Titre : Carved 2 – The Scissors Massacre / Kuchisake-onna 2 / The Slit-Mouthed Woman 2 / 口裂け女2
Année : 2008
Durée : 1h38
Origine : Japon
Genre : Suite mais pas trop / Fantastique / Drame
Réalisateur : Terauchi Kôtarô
Acteurs : Asuka Rin, Kawamura Yukie, Iwasa Mayuko, Taniguchi Masashi et Kusano Kouta
Synopsis : En 1978, dans la petite ville de Gifu, la famille Sawada est heureuse. Le père élève des poulets et son commerce marche bien, Yukie, la plus grande des enfants, est coiffeuse, Sachiko va se marier et la plus jeune, Mayu, est éperdument amoureuse d’un élève plus âgé qu’elle, capitaine de l’équipe d’athlétisme du lycée. Tout irait pour le mieux, mais le soir du mariage de Sachiko, son ex, Suzuki, se rend dans la demeure et renverse de l’acide sur le visage de Mayu et poignarde sa mère avant de se faire arrêter par leur père. Mayu, défigurée, va voir sa vie se détruire petit à petit, avec le départ pour Tokyo de son amoureux, et le rejet par les filles de sa classe à cause de son apparence.
Avis de Rick :
Carved 2, aussi connu sous le nom de The Scissors Massacre, ou celui de Kuchisake-Onna 2, ou encore The Slit-Mouthed Woman 2, n’est pas à proprement parler une suite au premier Carved, puisqu’il se situe avant, en 1978. Ce n’est pas non plus une préquelle. En fait, on pourrait tout simplement dire que ce second opus est une variation sur le même thème s’inspirant d’un fait divers réel, qui s’avèrera être plus un drame qu’un film d’horreur, et encore moins un film de fantôme. Fan du premier film, tu pourras donc être sacrément déçu si tu t’attends à retrouver la même ambiance et les mêmes ficelles scénaristiques que le premier film. Prenant donc place en 1978 dans la petite ville de Gifu, le film préfère durant la majeure partie de son temps nous montrer le quotidien de la famille Sawada et les événements qui vont la détruire. C’est donc bel et bien devant un drame qu’on se retrouve, et l’amateur de scènes sanglantes devra attendre une bonne demi-heure avant de voir une seule goutte de sang. Pourtant, c’est aussi la force de cette fausse suite, nous livrer quelque chose à laquelle on ne s’attendait absolument pas. Le film prend le point de vue de Mayu, la plus jeune sœur de la famille, qui rêve de sortir avec Seiji, capitaine de l’équipe de sport de son lycée. Elle se réserve pour lui au point de « rejeter » en douceur ceux qui seraient intéressés. Sa famille est actuellement réunie au grand complet pour célébrer le mariage arrivant ce week end de sa grande sœur, Sachiko (jouée par Kawamura Yukie, idole aux choix de carrière plutôt intéressant, puisque jouant toujours des rôles différents dans des films qui le sont également : le film de fantôme Creepy Hide and Seek, la comédie gore Vampire Girl VS Frankenstein Girl, et ce film là). La grande sœur, Yukie, ayant quittée la maison familiale pour être plus indépendante, est également de retour pour le mariage. Bien entendu, la mère et le père sont là également, et on a l’impression au début de se retrouver devant un drama bien emballé. Mais rapidement, l’ex de Sachiko est également de retour en ville pour ouvrir un commerce, et de là vont découler les longs malheurs de la famille à qui tout souriait.
Tentant de rentrer en contact avec Sachiko, il est tout de suite visible que l’homme ne l’a pas oublié et que le mariage lui reste en travers de la gorge. Et la famille entière va en payer le prix fort, lorsque Suzuki, l’ex donc, va se rendre dans la demeure la nuit et défigurer Mayu à l’acide avant de poignarder sa mère, et finalement se faire flinguer par le père. Un événement tragique aux lourdes répercutions dans la famille, le père se suicidant, Sachiko revenant pour s’occuper de sa jeune sœur quitte à mettre son mariage en péril, Yukie revenant également. Quand à la pauvre Mayu, elle est défigurée à vie et devra vivre avec un masque sur le visage. Néanmoins, la vie semble continuer pour ses sœurs, le mari de Sachiko étant patient et cherchant toujours des solutions, quitte à venir vivre ici avec elle, et de nouvelles opportunités de travail s’offrant à Yukie. Mayu elle, vivra l’exact opposé de cette situation. Son « amour » vit à présent à Tokyo pour la suite de ces études, plus personne en classe ne lui parle, la considérant comme un monstre mutant, devenant la risée du lycée qui se moque d’elle. Même ces meilleures amies l’ignorent et font comme si elles n’avaient jamais été proches. Son seul réconfort sera les lettres qu’elle écriera à Seiji. Outre ça, elle se refermera sur elle-même, mentant à sa famille sur ce qu’elle endure au lycée. Oui, Carved 2 prend l’allure d’un drame, et prend le temps pour poser son intrigue pour mieux nous impliquer dans les événements de la famille Sawada. Là, vous vous demandez surement où est la vraie horreur dans cette histoire, et où est la fameuse femme à la bouche tranchée et à la paire de ciseaux ? Ne vous inquiétez pas, elle est là également. Tandis que la famille Sawada essaye de se reconstruire comme elle peut, une série de meurtres se produit rapidement dans la petite ville.
La description du tueur est celle d’une femme portant un long impair rouge, et armée d’une paire de ciseaux. Aucun doute là-dessus, il s’agît donc de la femme de la légende, la femme à la bouche tranchée. Si le spectateur n’aura aucun mal à deviner qui est l’auteur de ces meurtres et qui est la femme à la bouche tranchée (même sans voir le film, en lisant l’histoire, tout le monde peut le deviner), l’intrigue reste tout de même très bien construite, et à défaut de faire peur, le film s’avère véritablement prenant et intéressant de bout en bout. Chaque personnage a son utilisé et s’avère très bien exploité. Terauchi Kôtarô, pour son premier film, nous livre une mise en scène très inspirée, et préférera la plupart du temps suggérer les événements plutôt que de les montrer gratuitement. Et c’est un bon point. Au niveau du scénario, qui prend donc ouvertement plutôt la voie du drame pour montrer que les légendes urbaines naissent souvent d’un malaise social, fonctionne à merveille, et la fin s’avère magnifique. Bien sur, l’amateur du premier film pourra être très déçu de la direction prise par cette fausse suite par rapport à son prédécesseur, mais finalement, les deux films se valent en prenant des directions totalement opposées, le premier celle du film d’épouvante classique, celui-ci la voie du drame dans lequel l’épouvante s’immunise petit à petit. Un bon petit film.
Note : 7/10
Traitant l’histoire de la femme à la bouche tranchée sous forme de drame en s’inspirant d’une histoire vraie, Carved 2 qui n’est pas une suite est une belle réussite, différente, intelligente, cruelle parfois.