Actualité DVD : Shamo a.k.a. Coq de Combat

Après la sortie de Dog Bite Dog il y a moins d’un an, CTV récidive en éditant le très attendu nouveau film de Soi-Cheang. Shamo a.k.a. Coq de Combat est l’adaptation du très violent manga de Hashimoto Izo (scénariste d’Akira) et Tanaka Akio.

Titre :Shamo a.k.a. Coq de Combat
Année : 2007
Durée : 1h45
Origine : Hong Kong
Genre : Action
Réalisateur : Soi-Cheang

Acteurs : Shawn Yue, Francis Ng, Bruce Leong, Ishibashi Ryo, Annie Liu

Synopsis : Ryô, jeune lycéen de 16 ans d’un établissement très réputé, semble avoir un avenir tout tracé. Tout bascule le jour où il assassine sauvagement ses parents. Envoyé dans une maison de redressement, il va devenir le souffre-douleur des autres détenus. Mais entre sévices et violences, il va rencontrer un maître de karaté qui va changer sa vision de la vie et lui donner le goût de la vengeance …

Caractéristiques techniques :

Editeur : CTV

Vidéo :16/9 compatible 4/3 Format 1.85
La propreté du master est irréprochable, la compression de bonne tenue et la colorimétrie fait honneur à la somptueuse photographie du film.

Son :Cantonais DD5.1 et DTS et Français DD5.1
La piste DTS cantonaise est excellente. La répartition sur l’ensemble des enceintes ne souffre d’aucun défaut, ainsi que l’équilibre dialogues / bruitages / musiques. Une immersion totale.

Sous-titres : Français
Les sous-titres sont impeccables, lisibles et la vitesse de défilement est correcte.

Bonus :
Entretien avec le réalisateur (20 min)
Making of (32 min)
Bandes-annonces
Dans l’interview réalisée par Frédéric Ambroisine, Soi-Cheang revient sur ses motivations et les problèmes liés à l’adaptation du manga. Soi-Cheang n’est pas du genre à manier la langue de bois et assume sans complexe ses choix. Le making of complète, quant à lui, les propos du réalisateur en proposant quelques échanges avec les comédiens et quelques séquences du tournage. Ce dernier a, semble t-il, été pour le moins éprouvant physiquement pour les acteurs.

Avis de Laurent : Adapté du manga japonais Shamo de Hashimoto Izo et Tanaka Akio, Coq de Combat narre le parcours initiatique d’un jeune lycéen condamné pour le meurtre de ses parents. Support papier culte et nihiliste, le choix d’un réalisateur de la trempe de Soi-Cheang semble être une évidence tant sa filmographie colle parfaitement à l’univers poisseux et brutal du manga d’origine. Malheureusement Soi-Cheang prend le parti de s’éloigner de la radicalité et de la subversion du manga, notamment sur les thématiques du sexe et de la violence. Erreur fatale lorsque l’on sait que la puissance de réalisation de Soi-Cheang tient principalement de son jusqu’au-boutisme dans le traitement de certaines situations extrêmes. Ce qui fait la force d’œuvres comme Dog Bite Dog ou encore Love Battlefield, ce sont ces séquences insistantes qui viennent assombrir un cadre déjà bien entamé. Soi-Cheang n’est jamais aussi bon que lorsqu’il part en roue libre sans se fixer de limites à la manière d’un Ringo Lam des grands soirs. La volonté du réalisateur à vouloir échapper à la célèbre CATIII aurait dû mettre la puce à l’oreille. Au vu du résultat final de Coq de Combat, on sent clairement Soi-Cheang bridé dans son style et ses convictions artistiques.

Cependant, Coq de Combat n’est pas pour autant un film raté, il est tout au plus décevant si on considère que l’on est en droit d’être un minimum exigeant avec un réalisateur de la trempe de Soi-Cheang. Précisons tout de même que ce dernier est sans aucun doute le réalisateur le plus intéressant de l’ex-colonie britannique. Il a su redynamiser un cinéma hongkongais moribond qui avait perdu de sa spécificité. Techniquement Coq de Combat est de bonne facture. Son visuel léché fait honneur à la photographie soignée du film. On pourrait juste lui reprocher d’être un poil trop aseptisé. Les scènes de combats tiennent parfaitement la route même si on est à des années lumières de ce que Hong Kong a produit de mieux ces dernières années. Shawn Yu est tout à fait convainquant dans le rôle de Ryo. Sa maturité n’est plus à démontrer à la vue de ses dernières prestations (Invisible Target à titre d’exemple), et on ne peut qu’apprécier sa volonté de travailler son physique. De son côté, Francis Ng cachetonne sans conviction … dépassant plus que de raison la limite du surjeu. Dans un film de Stephen Chow son personnage de clopeur aurait pu tenir la route mais force est de constater qu’il est totalement hors-sujet en tant que professeur de Karaté.

Souffrant d’un gros décalage avec l’œuvre originale et d’un léger manque de rythme, Coq de Combat, à défaut d’être un mauvais film, est une réelle déception.

Note : 4/10

Avis de Ryo Saeba : Après avoir réalisé le prometteur Love Battefield qui renouait avec le polar noir et efficace du cinéma de Hong Kong des années 80/90, Soi Cheang s’était attaqué avec brio à Dog Bite Dog, un film noir et nihiliste jusqu’au boutisme. Après cette réussite, lorsque l’annonce est tombée que Soi Cheang allait adapté le manga Shamo (sorti chez nous sous le nom de Coq de combat), tout les espoirs étaient permis. Le manga d’une rare violence et immoralité méritait bien un traitement digne de ce nom et Soi Cheang semblait être le réalisateur parfait pour cette adaptation.

Le film suit bien la trame principale du manga à savoir un jeune de 16 ans studieux et au comportement exemplaire qui pète un plomb lors d’un repas de famille et tue ses parents devant les yeux de sa soeur. Il est alors envoyé en prison où il va connaître moult supplices de la par des autres prisonniers jusqu’au jour où il va faire la rencontre d’un maître de Karaté qui est transféré dans son établissement afin d’apprendre son art aux prisonniers. Doté d’un instinct de survie hors du commun et d’une application sans pareil consacré à l’entraînement il va réussir à survivre durant 2 ans date de sa sortie de prison et devenir un expert du combat.

Toute cette première partie est plutôt bien réalisée et fidèle au matériel d’origine, même si physiquement Francis Ng ne ressemble pas trop au Kurokawa du manga qui est petit et chauve. Malheureusement après sa sortie de prison, les choses vont se gâtés. Déjà parce que la réalisation des combats n’est pas à la hauteur, c’est plutôt mou, trop découpé et la caméra à tendance à trop partir dans tous les sens. Ensuite parce que le personnage sans fois ni lois du manga est ici beaucoup plus nuancé et effacé. De plus si on peut louer la ressemble physique de Shawn Yu avec le personnage, c’est déjà moins le cas de son jeu d’acteur.

Au final seul le début du film est réussi, la suite propose beaucoup d’action, ce qui est louable, mais pas de l’action de bonne qualité, ce qui devient tout de suite problématique. De plus certains passages font plus que frôler le ridicule, je pense notamment au combat entre Ryo et Kurokawa dans la forets digne de l’entraînement de Fan Siu Wong qui casse des tombes dans Story of Ricky. La fin est également trop abrupte et nous laisse sur notre fin. Au final le pari est raté, surtout qu’après Dog Bite Dog l’attente était justifiée. Dommage.

Note : 4/10

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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