongkongais.

Wong Ching Po signe donc là son meilleur film, une réussite incontestable (de petits points noirs viennent tout de même ternir cette brillante réalisation), surfant sur ces petites productions ingénieuses au succès d’estime, telles que Gallants, Dream Home, Echoes of the rainbow.
Pour éviter de passer à côté de ce petit moment euphorisant, je n’ai plus qu’une chose à vous dire : Let’s Go !!!

Note : 9/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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