Titre : Inception
Année : 2010
Genre : AVALON-nous des couleuvres ?
Réalisation : Christopher Nolan
Avec : Leonardo DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Page, Tom Hardy, Watanabe Ken, Dileep Rao, Cillian Murphy, Tom Berenger, Mario Cotillard, Pete -je sais jamais comment ça s’écrit- Postlethwaite, Michael Caine, Lukas Haas
Synopsis :Cobb est un voleur d’un nouveau genre. Sa spécialité : l’extraction. Il traque en effet les secrets les plus précieux au sein même des esprits de leurs propriétaires, en utilisant leurs rêves comme porte d’entrée.
Alors tout d’abord, pourquoi chroniquer INCEPTION sur un site comme Hkmania ? Plusieurs raisons à cela, à commencer par la présence de Watanabe Ken au casting (on en a bouffé, au Japon, des pubs pour INCEPTION), ou encore mon envie d’écrire quelques lignes pour faire part de ma déception. L’ana-thème du jour (car je risque d’être considéré comme un hérétique par certains) n’a donc pas d’autre but que de livrer un avis un brin différent de la majorité. Sans jamais prétendre détenir la vérité absolue.
Qui veut gagner des millions ?
A la manière du célèbre jeu télévisé (décliné sous la même formule dans le monde entier), INCEPTION essaie de séduire un large public en lui faisant croire qu’il est intelligent. Dans le jeu présenté par Jean-Pierre Foucault, même les simples d’esprit ont l’impression d’avoir un certain QI puisqu’ils réalisent qu’ils sont capables de répondre à la plupart des questions. La même formule s’applique à INCEPTION, vendu comme un film sur les rêves et les réalités distordues avec qui plus est, parfois, plusieurs niveaux dans un même rêve. Ca a l’air super compliqué, il va falloir s’accrocher, surtout quand on connaît la réputation du réalisateur de MEMENTO. Et bien en fait non, pas du tout, vous pouvez retirer votre ceinture de sécurité, car INCEPTION est un film à l’encéphalogramme plat. Afin de pouvoir être vu et compris par un très large public, INCEPTION est en effet vendu avec une notice explicative. Vous me direz qu’elle est plutôt mignonne, la notice en question, puisqu’il s’agit de Ellen Page, qui interprète ici « l’architecte », un personnage introduit aussi élégamment qu’un cheveu sur la soupe et qui n’a qu’une seule utilité : nous expliquer le film, son système, ses secrets, dans ses moindres détails et recoins. C’est chouette puisque de cette manière même les habitués de l’émission de Jean-Pierre Foucault pourront suivre l’intrigue sans encombre (et au passage celui qui empoche les millions sur ce coup là, c’est Christopher).
Tout l’impact présupposé d’un tel scénario (prometteur) se retrouve ainsi désamorcé quasiment dès la fin du premier tiers du film. Quel est alors l’intérêt, je vous le demande, de prendre pour thème les rêves, si c’est pour en livrer une interprétation de surface aussi pâle que le maladroit THE CELL ? Moi, ça matrix… C’est donc bien là, dans cette narration quasiment dénuée d’enjeux, que se situe le principal défaut de INCEPTION. Les défenseurs de ce film rêvé vous diront, malgré tout, qu’il n’y a pas le freud au lac. En effet, et comme ce n’est pas à un vieux songe qu’on apprend à faire la grimace, Christopher Nolan parvient quand même à sauver les meubles avec une réalisation magistrale et un climax final, superposant plusieurs scènes d’action dans différents niveaux de rêves, très convaincant.
La sauce tourne à la mayoniaise
Mais c’est l’ennui qui, finalement, va s’imposer. Car, en réalité, on a presque l’impression de savoir par avance ce qui va se passer, tout nous ayant été décortiqué par le plus joli mode d’emploi qui soit : Ellen Page. Et comme la priorité de Nolan, sur ce film, est la lisibilité (pour tous les publics, en particulier la ménagère de moins de cinquante ans), il a aussi sacrifié tous ses personnages sur l’autel de la simplicité. Et oui, dans INCEPTION, tout le monde est transparent (pauvre Watanabe Ken), et sitôt le film terminé il est difficile de se souvenir du nom des différents protagonistes. Bien évidemment, Leonardo DiCaprio occupe le devant de la scène (il est d’ailleurs quasiment le seul à éprouver des sentiments), mais le profil psychologique et les tentatives pour faire naitre l’émotion (au détour d’un joli regard de chien battu léonardesque) ne vont hélas jamais plus loin que le ras des blanches pâquerettes. Car après avoir gratté un peu, on se rend compte que la relation d’amour-haine entre Cobb et sa femme est remplie de clichés. En gros ça ne vole pas bien haut, mais comme je l’ai déjà dit, Christopher Nolan était ici davantage préoccupé par la lisibilité que par la profondeur (tandis que THE DARK KNIGHT parvenait à cumuler ces deux points).
Après, il est vrai qu’un large public a su apprécier INCEPTION pour son seul coté divertissant, tout en ayant bien conscience de ses gros ratés (personnages creux, scénario faussement alambiqué, émotion absente). Je conçois tout à fait que l’on puisse aimer INCEPTION, mais ne tombons pas dans la facilité ambiante qui voudrait que le film de Nolan soit, enfin, le parfait alliage du succès commercial et critique, avec un cinéma mature et complexe. Car aussi clinquant soit-il, INCEPTION est avant tout un spectacle prémâché afin de pouvoir être avalé par tous.