Titre : Bodyguard Kiba / Bodigaado Kiba / ボディガード牙
Année : 1993
Durée : 1h33
Origine : Japon
Genre : Policier
Réalisateur : Miike Takashi
Acteurs : Maki Hisao, Matsuda Masaru, Nagakura Daisuke, Osugi Ren et Sakita Megumi
Synopsis : Junpei, un yakuza de bas étage, vole 500 millions de yens à son patron. Pendant qu’il se fait interroger, une intervention des forces de police lui sauve la vie, mais l’emmène en prison où il séjournera pendant cinq ans. Avant sa sortie, il engage l’invincible garde du corps professionnel Kiba pour l’escorter jusqu’à l’endroit où il a caché son trésor, et où il retrouvera sa fiancée pour s’échapper avec elle pour toujours. Tout le long de leur aventure, les deux protagonistes se font attaquer par des yakuzas rancuniers, et même par des élèves d’un dojo rival, lorsque Kiba déclare que son karaté est plus efficace que le leur.
Avis de Rick :
A la fin des années 80 et au début des années 90, le cinéma japonais commence à voir arriver une nouvelle génération de cinéastes. Il y aura eu Tsukamoto Shinya et son Tetsuo en 1989, suivit de son Tetsuo 2 en 1992, mais un autre metteur en scène commence à émerger, même s’il ne commencera vraiment à se faire connaître qu’en 1994 avec Les affranchis de Shinjuku (Shinjuku outlaw) et en 1995 avec Shinjuku Triad Society, et ne se fera connaître du public en dehors de l’Asie qu’en 1999 avec Audition et Dead or Alive. Ce metteur en scène, c’est bien entendu Miike Takashi, que l’on ne présente plus maintenant. Bodyguard Kiba est donc l’un de ses tout premiers films, réalisé pour le V-Cinema, et donc, pour le marché de la vidéo, après plusieurs films extrêmement rares et difficiles à trouver. Aux premiers abords, Bodyguard Kiba a tout du petit film tourné dans l’urgence, fauché, pour la vidéo, et surtout, d’une œuvre impersonnelle. Si sur certains points, c’est tout à fait le cas, les scènes d’actions manquant cruellement de piments et ressemblant parfois à du Steven Seagal, on y trouve pas mal de thèmes récurrents dans le cinéma de Miike, et le tout est suffisamment rythmé et bien joué pour maintenir le spectateur éveillé sur toute sa durée. Au départ, on a l’impression de se retrouver devant un petit film de Miike sans envergure, sans génie également, mais néanmoins de lui, et pourtant, le film se révèle plus passionnant que certaines de ces œuvres ultérieures tournées dans des conditions similaires (Waru ou Yakuza demon pour ne citer que ces deux films). Le film nous propose de suivre les aventures de Junpei. Le début du métrage se déroule en 1988, et Junpei travaille pour un puissant clan de yakuza. Ancien boxeur raté, il est follement amoureux d’une prostituée, qui l’aime en retour, mais sa vie ne mène à rien. Jusqu’au jour où il doit transporter 500 millions de yens, et qu’il va les voler, faisant croire aux siens qu’il a été braqué, mais les yakuzas ne seront pas dupes. Le tout va tourner au carnage, règlements de compte au couteau, avant l’intervention de la police, et l’internement de Junpei pendant 5 ans. Cette petite introduction nous permet de voir que Miike Takashi fonctionnait déjà de la même manière 15 ans plus tôt, et nous permet également de voir dans le rôle du grand méchant yakuza (qui passe le reste du film plutôt fauché, mais avec une jolie fille) le grand Osugi Ren (certains films de Kitano, MPD Psycho, mais également le délirant Crazy lips).
Le film reprend donc de nos jours (enfin pour l’époque du film), et Junpei sort enfin de prison. Pour garantir sa sécurité face au clan yakuza qui n’a sûrement pas oublié cette histoire (et surtout les 500 millions de yens, faisant environ 3 millions d’euros, ce qui est déjà très bien), Junpei a fait appel à un garde du corps, et pas n’importe lequel, puisque celui ci, Kiba, est un professionnel d’un dojo, et maîtrise parfaitement les arts martiaux. Ce qui va rapidement s’avérer être un frein dans sa mission suite à une fausse déclaration dans la presse, comme quoi son dojo serait le plus fort. Bien entendu, après cela, tous les dojos de la ville vont vouloir l’affronter, permettant au film, en plus de son histoire principale, de dynamiser le récit de quelques combats malheureusement un peu mous. Enfin le film n’est pas avare en combat, qu’il s’agisse de simples combats pour la fierté de tel ou tel dojo ou bien de combats entre les yakuza pour retrouver Junpei, l’enterrer bien profond et récupérer l’argent. Junpei lui, va tout d’abord penser à retrouver sa petite amie, pour lui permettre de vivre une vie meilleure à ses côtés, et pouvoir ensuite réaliser leurs rêves. Voilà qui va donner encore plus de travail à notre garde du corps, d’autant plus que de nombreux rebondissements et personnages viendront faire leur apparition, comme un flic dont le premier souhait est de voler l’argent, une professionnelle des arts martiaux qui manque de peu de se faire violer, une droguée et des bons vieux yakuza un peu fêlés. Les personnages ont tous une morale, et certains ont un sérieux grain. Aucun doute, on est bien dans un film de Miike, et cela rassure, puisque c’est ce que l’on attendait du film.
Il aurait juste fallut un peu plus de dynamisme dans les nombreuses séquences d’action pour rendre le tout beaucoup plus attachant et réaliste. Ici, on a vraiment par moment l’impression d’assister à un film de Steven Seagal, certes plaisant à regarder, mais qui aurait pu être tellement mieux. Les situations s’enchaînent et parfois se ressemblent, à quelques petits détails près, ce qui est encore plus dommage. Les acteurs eux semblent y croire, et c’est un bon point pour le film. Aucune longueur ne se fait vraiment ressentir durant tout le métrage, même si certains éléments sont prévisibles (la fille retournant sa veste et se révélant travailler pour les yakuzas, gros comme une maison), mais l’ensemble reste tout à fait divertissant. Pas du tout un grand film, loin de là, mais un film d’action moyen, relevé par un bon sens du rythme, quelques scènes de sexe, de bons acteurs et quelques passages osés. On en redemanderait presque, et c’est ainsi que l’année suivante fut produit, avec toujours Miike à la mise en scène, Bodyguard Kiba 2 : Combat Apocalypse, toujours pour le marché de la vidéo, puis un troisième opus extrêmement rare à trouver. Tout un programme.
Note : 4,5/10
Un film de début de carrière plutôt moyen pour Miike Takashi, rythmé et sympathique, mais on a vu beaucoup mieux, tant du côté des films d’action que des films de yakuzas.