Titre : Kuruvi / குருவி
Année : 2008
Durée : 2h41
Origine : Inde
Genre : Action
Réalisateur : Dharani
Acteurs : Joseph Vijay, Trisha Krishnan, Suman, Vivek, Ashish Vidyarthi, Malavika, Saranya Ponvannan
Synopsis : Vetrivel (Joseph Vijay) est un brave homme qui vit avec sa famille à Chennai. Son père travaille dans une exploitation minière à quelques centaines de kilomètres du foyer. Un jour, Vetrivel apprend qu’un chef mafieux du nom de Koccha (Suman) rackette quotidiennement son père et terrorise les travailleurs de la mine. Koccha habite Kuala Lumpur en Malaisie et Vetrivel décide de lui rendre une petite visite en tant que «Kuruvi». Un «Kuruvi» est un transporteur de contrebande, sorte de larbin considéré comme du consommable pour les gros truands. Au cours d’une intervention musclée, Devi (Trisha Krishnan) la propre sœur de Koccha tombe amoureuse de lui alors qu’il se cache sous un masque de Zorro.
Avis de Laurent : En règle générale, quelque soit la qualité du film, le cinéma tamoul réserve bien des surprises. Le côté improvisé et généreux de la mise en scène de ces réalisations apporte à cette fabuleuse et prolifique production du sud de l’Inde une spontanéité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs (et certainement pas du côté de Bombay). Kuruvi, que l’on pourrait traduire par « courrier » fait parti de ces films musclés et imprévisibles dont le script a probablement été écrit au fur et à mesure du tournage. Dharani, crédité à la réalisation, met en scène la superstar tamoule à la moustache impeccable Vijay (Aathi) face à la mafia entre Chennai et Kuala Lumpur. Vijay incarne le rôle de Vetrivel qui part en croisade contre des truands qui ont réduit à l’état d’esclaves l’ensemble des habitants d’un petit village minier.
Comme bien souvent avec ce type de production, le mélange des genres est de rigueur. Une terrible introduction met en scène une chasse à l’homme sauvage à coups de machette. Les cinéastes tamouls étant réputés pour ne pas être frileux en termes de brutalité, Dharani ne déroge pas à la règle. Cruauté et sadisme sont au programme. On sent alors se profiler la petite pépite dont on est déjà fier d’avoir pu dénicher sur un étal poussiéreux d’une épicerie tamoule. L’achat à la jaquette improbable, avec toute l’excitation qui en découle, permet alors de fantasmer quelques heures avant de découvrir la chose. Et patatras … la comédie vient prendre le dessus avec une série de séquences toutes plus indigestes les unes que les autres. La palme revient à une course automobile de stop cars en accélérée afin de combler les lacunes liées à la fausse impression de vitesse. Celle-là on ne l’avait pas vu venir. Malgré tout, l’alternance de séquences violentes avec des passages d’une légèreté déconcertante apporte un charme certain. C’est alors que la romance se met en place via une série de coïncidences totalement inconcevables. Kuruvi ne tient alors plus la route et les lacunes scénaristiques deviennent trop lourdes pour apprécier à sa juste valeur ces prémisses encourageantes de castagne exotique. Encore une fois, la faible attention accordée au métier de script dans le cinéma indien vient gâcher un réel potentiel … Quelques séquences subissent des enchaînements hasardeux et le récit devient à une ou deux reprise totalement décousu. Le Black Bombay devait probablement accompagner nos techniciens préférés dans la salle de montage et justifier certaines coupes sous hallucinogènes.
Bancal dans tous les domaines, Kuruvi s’apprécie tout de même de par ses nombreuses séquences d’action dans lesquelles la machette et le gunfight font bon ménage. Le point ultra positif tient du casting avec des bad guys aux tronches improbables dont les yeux deviennent tout rouges à chaque excès d’énervement. On pourrait presque sentir l’odeur de testostérone qui découle de chaque tempe de truand au regard leonien. Entre deux amourettes, Kuruvi est bel et bien le film méchant que l’on fantasmait lors de sa scène d’ouverture. Concernant les passages musicaux, Kuruvi assure l’essentiel avec des scènes variées et parfaitement chorégraphiées malgré quelques chansons faiblement accrocheuses. On appréciera tout de même le hip-hop tamoul qui sert de thème principal au film. Le wesh wesh yo à moustache c’est tout un art !
Totalement déséquilibré dans ses thématiques et sa mise en scène, Kuruvi déçoit car il aurait probablement pu rivaliser avec les meilleurs films du genre si le script avait été un minimum travaillé et la romance moins hasardeuse. Dommage, il y avait de quoi y croire sérieusement. Heureusement, le film de Dharani reste fun lorsqu’il s’agit de se la jouer gros bras.
Note : 4/10
Le trailer :