Une adolescente taïwanaise est vendue par ses parents à un homme violent pour devenir sa femme. Celui-ci la viole et la maltraite. Son destin va changer lorsqu’elle rencontrera un fugitif en cavale dont elle va tomber amoureuse…
Avis de Supavince:
Burning Snow, réalisé en 1988 par le cinéaste de la Nouvelle Vague Patrick Tam, vaut le coup d’œil pour bien des raisons. Tout d’abord, même s’il a été tourné hors période Nouvelle Vague, il garde les stigmates de cette mouvance, fuyant le cinéma mainstream hongkongais en dépeignant un drame social dans la population rurale taiwanaise, au travers d’un couple bricolé par une destinée tragique. Patrick Tam quitte donc l’espace d’un film le quotidien hongkongais pour collaborer avec l’une des figures taiwanaises les plus emblématiques, Chu Yen Ping, ici producteur de Burning Snow.
Burning Snow nous compte l’histoire de Cher, une jeune fille vendue par ses parents à Chung, un tenancier de bar-restaurant, un homme dépressif et violent, qui la maltraite et la viole tous les jours. Ce quotidien sera stoppé lorsque Chung, sujet à des problèmes cardiaques, sera hospitalisé. Cher, sur le chemin du retour de l’hôpital, fera la connaissance de Wah, interprété par Simon Yam, un fugitif condamné à mort qui s‘était caché dans sa voiture. Cette rencontre va troubler la jeune adolescente, et de là naîtra une relation passionnelle entre ces deux derniers. Ce tournant de l’histoire va donner l’occasion à Cher de prendre conscience de sa condition de femme et de s’émanciper, mais basculera définitivement le film dans un drame quasi annoncé.
L’ambiance du film sombre et mélancolique, portée par une très bonne B.O, est magnifiquement retranscrite par une image à la teinte bleutée, que l’on doit au directeur photo australien Christopher Doyle, bien connu dans le milieu du cinéma hongkongais. Cette couleur bleue avait déjà été éprouvée dans Lover Massacre quelques années plus tôt par Tam et donne indéniablement un cachet certain au métrage. Un travail énorme sur la couleur qui vire au rouge lorsque Cher arbore lors de la scène finale une robe… rouge… Je pourrais simplement regretter de n’avoir pu apprécier à sa juste valeur ce travail remarquable, car la version vhs de qualité médiocre que j’ai visionnée atténue forcément le plaisir visuel. Néanmoins, on imagine sans peine le rendu que cela aurait sur une copie digne de ce nom. Une version LD existe, ça n’aurait pas été du luxe de visionner cette dernière…
Enfin, on regrettera un manque de développement de certains personnages qui auraient gagné à être développé de façon plus poussée, à commencer par le personnage de Monkey, un homme de petite taille au physique disgracieux et corvéable à merci au restaurant de Chung, dont la présence intrigue au début du film et qui va disparaitre assez rapidement de l’histoire alors qu’il y avait là un vrai potentiel à en faire un personnage clé. Enfin, Simon Yam offre une prestation excellente mais son personnage est sous-exploité et c’est vraiment dommage tant on le sent appliqué et concerné par son rôle.
Quoiqu’il en soit, même si le film reste imparfait, il n’en demeure pas moins une œuvre intéressante et travaillée. Une œuvre méconnue du réalisateur talentueux de l’excellent My Love is that Eternal Rose qui mérite qu’on s’y intéresse.
Titre : Burning Snow / 雪在燒
Année : 1988
Durée : 1h24
Origine : Taiwan / Hong Kong
Genre : Drame
Réalisateur : Patrick Tam
Acteurs : Yip Chuen-Chan, Simon Yam, Wong Yee-Luk, Pak Lam.
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