Titre : Deadly Outlaw Rekka / Violent Fire / Jitsuroku Andō Noboru kyōdō-den: Rekka / 実録・安藤昇侠道(アウトロー)伝 烈火
Année : 2002
Durée : 1h36
Origine : Japon
Genre : Yakuza Eiga
Réalisateur : Miike Takashi
Acteurs : Takeuchi Riki, Endô Kenichi, Miki Ryôsuke, Katsumura Mika, Chiba Sonny, Uchida Yuya, Tamba Tetsuro, Ishibashi Renji, Lily et Yamanaka Joe
Synopsis : Le chef du clan Sanada est sauvagement assassiné dans la rue par un tueur d’un clan rival, tandis que Kunisada, un membre du clan, qui se considère comme son fils, vient de sortir de prison. En apprenant cette nouvelle, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Conscients de son but mais également de sa rage, les clans yakusa vont se servir de lui et le manipuler, avant de le jeter quand ils n’auront plus besoin de lui.
Avis de Rick :
Réalisé en 2002, soit la même année que Sabu, Graveyard of Honor, Dead or Alive 3 et tant d’autres, Deadly Outlaw Rekka est encore un film de yakuza à première vue tout ce qu’il y a de plus classique si Miike n’était pas à la mise en scène, et qu’autour de lui, on ne retrouvait pas sa grande famille, que ce soit au niveau des acteurs que du scénariste (qui a également écrit par la suite IZO, et le bien mauvais Yakuza demon). Nous sommes donc en terrain connu dés le départ, puisque la folie de la séquence d’introduction, bien que moins découpée et moins hystérique, renvoie directement à celle de Dead Or Alive premier du nom. Dés cette introduction, on peut également retrouver de nombreux acteurs de l’œuvre de Miike : Takeuchi Riki tout d’abord (Yakuza Demon, la trilogie Dead or Alive, Fudoh) et Endô Kenichi (Visitor Q, Les Prisonniers du Paradis, Big Bang Love Juvenile A, IZO et tant d’autres) pour les premiers rôles, mais également Tamba Tetsuro (Happiness of the Katakuris et Gozu) ou encore Ishibashi Renji (Dead or Alive, Gozu, Audition) dans les seconds rôles.
Pour la musique par contre, Miike ne fait pas appel à son compositeur habituel, Endo Koji, mais utilise intégralement l’album Satori du groupe Flower Travellin’ band, datant de la fin des années 70. Choix étrange mais pourtant fort réussi, donnant une force convenant au concept du film dans de nombreuses séquences. Bref, dans l’introduction, nous assistons au massacre brutal du chef du clan Sanada en pleine rue par un kamikaze. Sa victime aura beau se rebeller comme elle le peut, une balle dans la tête et l’affaire est réglée. Ce que son fils « spirituel » n’entendra pas de cette oreille, nourrissant un désir de vengeance énorme qui deviendra autant le point important de l’histoire que le cœur même du film. Car ici, point de violence en permanence comme Miike avait pu le faire dans son film culte Ichi the killer l’année précédente.
Non, la violence de Deadly outlaw rekka est toute autre, puisque le personnage de Kunisada, joué par Takeuchi Riki, va tout faire pour se contenir pour obéir aux règles du code des Yakuza. La violence va s’accumuler en lui, et sans en faire trop (quoique parfois, quand même…), Takeuchi nous propose un personnage crédible, toujours suivi par son fidèle second, joué par Endô Kenichi. Ils vont ensembles s’éprendre de deux Coréennes, et le traitement de cette relation, limite contemplative, sera fort réussi, jusqu’à une explosion de violence imprévue et incontrôlable, dévoilant enfin ce que Sanada a sur le cœur. La caméra, comme surprise également par ses excès de violence, filme l’action au plus près, et ça fait mal, très mal, pour les personnages. Les réactions des deux Coréennes devant les actions de Sanada n’en seront que plus belles.
Au fur et à mesure que le métrage avancera, le scénario, tout comme la mise en scène, accumulera les moments de tranquillités que la violence urbaine viendra déchirer, surprenant ainsi les personnages et par moment, Miike lui même, filmant certaines fusillades avec une distance rare dans son cinéma, mais nous montre une nouvelle fois la violence de l’être humain et sa nature, comme il le fera avec plus de talent (et plus d’expérimentations) quelques films plus tard dans IZO. L’histoire va évoluer crescendo jusqu’au final de toute beauté, entre la parfaite harmonie de l’image et du son, des trouvailles visuelles intéressantes (les plumes tombant d’on ne sait ou) et surtout, les derniers instants, renvoyant directement à Dead Or Alive 2, nous confortant dans l’idée que ce Deadly Outlaw Rekka est en quelque sorte lié à cette trilogie, y reprenant certaines thématiques, thèmes, et des points communs, au niveau des rôles et des acteurs les interprétant, ainsi que dans son ouverture (le premier de la trilogie) et la fin (le second de la trilogie). On pourra toujours reprocher au métrage certains défauts, notamment l’interprétation de Takeuchi Riki, somme toute assez similaire à ses autres rôles (il fait le dur, il grimace), ou encore certains « délires » de Miike qui ne plairont certainement pas à tout le monde, notamment ceux voulant un cinéma carré et terre à terre. Mais c’était aussi ça le Miike de la grande époque. Des films puissants, intéressants, qui ne s’imposaient pas de limites.
Une nouvelle œuvre forte pour Miike, qui prend tout son sens au sein de sa filmographie. A la fois beau et violent quand on ne s’y attend pas, le tout mené par une bande son rock excellente, un petit plaisir de plus dans la filmo du monsieur.
Note : 8/10