Titre : Black Rat / Kuronezumi
Année : 2010
Durée : 1h16
Origine : Japon
Genre : Slasher
Réalisateur : Fukasaku Kenta
Acteurs : Yonemura Misaki, Matsumoto Hiroya, Saito Rina, Shimizu Haruka, Shimizu Mika et Shimomiya Rihoko
Synopsis : Six camarades de classes reçoivent un e-mail d’Asuka, qui s’est suicidée quelques temps plus tôt en se jetant du toit de l’école. L’e-mail leur donne rendez-vous dans la salle de classe à minuit. Arrivé l’heure fatidique, une femme rentre dans la classe en portant un masque de rat, qui avait été fait par Asuka. Cette personne leur annonce que c’est l’heure de la vengeance.
Avis de Rick :
Quand on pense à Fukasaku Kenta, on pense surtout à Battle Royale II, et surtout au fait que le film est un ratage quasi total, au scénario discutable et à la durée bien trop longue de 2h20. Bénéficiant de la notorité de son père Kinji, le bonhomme n’a eu aucun mal à trouver rapidement des budgets pour continuer à faire des films, et on s’est rapidement rendu compte qu’il n’avait absolument pas le même talent que son père. Enchaînant avec un Yo yo Girl Cop (sorti chez nous sous le nom de Tokyo Girl Cop) sans prétention mais un peu moyen (beaucoup ?), puis un X-Cross extrêmement bien filmé mais un peu chiant et enfin un des sketchs du film Kill. Une carrière qui ne brille absolument pas. Black Rat est donc son dernier film, et s’inscrit dans la lignée de sa carrière : pas exceptionnel, mais regardable, au moins. Fukasaku Kenta s’attaque donc cette fois ci au slasher, et à une histoire de vengeance. Un genre vu et revu depuis des dizaines d’années. Fukasaku ne va d’ailleurs pas tenter d’y apporter une once de nouveauté, mais plutôt réaliser un simple film sans prétentions. Est-ce que cela sera salvateur pour le métrage ? Oui et non finalement. Black Rat nous conte donc l’histoire de sept amis. Pour la fin de l’année, Asuka tente de les motiver pour un spectacle dansant racontant l’histoire de sept rats. S’investissant à fond, construisant même des masques de rats, elle est finalement la risée de ses camarades et se jettera du toit de l’école. Utilisant comme il aime souvent le faire (Battle Royale II) un morceau de classique pour accompagner certaines de ces scènes (ici, Aria de Goldberg), Fukasaku réalise son film de manière classique, sans éclairs de génie certes, mais maîtrise son film. Il maîtrise son sujet, enfin en quelque sorte, vu que finalement, Black Rat raconte une histoire classique de tueur, il maîtrise son rythme et la durée de son film. Sans perdre beaucoup de temps, il nous met dans le bain, et on arrive très rapidement au rendez vous donné par le tueur, ou le fantôme d’Asuka (mystère mystère) à la bande de potes. Et là, elle débarque, visage caché derrière le masque de rat. Pas de dialogues, quelques noms sur le tableau, et le carnage peut commencer.
C’est à partir de là que Fukasaku parvient à la fois à nous surprendre, et à nous décevoir. La chasse à l’homme dans l’enceinte de l’école est plutôt rythmée, et même réussie en soit. Le tueur surgit un peu n’importe ou, comme dans n’importe quel slasher qui se respecte au final, et voir cette tête de rat surgir fait son petit effet. Sans trop rester sérieux, le tueur laisse à ses victimes une chance de s’en sortir, grâce à quelques épreuves, pouvant souvent paraître ridicule, et plongeant le film dans une ambiance assez bon enfant bienvenue. Arrêter un tir au foot ou devoir obtenir un score parfait au karaoké, voilà le genre d’épreuves que le tueur réservera à ses victimes. Bien entendu, les épreuves seront en général corsées afin que la victime n’ai pas beaucoup de chance de survies, mais tout cela rend extrêmement bien à l’écran. Les scènes se déroulent majoritairement de nuit, et le film bénéficie d’un éclairage bleuté réussi (on a droit aussi à du rouge de temps à autre). Pour couronner le tout, l’ambiance musicale du film est d’un très bon niveau et parvient à créer une petite ambiance, à la fois mystérieuse et hypnotisante lors de certains passages. Malheureusement, les bonnes choses ne durent pas, et malgré la courte durée du métrage (même pas 1h20), le film se casse un peu la gueule au fur et à mesure qu’il avance, et que les révélations commencent à arriver. Il est toujours difficile de rendre les motifs d’un tueur crédibles, surtout dans un slasher actuellement (enfin, déjà à l’époque d’or des slashers dans les années 80), et Black Rat n’échappe pas à la règle. Son postulat était simpliste, et ses révélations sont quelque peu foireuses.
Quand les révélations arrivent, aux alentours de 50 minutes de métrage, elles s’avèrent en effet bien simplistes, et très terre à terre. Pire, à partir de là, le film décide de se lâcher dans les flashback. Jusqu’ici, ils nous permettaient de mieux comprendre cette bande d’amis, et intervenaient en général quand le tueur parvenait à attraper une proie, pour développer justement le personnage coincé. Mais quand les révélations débarquent enfin, les flashbacks s’emballent et se multiplient. Arrivant beaucoup plus souvent, durant plus longtemps, n’étant pas pour la plupart utiles, et surtout alourdissant le rythme, ils déçoivent, et le film persiste dans cette voie jusqu’à son final. Tentant d’aborder un ton grave lors de ces scènes alors qu’il n’y avait pas de raison particulière, Fukasaku part en vrille, et décide alors de mettre plus d’ampleur dans ces meurtres, n’hésitant pas à gâcher certaines scènes par l’utilisation d’un numérique assez douteux et surtout exagéré. Dommage car sans être une perle, Black Rat parvenait à être très sympathique et à nous intéresser, d’autant plus qu’il brillait de certaines qualités, qui se réduisent lors de sa dernière partie, heureusement assez courte. Malgré quelques longueurs évidentes lors de ces fameux retour dans le temps, le métrage n’en demeure pas moins une petite curiosité intéressante et franchement pas prise de tête, qui amusera par moment. Venant d’un tel réalisateur finalement, on en attendait déjà pas autant, et ce n’est donc déjà pas si mal.
Note : 5/10
Fukasaku Kenta, après plusieurs mauvais films, réalise à présent des petits films sans prétentions, et ça passe beaucoup mieux. Toujours pas mal de défauts, mais ça se laisse voir simplement et sans véritable ennui.