Titre : Crows Zero / クローズ ZERO
Année : 2007
Durée : 2h09
Origine : Japon
Genre : Action
Réalisateur : Miike Takashi
Acteurs : Oguri Shun, Yabe Kyôsuke, Kuroki Meisa, Yamada Takayuki, Shiomi Sansei, Endô Ken’ichi, Kishitani Gorô, Daitô Shunsuke, Endô Kaname, Erina, Fukami Motoki, Izaki Hisato, Izaki Yûsuke, Kamiji Yusuke, Kiritani Kenta, Koyanagi Yû, LaBry Camille, Matsushige Yutaka, Suzunosuke, Takahashi Tsutomu, Takaok Sosuke, Watanabe Hiroshi
Synopsis : Genji intègre le lycée de Suzuran. Son souhait est de le contrôler par la force avec, pour conseiller un ancien Yakuza. Pour parvenir à ses fins, il devra mener des alliances au sein des gangs fréquentant l’école et battre Serizawa, son rival le plus coriace.
Avis de Laurent : Ex-enfant terrible des studios japonais, Miike Takashi n’arrive plus, depuis quelques années, à perpétuer son statut de réalisateur culte qui a pu accoucher de films à la fois spontanés, généreux, racoleurs, trash, et irrévérencieusement poétiques. Malgré une filmographie chargée de moments d’excellence, mais cependant bancale, Miike Takashi peine depuis son Zebraman de 2004 à retrouver un second souffle. Crows Zero semble être, à priori, le projet idéal pour remettre notre stakhanoviste de la caméra sur de bons rails. Un manga original populaire et violent ainsi qu’un budget alloué par la Toho des plus confortables pour un habitué du système D. Crows Zero base son récit sur la guerre des gangs dans le lycée de Suzuran. Ecole extrêmement dangereuse et fréquentée par des élèves qui ne connaissent que la baston comme mode d’expression.
Sympathique sur le papier, Crows Zero est malheureusement le film qui devrait définitivement enterrer Miike dans un cinéma consensuel et aseptisé. Sukiyaki Western : Django annonçait déjà la couleur avec sa prétention énervante et sa mise en scène sans grande imagination. Cependant, ce faux-western à la sauce wasabi deviendrait presque subtil en comparaison avec ce Crows Zero à la réalisation commerciale et débordante de jeunisme puant. Crows Zero est l’antithèse parfaite du cinéma que Miike a tenté de (dé-)construire tout du long des années 90 même si ses excès de provocation était, à l’époque, parfois purement mercantiles. Des idées folles à défaut d’un scénario cohérent, Miike savait trouver son public. Aujourd’hui ce même public à changé … sans doute lassé par un réalisateur qui semblait stagner qualitativement, il est aujourd’hui constitué par le consommateur de cinéma de base. Miike n’est plus punk, tout juste un chanteur de variété qui adapte sa soupe au plus offrant. Pathétique.
Bien sûr, on pourra toujours défendre Miike de vouloir rester fidèle au manga qui sert de support d’origine au film. Mais force est de constater que Crows Zero n’a rien à raconter au-delà de ses bastons cools entre jeunes adultes parfaitement fringués. Au-delà du défilé de mode permanent et des coupes au gel plus stupides les unes que les autres, il ne reste qu’une coquille vide. Crows Zero n’est jamais drôle, jamais véritablement violent, jamais provocant, jamais subversif … tout juste divertissant. Enfin, l’action est moche et illisible, guère étonnant pour un réalisateur qui a toujours montré ses limites dans cet exercice de style. Miike voulait faire son Battle Royale, il se vautre dans un sous-Banlieue 13 en moins bien et moins fun.
Difficile donc de trouver de la qualité dans cette tambouille branchouillarde et cinématographiquement vaine. Lorsque Kitamura veut faire du Miike, ça donne Love Death (quelques idées folles plombées par un rythme soporifique) … et quand Miike veut faire du Kitamura ça donne Crows Zero (une soupe poseuse et aux dialogues ridicules). En résumé, Crows Zero porte vraiment bien son nom. Zéro pointé (enfin presque si on veut rester objectif) … et selon cette stupide théorie, sa suite devrait être un poil meilleure.
Note : 2/10