[Avis] Ghajini 2008, d’A.R.Muragadoss

Titre : Ghajini / घजनी
Année : 2008
Durée : 3h00
Origine : Inde
Genre : Thriller / Action / Romance
Réalisateur : A.R.Muragadoss

Acteurs : Aamir Khan, Asin Thottumkal, Jiah Khan, Pradeep Rawat, Riyaz Khan, Tinnu Anand

Synopsis : Sanjay Singhania, homme d’affaires qui a fait fortune dans la téléphonie mobile, cherche à retrouver le meurtrier de sa femme Kalpana. Seulement, Sanjay souffre d’amnésie. Il lui est alors impossible de se souvenir d’événements qui ont eu lieu le quart d’heure précédent. Armé d’un minuteur, d’un polaroïd et d’une machine à tatouer, il va se faire justice lui-même.

Avis de Laurent : A.R.Muragadoss n’est pas le genre de réalisateur à se faire des nœuds au cerveau lorsqu’il s’agit de pulvériser le box-office local. Déjà remarqué en 2005 pour avoir réalisé un remake sauvage de Memento destiné au public tamoul, voilà qu’il récidive en 2008 avec son propre remake hindi de son remake tamoul de Memento … Ouf ! Christopher Nolan appréciera. Inutile de débattre pendant des heures sur le fait que les Ghajini 2005 et 2008 soient ou non de véritables remakes. Il s’agit sans doute davantage à des films ayant une identité personnelle forte et largement inspirés du concept de base de Memento. Attardons nous plutôt sur la qualité intrinsèque du dernier opus.

Ghajini 2008 reprend sans fioritures les séquences, la structure, les plans et autres ficelles du film de 2005 avec, pour seul changement notable, la présence d’un Aamir Khan bodybuildé à la place du détonnant Surya Sivakumar. On a l’impression que la musculature impressionnante d’Aamir Khan ne sert qu’à alimenter la concurrence qu’il se livre avec Shahrukh Khan (pour ceux qui n’ont pas encore vu Om Shanti Om). Aamir Khan interprète donc un riche businessman qui souffre de troubles de la mémoire immédiate et qui part à la recherche du meurtrier de sa petite amie.

Ghajini se décompose, encore une fois, de deux récits distincts qui s’entremêlent via des flashbacks (pour remplir le quota de séquences romantiques pour toute la famille) et des séquences dans le présent d’une rage et d’une violence salutaire. En effet, Ghajini est, avant tout, un thriller nerveux dans lequel Aamir Khan explose et défonce tout personnage potentiellement impliqué dans le meurtre de sa promise (rappelons qu’il n’en est jamais vraiment sûr). Tout ce qui faisait la réussite du premier Ghajini a été reconduit à l’identique. Par ailleurs, on appréciera aussi que le cinéaste ait épargné sa nouvelle version de tout ce qui était bancal dans le fond (le twist final d’une improbabilité indéfinissable) ainsi que dans la forme (aux oubliettes les bullets time foireux façon Matrix du pauvre). Le seul détail qui vient gâcher, en partie, ce nouveau remake concerne le personnage incroyablement inutile de l’étudiante en médecine qui mène l’enquête.

A.R.Muragadoss peaufine sa réalisation avec un pied sur le frein concernant l’abus d’effets de montage branchés qui nuisent gravement à la santé. On regrettera uniquement les nombreux accélérés qui viennent lourdement défigurer certaines séquences de bastons. Et là … vous pouvez bénir les cinéastes tamouls d’exister et de rester fidèles à leur savoir faire unique dans le genre. Comment définir l’action à l’indienne qui caractérise au premier coup d’œil un cinéaste issu du sud du pays … Les mandales surpuissantes qui font décoller de 3 mètres des bads guy de plus de 100 kilos ? Des cascadeurs qui vrillent sur plus de 360° la tête en bas avant de défoncer un pare prise de 4×4 ? Les courses poursuites en Tata ? Les bagarres de torses ou encore les poses façon western aux regards de braises et aux moustaches improbables ? On ne le répétera jamais assez, les cinéastes tamouls sont monstrueux et totalement On Fire lorsqu’il s’agit de distribuer des kilos de baffes.

En ce qui concerne l’interprétation générale, Aamir Khan impose son style avec une classe naturelle et fait honneur à un Surya Sivakumar déjà génial dans le premier remake. Ensuite, le reste du casting reprend Asin Thottumkal et Pradeep Rawat dans les mêmes rôles que dans la première version. Ghajini 2008 ne capitalise uniquement sur l’effet bankable d’Aamir Khan dans le nord de l’Inde ainsi qu’à l’étranger.

Ghajini 2008 reste donc le thriller efficace qu’il était dans sa version tamoule avec un léger lifting qui n’est pas à regretter. Violent et subversif, il devrait étonner sans problème le spectateur qui assimile, à tord, le cinéma indien à de longues bluettes des familles.

Note : 7/10

 

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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