Maebara Keiichi emmènage en 1983 dans le petit village de Hinamizawa. Un petit village genre village paumé comme il le dit lui même, si petit qu’à l’école, il n’y a qu’une classe pour tous les élèves, une vingtaine à tout casser. Il se lie très rapidement d’amitié avec un petit groupe constitué de Rena, Satoko, Rika et Mion, la chef de groupe. La vie semble paisible, entre les cours, la vie paisible en pleine campagne et les différentes épreuves du club de jeu. Mais les apparences sont trompeuses, et Keiichi va rapidement s’en rendre compte en apprenant le passé du village, et sa quasi disparition 5 ans plus tôt lors de la construction d’un barrage, qui a finalement été annulé après un meurtre par démembrement, dont l’un des bras n’a jamais été retrouvé. Les choses ne s’arrangent pas lorsqu’il apprend par un photographe, Tomitake, que tous les ans, lors de la fête du village, une personne meurt et une personne disparaît.
Avis de Rick :
ATTENTION, LA CHRONIQUE QUI SUIT VA DÉVOILER CERTAINS DES ASPECTS ÉTRANGES DE LA SÉRIE, NOTAMMENT EN TERMES DE NARRATION, QUI POURRAIENT MODIFIER VOTRE PERCEPTION DE CETTE SÉRIE SI VOUS NE L’AVEZ PAS ENCORE VU. IL EST CONSEILLÉ DE DÉJÀ CONNAÎTRE L’UNIVERS DE HINAMIZAWA. VOUS VOILÀ PRÉVENUS, OH MORTELS !!!
Parfois, c’est bien violent quand même…
Himanizawa le village maudit, que je vais citer par son titre original, Higurashi No Naku Koro Ni, est une œuvre bien étrange, originale et qui a nécessité de nombreuses années avant de se développer. En France, bien entendu, on ne connaîtra que la saison 1 de l’anime, et le visual novel, là où tout a commencé. A la base donc, un visuel novel, développé par des amateurs. En effet, un jour, un jeune homme que l’on connaît sous le nom de Ryukishi07 s’est lancé dans l’aventure d’écrire une histoire complexe. Jugée justement trop complexe, il se lança dans l’aventure du visual novel avec l’aide de quelques autres personnes. Il ne s’attendait surement pas à un tel succès, si bien qu’au Japon virent le jour une série d’animation (qui nous intéresse là), un manga, et même plus tard, deux films. En série d’animation, Higurashi eu droit à deux saisons, Higurashi No Naku Koro Ni et Higraushi No Naku Koro Ni Kai, et à deux séries d’OAV (de 4 et 5 épisodes) à la qualité plus que discutable, et à l’histoire totalement dispensable. Pourquoi un tel engouement autour de cette histoire ? La réponse est finalement très simple ! La série (ou le visual novel avant la série) bénéficie d’un scénario à toute épreuve et d’une rigueur d’écriture rare. Aux premiers abords, la série a d’ailleurs tout d’une série relativement enfantine et simple, mais c’est justement pour mieux nous tromper deux épisodes plus tard. Tout d’abord, la construction narrative est assez inhabituelle. Cette première saison (tout comme la deuxième) est construite sous formes d’arc, six pour être précis. Et quand on est pas habitués, ou pas au courant du tout (ce fut mon cas à la première vision), autant dire que la surprise est grande arrivé à l’épisode 5. Bref, Higurashi nous raconte l’histoire d’une bande d’amis tout ce qu’il y a de plus normal, sous forme d’arc allant de 3 à 5 épisodes en général. C’est à dire que nous allons voir six fois la même histoire, sous un point de vue différent et avec des différences dans le dénouement ou les réactions de certains personnages.
Le début des arcs, souvent mignons, au design plus enfantin
Aux premiers abords, cette technique pourrait paraître commerciale : faire durer une série sur plus d’épisodes pour ramasser plus d’argent, sans se soucier d’une certaine répétitivité. D’autant plus que chaque arc prend la même tournure narrative : un début enfantin, joyeux, puis la fête du village, et une seconde partie beaucoup plus adulte, dérangeante, voir parfois malsaine. Et pourtant, c’est bien là tout le contraire. En jouant sur les apparences et une certaine répétitivité, Higurashi va nous dévoiler ses clés au compte goutte avec un sadisme certain, une ambition non camouflée et une intelligence rarement atteinte. Le début de chaque arc nous permet de faire la connaissance de chaque personnage, puisque certains voleront la vedette à d’autres suivant les arcs. Keiichi, le petit nouveau dans le village, qui vient de déménager avec sa mère et son père, Rena, la jeune fille simple qui rougit tout le temps et veut ramener chez elle tout ce qu’elle trouve de mignon, Satoko, orpheline, qui vit avec Rika, jeune prêtresse du temple beaucoup plus mature qu’elle n’en a l’air et Mion, excentrique, toujours prête à jouer aux cartes ou autres jeux, à condition qu’il y ai un gage pour le perdant. Une bande de personnages amicaux, amusants, nous donnant des situations drôles qui pourront surprendre. Mais si chaque arc commence doucement et de manière colorée, ce n’est que pour mieux nous berner à chaque fois et nous entrainer dans les différents mystères et cultes du village. Une histoire perverse où chaque petit élément apporte en fait sa clé, même les plus insignifiants. Chaque arc prend une tournure différente arrivé à la fête du village, la fête du coton, fête à laquelle tout le village se rend, dont nos 5 garnements. C’est à partir de là que chaque arc prend une direction différente, en prenant en compte les mineurs petits changements apportés au début de l’histoire de chaque arc, pour nous tourmenter et mettre nos nerfs à rude épreuve.
