Les yokai, des esprits occupant pratiquement tout le monde qui nous entoure, sont des personnages importants du folklore japonais. Ils constituent l’élément spirituel de tout ce qui existe dans le monde et par le fait même, méritent le respect. Malheureusement, l’homme n’est pas très respectueux. Il consomme, détruit, épuise les ressources et jète de manière égocentrique. Une situation qui afflige les yokai, à tel point que l’infâme Kato, accompagné de sa terrible assistante Agi, a élaboré une contre-attaque extrémiste. Kato rassemble des yokai de toute sorte, exploitant les innocents et les faibles en les fusionnant de force à de la ferraille afin de créer des machines à tuer qu’il prévoie de lâcher contre l’humanité. Le jeune Tadashi, un jeune garçon parti vivre à la campagne après le divorce de ses parents. Tadashi est couronné « Kirin Rider » au festival local, un titre que tout le monde croit honorifique, mais qui devient réel lorsqu’il incombe à Tadashi de partir à la recherche du Grand Gobelin afin de récupérer une épée magique qui constitue l’unique espoir d’éliminer Kato.
Avis de Rick :
Le fou Miike Takashi nous livre en 2005 son premier gros budget avec ce film, Yokai Daisenso. Premier gros budget, mais second film vraiment commercial après La Mort en Ligne l’année précédente. Etant de plus en plus connu et reconnu, c’était, malheureusement, en quelque sorte la suite logique de sa carrière. En 2005 donc, il se voit ainsi proposer de faire un remake d’un classique des années 60 mettant en scène les yokai (La Guerre des Yokai, de Kimiyoshi Yasuda). Ce n’est pas la première fois que Miike fait un remake, il avait fait deux ans plus tôt le remake du Cimetière de la Morale de Fukasaku, en y mettant ses propres idées. Ici, c’est un peu la même chose, mais en visant le divertissement très grand public. Un tout autre domaine donc… Donc, les yokai sont les monstres issus du folklore japonais, aux aspects très variés, parfois risibles, parfois repoussants, comiques, tout y passe. La galerie est impressionnante, et c’est dans cet univers que va devoir évoluer l’histoire du nouveau Miike. Mais connaissant le bougre, ce film, visant un public large, et mettant en scène un enfant, ne va pas totalement s’avérer être ce que l’on attendait de lui. Dans un premier temps, nous découvrons donc Tadashi, jeune garçon, persécuté par ses camarades de classe, vivant à la campagne avec sa mère et son grand-père, qui oublie son nom tous les trois jours. Lors d’un festival local, il va se faire nommer « Kirin Rider » et va devoir partir dans la grotte du Grand Gobelin afin d’y récupérer une épée. Sur les dires de son grand-père, il partira là-bas, mais prendra rapidement peur et prendra la fuite. Sur le chemin de retour, il se trouvera un ami : Sunekosuri, un petit yokai, pouvant rapidement faire penser à un Gizmo, en plus comique. Pendant ce temps, l’infâme Kato prépare déjà sa guerre en faisant fusionner les yokai avec du métal. En peu de temps, et sous ses apparences de film à grand spectacle, Miike Takashi parvient déjà à faire passer plusieurs messages évidents dans son film. Après, sur le fait qu’il le fasse bien, ou mal, c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrais.
Premier bon point déjà, il évite de peu le ridicule avec le yokai Sunekosuri, et parvient à émouvoir et intéresser le public pour lui, ce qui n’était pas mince affaire, surtout quand on regarde de l’autre côté du monde, ce que les Américains ont tentés de faire avec un personnage imaginaire et censé être comique : Jar Jar dans Star Wars… De plus, le fait d’opposer en quelque sorte le folklore japonais, ces racines, son identité propre, aussi improbable, que risible et passionnante à la fois, à une sorte de révolution mettant en scène le métal est bel et bien un message concernant ce que le monde est devenu de nos jours. Les évolutions technologiques en prennent pour leur grade, montrant bel et bien que le monde actuel tend à oublier ses racines et sa culture au profit de l’évolution, et donc en quelque sorte, de la facilité. The Great Yokai War n’est donc pas totalement le film d’aventures pour gosses attendu, du moins, derrière les apparences. Malheureusement, Miike ira encore plus loin, car seuls les enfants sont capables de voir les yokai, ce qui ramène ici un thème que Miike affectionne et met en scène très souvent : l’innocence de l’enfance, le passage de l’enfance à l’âge adulte, et dans une moindre mesure, le thème de la famille. Malheureusement, le fait de retrouver ces thèmes habituels n’empêche pas le film de se planter dans une moindre mesure. Le rythme de son film n’est pas parfait, et les personnages enfantins sont en tout point énervant. Avec tout ça, Miike n’oublie pas cependant l’objectif principal de son film à gros budget : l’action, et les yokai. Ceux-ci seront bien présents, on pourra en voir régulièrement, par dizaine, voir des milliers dans la séquence finale, particulièrement réussite.
Miike nous en met plein les yeux, dans un mélange d’effets fait sur le plateau, et d’effets numériques. Les robots seront eux aussi très réussis, malgré une animation parfois saccadée, mais totalement voulue. Certains yokai auront droit à un traitement très intéressant, comme la princesse Kawahime ou encore Shojo. Ils seront très bien exploités, contrairement à tous les personnages humains, creux au possible. En parallèle, le grand méchant de l’histoire, Kato, ne semble pas très bien exploité, ni définis, et c’est son assistante, Agi, interprétée par Kuriyama Chiaki (Ju-On, Battle Royale, Kill Bill) qui lui volera en quelque sorte la vedette. Dans son superbe costume (avec petite culotte apparente), elle lui vole la vedette, devient aussi attirante que repoussante, de par ses actions et sa morale, mais contient bien plus d’intérêt. Dans son festival de yokai, Miike mettra en plus de l’humour, de l’action, des effets spéciaux, une morale (certes en partie ratée), des personnages intéressants (et d’autres beaucoup moins), et ne réussira pas totalement son pari. En terme de remake, ça reste sans doute intéressant, en terme de métrages à grands spectacle pour les enfants, ça reste aussi bien supérieur à Yatterman ou Ninja Kids, notamment grâce à son visuel plus réussi et moins « je te bousille les yeux », et ça reste du coup acceptable, mais Miike en vendant son âme au spectacle grand public y perd en quelque sorte ce qui faisait le coeur de son cinéma.
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Titre : La Guerre des Yokais – Yokai Daisenso – The great Yokai War – 妖怪大戦争
Année : 2005
Durée : 2h04
Origine : Japon
Genre : Bakemono eiga
Réalisateur : Miike Takashi
Acteurs : Kamiki Ryunosuke, Sugawara Bunta, Kuriyama Chiaki et Minami Kaho
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