Kim Hyuk travaille comme trafiquant d’armes avec son ami Lee Young-Choon. Son jeune frère, Chul, est resté en Corée du Nord lorsqu’ils étaient petits, Hyuk ayant été obligé de le laisser, lui et sa mère, derrière lui. Se sentant coupable, il passe des années à rechercher sa trace. Alors qu’il retrouve Chul dans un camp d’immigrés, celui-ci ne veut plus entendre parler de lui, et Hyuk part en Thaïlande pour une vente d’arme, accompagné du jeune Jung Tae-Min. Trahit, Hyuk est capturé par la police. En apprenant l’arrestation de son frère, Chul décide de se lancer dans la police pour devenir l’opposé de son frère, tandis que Jung Tae-Min prend la gestion de l’organisation en mains.
Avis de Rick :
Depuis le début des années 2000, l’heure est aux remakes. Personne n’y échappe, aucun pays, aucun film culte. Même du côté de Hong Kong, les remakes arriveront, avec par exemple le remake de Histoires de Fantômes Chinois, signé Wilson Yip (SPL). Le Syndicat du Crime, premier vrai film culte de John Woo, allait forcément devoir passer par la case remake également. Quelle surprise de voir le film se faire, en Corée, avec John Woo comme producteur. Mais pourquoi pas, les polars sauce HK et sauce Coréenne étant très différents, le passage d’une culture à une autre pouvait au moins avoir le mérite d’apporter quelque chose de nouveau pour un film qui ne méritait vraiment pas de remake, malgré ses défauts. Et au final, on peut bien se dire que ce remake ne va pas être facile à critiquer objectivement. Tout d’abord, de par la place que le film original a dans le cœur de nombreux cinéphiles, et de par la classe totale de son trio d’acteurs (Chow Yun-Fat, Ti Lung et Leslie Cheung). Le métrage avait ses défauts, mais le spectateur cinéphile pouvait passer outre. Pour son passage en Corée, de nombreuses choses changent, et l’époque veut ça également. De trafic d’argent, nous passons au trafic d’armes. De deux frères qui sont truand et flic, on passe à deux frères, toujours truand et flic d’un côté, mais les motivations sont au départ toutes autres, et l’histoire leur ajoute un passé avec la fuite de la Corée du Nord et leur séparation (abandon) plus jeune qui met encore plus de dualité entre les deux personnages. Ces petits changements au départ anodins vont changer beaucoup de choses au niveau des personnages et de leurs relations. Il n’y a que Lee Young-Choon, le personnage faisant office de « Chow Yun-Fat », qui ne change pas d’un poil, prouvant bel et bien que c’était lui, le personnage fort de l’histoire.
Bref, que faut-il faire pour apprécier ce remake, à la fois si différent et si proche ? Dans un premier temps, bien comprendre que le style des deux métrages et leur façon d’approcher l’histoire n’est pas la même. John Woo a toujours stylisée la violence, utilisant les ralentis, des sauts, des glissades. Son film était court et ses thèmes évidents. Dans ce remake, bien entendu, l’amitié et la famille sont toujours au centre du récit, mais le réalisateur étire son histoire sur deux heures, nous présente ces personnages différemment (dans une scène faisant penser à A Bittersweet Life) et sa façon de mettre en scène la violence est toute autre. Pas de stylisation, non, ici, la violence est sèche, toujours aussi peu présente comme dans l’original, mais frontale et réaliste (malgré quelques excès dans le final). Le film, s’il reprend les grandes lignes de l’original, se permet donc des libertés dans l’histoire mais dans le style également. La première demi-heure notamment sera quelque peu différente, jusque l’arrestation de Hyuk, puisque nous découvrons des personnages différents, et dans le cas de Hyuk, animé par un sentiment différent. Pour autant, passé sa première demi-heure, les écarts se font néanmoins plus rares, et le métrage se calque alors sur le film de John Woo jusqu’à son final. Malheureusement pour le métrage, en choisissant une mise en scène et un style plus sobre, plus réaliste, le film ne parvient pas à avoir ce petit quelque chose qui le différencie des autres polars fait en Corée, qui sont, autant l’avouer, très nombreux.
L’histoire reste intéressante, tous comme les personnages (qui ont néanmoins beaucoup moins de classe), mais le film y perd un petit quelque chose. Surtout que lorsque le métrage prend des libertés en se voulant plus sombre que le film original, il se rapproche encore plus de la norme des polars habituels. Cela n’est bien entendu pas désagréable, mais s’avère moins novateur que le film original, et moins percutant. Pour autant, de par ses ajouts allant de mise avec la délocalisation de l’histoire, son respect du film de John Woo, et son final qui semble beaucoup moins brouillon et précipité que dans le film original (malgré une montée de l’émotion un peu poussive), ce remake du Syndicat du Crime a de bonnes cartes en main, pour quiconque saura l’apprécier sans s’attendre à retrouver le style Woo à la mise en scène. A Better Tomorrow n’est pas un remake déshonorant, loin de là. Il déçoit certes, mais n’est pas déshonorant, et quand on n’en attend pas forcément grand-chose, il peut créer la surprise. Une chose est sûre, il ne fera pas oublier le film original.
Un remake moins catastrophique que prévu, amenant quelques nouvelles choses bienvenues, mais qui souffre de sa comparaison avec l’original.
Titre : A Better Tomorrow – Mujeokja – 무적자
Année : 2010
Durée : 2h04
Origine : Corée
Genre : Policier / Remake
Réalisateur : Song Hae-Sung
Acteurs : Joo Jin-Mo, Song Seung-Hun, Kim Kang-Woo, Jo Han-Sun et Lee Geung-Young
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