[Avis] Fudoh, de Miike Takashi

Titre : Fudoh / Fudoh – The New Generation / Gokudô sengokushi: Fudô / 極道戦国志 不動
Année : 1996
Durée : 1h38
Origine : Japon
Genre : Yakuza Eiga
Réalisateur : Miike Takashi

Acteurs : Tanihara Shosuke, Takano Kenji, Jinno Marie, Kenmochi Tamaki, Minegishi Tôru, Nomoto Miho et Takeuchi Riki

Synopsis : Fudoh Riki est un jeune homme apparemment propre sur lui, bien éduqué et particulièrement brillant. Torturé par le meurtre de son frère par son propre père, il ne rêve que de vengeance. Cependant ce dernier est un puissant oyabun. Avec des comparses plutôt avides de sanglantes bastons, il formente une guerre des gangs afin d’éliminer un par un les « vieux » Yakuzas pour créer la New Generation…

Avis de Rick :
Adaptation de manga, film de yakuza, et Miike Takashi à la réalisation.  Voilà un sujet qui d’emblée semble intéressant, bien barré, et palpitant, bien que finalement, on est quelque peu habitué de la part du monsieur à des adaptations ou films de yakuza. Et au final, et bien, c’est totalement le cas, Fudoh se révèlant être une très bonne surprise et un excellent métrage de Miike. Plus que tout autre film, Fudoh est sans doute le film de Miike Takashi le plus rythmé (ces métrages possédant souvent des baisses de régimes en milieu de parcours, et dans une moindre mesure, le plus fou (bien qu’ils le soient tous). N’ayant pas lu le manga, je ne pourrais comparer les deux œuvres entre elles, mais on reconnaît directement la patte si particulière du metteur en scène dans ses délires visuels ou scénaristiques. Le jeune Fudoh Riki est témoin du meurtre de son frère, par leur père, dans le but d’empêcher une guerre entre les différents gangs, suite à un carnage d’un de leur indic. Dés le début, le ton est donné, on navigue en plein second degré, et le sang coule à flot. Un homme est enfermé aux toilettes, au téléphone, un pêcheur entre et vide quatre chargeurs sur le pauvre homme. Puis le frère de Riki est décapité, au katana. Son père exhibera devant le conseil sa tête, heureux d’avoir réglé les problèmes entre les gangs de manière si simple. Le film reprend directement plusieurs années plus tard. Riki a grandit, et mûrit. Sa couverture : des études dans une école de commerce, entouré par son équipe : des jeunes femmes, autant habiles pour les meurtres à mains nues qu’avec des armes à feu. Un nouvel élève arrivera dans l’école, et se ralliera à sa cause, un gros balèze du nom de Aizone.

La réalisation de Miike s’accorde au reste de l’œuvre : classique, mais efficace. Vous l’aurez également compris à l’histoire, celle-ci n’est pas d’une originalité débordante, mais ce sont plutôt les diverses idées de Miike, ainsi que la galerie de personnages, et leur façon de tuer, qui s’avérera être un grand moment. Au début du film, la fameuse bande part pour liquider les chefs yakuza. Ils utiliseront des techniques expéditives, souvent gore, et totalement barrés, voir incohérentes. Mais quel bonheur pour les yeux. Entre des enfants de maternelle adeptes des armes à feux, une jeune femme distribuant des cafés à base d’acide dans une scène rappelant Street Trash, et j’en passe et des meilleures. Un personnage, et notamment une scène marquera le spectateur, non pas qu’elle soit plus sanglante que les autres, mais l’idée en elle-même est assez saugrenue. Une jeune femme, travaillant dans un club, se servira d’une arme assez particulière pour éliminer ses ennemis lors d’un numéro de strip-tease. En effet, elle lancera des fléchettes… de son vagin. Idée totalement folle, qui ne plaira pas aux détracteurs du cinéma de Miike. (Aussi nombreux que les fans) D’ailleurs, nous apprendrons par la suite que cette douce personne usant de ces charmes de manière inhabituelle est… hermaphrodite. Sacré Miike ! Dans tous les cas, une scène qui reste gravée dans les mémoires.

Fudoh plaira donc avant tout aux amateurs de films totalement déjantés, ne cherchant pas la logique, et rattrapant un scénario classique par des idées osées et excellentes. Mais avant tout, Fudoh plaira aux nombreux fans du réalisateur, surtout connu pour Audition, Ichi the killer, la trilogie Dead or Alive, ou ses récents remakes (le quasi chef d’oeuvre 13 Assassins bien entendu, et le réussi Hara-Kiri). Dans ce délire ambiant d’un peu plus d’une heure et demi, Miike ne recule devant absolument rien, filmant ses fantasmes et mettant en scène comme toujours ces thèmes fétiches, dans le milieu des yakuza, ce qu’il fait la plupart du temps. On retrouvera donc le thème de la famille et donc de l’honneur familial au cœur de cette histoire, malgré le second degré constant. Tout est donc là pour plaire, entre les délires gore (décapitation, impacts de balles, bain d’acide, combat au katana, partie de foot avec des têtes coupées) et sexuels (les fléchettes éjectées par le vagin, une scène d’amour entre une femme et un hermaphrodite) pour le plus grand plaisir du spectateur. Tout le monde n’adhérera pas, mais si on entre dans l’univers, quel pied, si bien qu’on lui pardonnera ces quelques défauts, et pour l’édition DVD française, la qualité du master un peu vieillote.

Note : 8/10

Un Miike très rythmé, totalement déjanté, avec une bonne dose de gore et de sexe, de politiquement correct, dans une intrigue à prendre au second degré. Ça fait du bien.

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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