Keiichi et le photographe Tomitake
Car oui, à partir de là, chaque arc prend une tournure différente, tout en gardant la même structure et le même mystère. Chaque arc nous apporte des clés pour mieux comprendre, et pourtant, plus les réponses arrivent, plus le mystère s’épaissit et semble s’éloigner du spectateur (normal, les vraies réponses sont dans la saison 2, inédite en France…). Chaque nouvel épisode va nous faire réfléchir et nous faire imaginer des choses, des hypothèses, que chaque épisode viendra contredire ou enrichir de nouvelles clés. Si chaque arc prend une tournure différente dans sa seconde moitié, certains événements resteront inchangés, et c’est bel et bien là que réside le plus grand mystère, puisque les événements peuvent changer rapidement en fonction des choix des personnages (comme dans la vraie vie, avec des choix simples comme tourner à gauche ou à droite), et de leur sensibilité, leur passé.
Si je me retourne et vois ça, j’aurais les jetons je pense!
Parfois, on ne comprend pas tout et les réponses viendront deux arcs plus tard pour nous éclaircir sur tel ou tel personnage. Il faut bien se dire que les actions des différents personnages, aussi jeunes soient-ils (Rika et Satoko doivent avoir 10 ans à tout casser), n’ont rien à voir avec leur âge ou leur caractère. Les différentes actions changent en fonction des événements qui sont devant eux, de leurs propres peurs et de leur passé, faisant surgir chez eux un sentiment de schizophrénie qui ne demandait qu’à sortir. C’est bel et bien de ce point là que surgit le plus grand malaise de la série. Ils ont beau être jeunes, mignons, innocents, faire la fête à leur manière, rien n’y personne ne peut être épargné par l’épais mystère du village d’Hinamizawa, qui entraine dans son sillage tout le monde, dans un tourbillon de violence inouïe qui ne demande qu’à exploser.
Car oui, la série dérange, met mal à l’aise, avec une facilité parfois déconcertante, et malgré tout, on ne comprend pas toujours pourquoi. Oui, le scénario fait un quasi sans faute, même s’il faudra pour cela regarder dans la foulée la seconde saison pour vraiment tout comprendre (et se rendre compte que toutes nos hypothèses étaient fausses), et donc se tourner vers l’import. Bien sur, un tel scénario et personnages ne seraient rien sans un visuel accrocheur, une bonne direction artistique et une musique qui met dans l’ambiance. Sur tous ces points encore une fois, Higurashi fait quasi un sans faute. Visuellement, les personnages sont mignons et respectent bien l’univers du visual novel de base. Les couleurs sont tantôt éclatantes au début de chaque arc tantôt très sombres et grises. Le village a de la gueule, et ce n’est pas une surprise, puisque la série reprend les décors du visual novel, qui étaient eux même basés sur des photos d’un vrai village, celui de Shirakawa-go, dans la préfecture de Gifu. Un village éloigné de Tokyo, totalement isolé. Higurashi possède donc en plus un aspect réaliste surprenant (et moi j’aimerais bien m’y rendre dans ce village).
Bien entendu, tout n’est pas parfait visuellement, lors de certaines scènes, le graphisme se montre un peu plus faible, tout comme l’animation plus rudimentaire. Ce qui n’enlève aucunement le plaisir de la vision. Musicalement, attention, ce n’est pas n’importe qui qui s’y colle, puisque l’on se retrouve avec Kawai Kenji, qui livre une partition discrète mais convenant à merveille à l’univers de la série, entre des chansons joyeuses (ce que j’apprécie moins) et des thèmes bien plus sombres et ambiancés, sans oublier le thème principal de la série qui reste en tête. Higurashi réussi son pari haut la main, en proposant un scénario complexe et magnifiquement structuré, un univers intéressant dont on pourrait bien plus en dire (mais qui dévoilerait beaucoup trop). Une série assez unique mais pour public averti vu la nature choquante de nombreuses scènes.
Higurashi est une série d’animation qui commence tout gentiment pour mieux nous emmener petit à petit dans un mystère épais, sombre, glauque, malsain et passionnant. Une réussite incontestable.
Titre : Hinamizawa: Le Village Maudit – Higurashi No Naku Koro Ni – ひぐらしのなく頃に
Année : 2006
Durée : 26 épisodes de 24 minutes
Origine : Japon
Genre : Animation (Horreur – Thriller)
Réalisateur : Kon Chiaki
Acteurs (voix) : Hoshi Souichirou, Nakahara Mai, Tamura Yukari et Kanai Mika