Dans un petit village chinois touché, comme le reste du pays, par une féroce guerre contre les Japonais, Liangfeng Mu mène sa vie comme il le peut. Un de ces jours, il vient en aide à un homme blessé suite à l’écrasement de son avion. Ce sera une de ces rencontres qui change une vie…
Avis de Cherycok :
Les films de guerre sont de plus en plus nombreux en Chine, sans doute à cause d’un passé lourd avec le Japon qui sera à jamais gravé dans les mentalités. Mais du coup, faire un film de guerre sans tomber dans le nationalisme poussif voire le racisme, c’est déjà plus compliqué et les chinois tombent souvent dans ces travers. Cold Steel limite les dégâts de ce côté là, certainement grâce à la grande expérience cinématographique de l’acteur / monteur / réalisateur David Wu qu’on est content de revoir en grande forme.
Il s’était fait discret depuis le début des années 2000, ne réalisant que quelques films et épisodes de séries dont certains aux Etats Unis à tel point que, personnellement, je pensais qu’il avait arrêté le cinéma depuis de nombreuses années. Quand on connait le passé du bonhomme, on sait qu’il est capable de superbes choses, surtout quand on repense à son travail de montage sur de nombreux films cultes du cinéma de Hong-Kong tels Hard Boiled et Bullet in the Head de John Woo, The Bride with the White Hair de Ronny Hu (dont il réalisa la suite) et bon nombre de productions Tsui Hark telles que Peking Opera Blues, Gunman ou encore Swordsman. Du coup, sur le papier, Cold Steel était méchamment intéressant, et au final le résultat est bel et bien là !
En fait, ce qu’on constate rapidement, c’est le parfait équilibre entre les scènes d’action ou de guerre, et les scènes plus posées, ces dernières servant le plus souvent au développement des personnages, aux relations entre eux, à la romance tout en finesse entre un héros très attachant incarné par Peter Ho et une jeune tenancière de maison de thé (Song Jia). Tout ce petit monde devient rapidement extrêmement attachant et on porte même de l’empathie à ce général japonais tiraillé entre son devoir de soldat envahissant un pays et tuant tout opposant chinois, et son amour pour sa fiancée qui elle préfère sauver des vies en soignant les blessés. Un personnage complexe mais bien plus humain que le sont habituellement les japonais dans ce genre de production. Le plus réussi reste sans doute celui de Tony Leung Ka-Fai, un chef d’escouade de sniper aussi exigeant avec ses hommes qu’il éprouve du respect et presque de l’amour pour eux. Un casting tout simplement parfait, jouant toujours juste, et donnant au film de David Wu une note vraiment particulière.
Quant aux scènes d’action, on sent ce dernier vraiment à l’aise, osant des plans qu’on voit rarement dans le cinéma chinois et même de Hong-Kong et que n’aurait pas reniés Tsui Hark. Intenses, visuellement souvent spectaculaires grâce à de superbes scènes de bombardement et d’explosions, elles sont mises en boite avec maestria et dotées d’une intensité rare. L’attaque du convoi à la 14ème minute, lorsque notre héros se retrouve avec un fusil sniper entre les mains, m’a tout simplement donné la chair de poule. La scène d’action finale conclut le film de bien belle manière, en nous en mettant plein la vue et plein les tripes.
Il est vrai qu’on pourrait voir certains aspects un peu malsains du film, comme cette gloire un peu malsaine aux armes à feu, ou quand même encore et toujours une petite rancœur (haine ?) envers les japonais même si moins présente qu’à l’accoutumé. Mais tout de même, avec son scénario mis en scène de manière très efficace, sa musique accompagnant le film parfaitement de bout en bout (si on adhère au genre bien entendu), ces scènes d’action ébouriffantes et son casting sans fausse note, Cold Steel en impose méchamment et signe le retour en grande forme de David Wu. Espérons qu’il continue sur cette lancée !
Titre : Cold Steel / 遍地狼煙
Année : 2011
Durée : 1h40
Origine : Chine
Genre : Guerre / Action / Romance
Réalisateur : David Wu
Acteurs : Peter Ho, Song Jia, Tony Leung Ka-Fai, Angeles Woo, Yu Rong Guang, He Shen-Ming, Guo Ming-Xiang, Zhu Lin