[Avis] Kidnapper, de Kelvin Tong

 Conducteur de taxi fauché et abandonné par son épouse, Ah Huat élève tant bien que mal son fils Wei Siang âgé de 10 ans. Sa vie bascule quand celui-ci est enlevé après l’école. Ah Huat doit alors s’acquitter d’une rançon d’ un million de dollars dans un délai de 36 heures afin de satisfaire son ravisseur…

Avis de Tequila :


Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de voir un film provenant de Singapour, et un thriller urbain qui plus est, voyons donc ce que le Kidnapper de Kelvin Tong a dans le ventre !

Dès les premières secondes du métrage, le ton est donné et on se rapproche clairement du tout venant de la production hk des années 2000 : la réalisation est carrée, le ton plutôt naïf et les dialogues sont en chinois (en mandarin toutefois, la langue étant très utilisée à Singapour.) Le début du récit donne une impression de déjà-vu et lorgne étrangement vers le CJ7 de Stephen Chow avec un papa fauché qui éduque son fils du mieux qu’il peut, le rejeton se montrant d’ailleurs plus malin que le paternel dépassé par son boulot.

Après une petite crainte de glisser dans le drame familial et une querelle de garde d’enfant un peu pénible, le spectateur est rassuré et le film adopte finalement le ton du thriller : on se retrouve devant une intrigue de kidnapping des plus classiques mais plutôt bien emballée. Au rayon des qualités, on peut d’ailleurs citer les décors du film, très urbains et filmés de manière réaliste et crue, « à la Ringo Lam » oserais-je dire, notamment les plans dans le quartier des hlms abandonnés. Les passages au volant du taxi sont eux aussi bien mis en boite et mettent en valeur les décors de métropole tentaculaire de Singapour.

Toutefois, si les passages en voiture sont effectivement nombreux, il ne faut pas s’attendre à des courses poursuites emballées à la mode Hong-Kongaise, ni à des séquences d’action évoluées, le film n’a clairement pas les moyens de faire parler la poudre. Ce n’est pas forcément une tare, mais il faut bien chercher des compensations à un récit vu et revu… Et c’est là que le bas blesse, pour tenter de dépasser son statut de divertissement un peu plat, le film va tenter de multiplier les moments forts en appuyant sur la cruauté de son bad guy et les retournements de situation. Le spectateur est d’abord troublé par cette violence subite et finit par être complétement dépassé par les coups de théâtre peu cohérents qui plombent l’intrigue.

Les séquences les plus maladroites commencent donc à s’enchainer à un rythme soutenu dès la fin de la première heure pour aboutir à un final halluciné, un véritable Shining au pays des conteneurs ! C’est donc une sensation de gâchis que l’on ressent à la vision de ce Kidnapper, il y avait clairement les moyens de faire un bon petit thriller urbain, mais le piège de la surenchère n’a pas su être évité. Pour autant, si le film s’inscrit dans la veine d’un nanar de luxe, il faut avouer qu’il se laisse regarder…


 Titre : Kidnapper / Bang Fei
 Année : 2010
 Durée : 1h38
 Origine : Singapour
 Genre : Thriller
 Réalisateur : Kelvin Tong
 Acteurs : Christopher Lee, Phyllis Quek, Jack Lim


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Auteur : tequila

"C'est en louant les cassettes vidéo de "A toute épreuve", "Une balle dans la tête" puis "Sonatine" que Tequila se découvre une passion pour le cinéma asiatique au milieu des années 90. Amateur de polar, de films d'arts martiaux et de chambara, il ne rechigne pas non plus à regarder un petit drame de temps en temps, ça le détend entre deux gunfights. Possède un canari et un bonsaï ficus, amoureux des jeux d'arcade Sega."
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