Aeon Flux est une Monican, une dangereuse terroriste aux yeux des gouvernants de cette grande cité moderne, Bregna, toute acquise à la cause des frères Goodchild.
Tueuse de talent et amante de génie, l’énigmatique Aeon Flux doit assassiner Trevor Goodchild. Une tâche de difficulté mineure pour cette esthète de la castagne quatre étoiles. Néanmoins, le jour où l’omnipotent Goodchild se présentera au bout du canon d’Aeon, cette dernière hésitera à faire feu.
Se pourrait-il qu’elle l’ait un jour aimé… ?
Avis de Oli :
AEON FLUX est bien évidemment l’adaptation de la géniale série éponyme créée par Peter Chung pour dynamiter MTV. Barge, violente, sexy et intelligente, la série animée avait purement et simplement bouleversé le petit écran, tant et si bien que de nombreux fans l’avaient érigé au statut de série culte (avis que je suis moi-même assez proche de partager).
Le film de Karyn Kusama se réapproprie donc une partie de l’univers imaginé par Peter Chung. On retrouve également les deux principaux protagonistes de la série, à savoir la tueuse froide au physique dynamité répondant au nom d’Aeon Flux, et le dictateur/visionnaire de génie (folie ?) dénommé Trevor Goodchild. Les fans de la série risquent pourtant d’être très amèrement déçus…curieusement, les néophytes devraient l’être tout autant. Pourquoi cela ?
Parce que le film reprend quelques clefs de la série animée. L’intrigue jongle ainsi allègrement avec les lieux, on ne s’embarrasse pas de temps morts pour signifier au spectateur que tel ou tel personnage a mis une, deux ou trois heures afin de se rendre à destination. Aeon passe alors avec une facilité déconcertante (et une rapidité presque vexante) de son confortable appartement à l’intérieur du bunker le mieux gardé de la cité. Et c’est comme cela tout au long du film : si un personnage a besoin d’apparaître quelque part, hop, il y est…c’est aussi simple que cela. Cet élément très présent dans la série se justifiait alors par la relative courte durée des épisodes (environ dix minutes pour les premiers pilotes, une vingtaine pour les récits constituant le nerf de la série). Cela se justifiait également car Peter Chung souhaitait que sa narration passe avant tout par l’action et l’animation. Il ne fallait donc pas perdre de temps. Dans un film de deux heures, tout cela se justifie moins. Certains seront donc évidemment gênés, les autres devraient faire le dos rond, en souvenir de la mythique série animée d’Aeon.
Les fans donc, les vrais, vont-ils aimer ? A mon humble avis, non. Bien sûr que non. Certes, on retrouve quelques éléments symptomatiques de la série. En plus de celui dont je viens de parler, citons l’univers, plutôt bien retranscrit (même si ici on pique un peu trop au MEILLEUR DES MONDES). Citons également la technologie, qui se réapproprie quelques machines ou trouvailles géniales de la série (l’échange d’informations via les roulages de pelle, la ceinture qui fait basculer dans une réalité parallèle, la fille aux deux mains greffées à la place de ses pieds tronçonnés au laser, les curieux bandages, j’en passe et des meilleures).
L’univers, dans son ensemble, tendrait donc à tenir plus ou moins la route. Oui mais… mais le pire a bien eu lieu : les scénaristes nous ont complètement salopé ce qui faisait le charme premier de la série, à savoir la très étrange relation entre l’égoïste terroriste (Aeon) et l’impitoyable (et égoïste aussi) chef d’état (Goodchild). Sexe, perversité, amour, haine, violence SM, la relation qu’entretenaient ces deux là dans la série de Peter Chung était absolument géniale, car peu courante. Elle surprenait à chaque épisode. Avec le film de…qui déjà ? …ah oui, Karyn Kusama, et bien avec ce film, cette relation prend du plomb dans l’aile pour tomber carrément à l’eau. Insipide, stupide, d’un académisme navrant, l’histoire d’amour entre Aeon et Trevor est digne de n’importe quelle amourette de quartier, ici livrée avec somptueux flash-back amoureux à l’appui et cerise avariée sur le gâteau une bête histoire d’amour entre Aeon et sa petite sœur…flanquer Aeon d’une petite sœur qu’elle adore, mais quelle faute de goût énorme ! Pourquoi pas l’affubler également d’un Yorkshire tant qu’on y est ?…que c’est triste… Shoot the sister please !!
Ajoutez à cela une Charlize Theron pas totalement convaincante pour le rôle (c’est un canon, certes, mais elle n’a rien du physique à la fois classieux et agressif de l’originale Aeon) ainsi qu’un Marton Csokas complètement à coté de la plaque (il incarne autant le vrai Trevor Goodchild que moi j’ai de points communs avec Popek), et bien vous obtenez au final un film super bancal. Un long métrage qui ne va pas, mais alors vraiment pas assez loin pour satisfaire les amateurs de la série, et qui devrait également ennuyer quelque peu les spectateurs néophytes puisque ces derniers ne vont sans doute pas adhérer aux rares bons coups du film, qui auraient pourtant pu figurer dans la série tellement ils sont dingos (le gazon qui tue, la monican qui contacte sa chef via une drogue naviguant dans son corps, les petites bombes liquides et qui roulent après Aeon, le message invisible caché dans un verre d’eau, etc.).
A vouloir ratisser trop large sans rendre un réel et vibrant hommage à la série originelle, les producteurs du film AEON FLUX vont sans doute réussir l’exploit de ne contenter aucun public.
A voir une fois à la rigueur. Car malgré des combats extrêmement mal filmés, le long métrage sait se montrer parfois divertissant.
Titre : Aeon Flux
Année : 2005
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Science Fiction
Réalisateur : Karyn Kusama (d’après l’œuvre de Peter Chung)
Acteurs : Charlize Theron, Marton Csokas, Johnny Lee Miller, Sophie Okonedo, Frances McDormand, Pete Postlethwaite, Amelia Warner