[Avis] Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S., de Masaaki Tezuka

Titre : Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S. / Godzilla Mothra MechaGodzilla : Tokyo S.O.S. /ゴジラ×モスラ×メカゴジラ 東京S.O.S. (Godzilla 27)
Année : 2003
Durée : 1h31
Origine : Japon
Genre : Kaiju eiga

Réalisateur : Masaaki Tezuka

Acteurs : Noboru Kaneko, Miho Yoshioka, Mitsuki Koga, Koh Takasugi, Itsuki Omori, Hiroshi Koizumi, Masami Nagasawa, Chihiro Ôtsuka, Akira Nakao, Koji Shimizu, Koichi Ueda, Shinichiro Hongo, Ryota Sato, Toru Masuoka, Tsutomu Kitagawa, Yumiko Shaku

Synopsis : Après un long sommeil, Mothra revient sur Tokyo, non pas pour la détruire, mais pour demander aux ingénieurs d’abandonner le projet de reconstruction du Mechagodzilla. En effet, la présence d’ossements de Godzilla dans la structure du Mechagodzilla ferait revenir notre lézard favori dans la mégalopole pour se venger. Les ingénieurs font fi de ces précieuses recommandations … et Tokyo est de nouveau à feu et à sang.

Avis de Laurent : Après une ère Heisei déclinant le mythe de Godzilla à toutes les sauces (souvent pour le pire) on pensait avoir fait le tour de la franchise. La faute à une série de films globalement moyens et une recette qui peine à se renouveler. Il aura fallu attendre l’avènement de deux réalisateurs géniaux pour redonner un coup de jeune à notre saga autarchoglossienne préférée. L’ère Millenium est lancée et Shusuke Kaneko ainsi que Masaaki Tezuka vont en écrire les plus belles pages. Avec sa série des impressionnants Gameras, Shusuke Kaneko va dépoussiérer le genre du Kaiju eiga en y incorporant des effets spéciaux numériques du plus bel effet. La cohabitation des effets spéciaux à l’ancienne avec ces CGI pour le moins inédits va redynamiser le film de monstre et en redéfinir les codes cinématographiques. L’action devient plus spectaculaire et la réalisation tout bonnement exemplaire. C’est ainsi que Gamera : Guardian of the Universe, Gamera 2 : Attack of Legion, Gamera 3 : Revenge of Iris, et Godzilla, Mothra et King Ghidorah (GMK pour les intimes) vont devenir les nouvelles références du genre et pulvériser la concurrence.

Masaaki Tezuka reprend les procédés innovants qui ont fait le succès des films de Shusuke Kaneko. Une bonne dose de modernisme sans pour autant renier l’aspect vintage du reptile géant et des monstres qui l’entourent. Avec Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S., Masaaki Tezuka signe alors son troisième kaijus (et accessoirement son troisième film) après des Godzilla X Megaguirus (2000) et Godzilla X Mechagodzilla (2002) qui ont été de franches réussites avec quelques uns des plus beaux combats de catch nucléaire couchés sur pellicule. Cette fois-ci, Godzilla se voit voler la vedette par le retour de notre mite adorée. Mothra entre en contact avec un ancien scientifique à la retraite, le professeur Chujo. Ce dernier a combattu Mothra il y a quatre décennies sur l’île isolée d’Infanto. Cette fois-ci, la rencontre est pacifiste. En effet, Mothra avertit le professeur de la venue imminente de Godzilla et du risque de voire une fois de plus la ville de Tokyo anéantie par la gigantesque bestiole. Le problème, c’est que l’armée nippone est en train de remettre à jour le projet Mechagodzilla en incorporant dans la structure du robot mécanique des ossements de Godzilla. Ce dernier veut se venger de ce terrible affront.

Un cran en dessous des modèles du genre, Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S. distille tout de même sur sa courte durée l’ensemble des poncifs du genre avec une maestria qui est toujours au rendez-vous. La présence de Mothra est toujours ponctuée d’émotion pure avec la compagnie des jumelles Mana et Hio dans leurs bikinis des plus séduisants ainsi que le fameux thème musical associé à la mite géante. Les années passent, les épisodes s’enchaînent et Mothra a toujours eu une place d’honneur dans le cœur des amateurs de Kaijus. C’est avec une régularité rare que l’insecte géant va traditionnellement voler la vedette à Godzilla de 1961 (date de sa première apparition dans le Mothra d’Inoshiro Honda) à 2004 (le mitigé Godzilla : Final Wars de Ryuhei Kitamura). Techniquement, Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S. est curieusement plus ancré dans le cheap avec un rationnement des CGI. On notera tout de même une fantastique séquence aérienne qui introduit magistralement le film. La suite est plutôt old school et fait la part belle à la débrouille à base de carton pour toujours plus de rampage. On regrettera surtout une gestion de la violence totalement aseptisée afin de ne pas faire fuir la ménagère. Le film de Masaaki Tezuka se veut avant tout un divertissement familial. Enfin, un casting intéressant fait le lien entre les anciens films (Hiroshi Koizumi déjà présent dans Le retour de Godzilla datant de 1955) en incorporant une nouvelle génération d’acteurs Kawaii (Noboru Kaneko) ainsi qu’une galerie d’actrices sexy (Miho Yoshioka, Masami Nagasawa et Yumiko Shaku).

Au final, Gojira X Mosura X Mekagojira – Tokyo S.O.S. est sans aucun doute un kaiju de très bonne facture même si sa comparaison avec ce qui s’est fait de mieux ces dernières années laisse un petit goût d’inachevé. Son message antimilitariste et écologiste d’une grande naïveté lui sied à merveille et lui apporte un capital sympathie salutaire. Le côté cheapos et fauché s’assurant la conquête des derniers indécis. La suite de la carrière de Masaaki Tezuka est malheureusement moins glorieuse avec un Samurai Commando: Mission 1549 qui marque de manière lamentable la nouvelle direction prise par le cinéaste-artisan jusque là plutôt intéressant.

Note : 6/10


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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