Titre : The Malay Chronicles : Bloodline / Hikayat Merong Mahawangsa / Clash of the Empires : The Battle for Asia / Le Choc des Empires
Année : 2011
Durée : 1h41
Origine : Malaisie
Genre : Action / Epique
Réalisateur : Yusry Abdul Halim
Acteurs : Stephen Rahman-Hughes, Gavin Stenhouse, Jing Lusi, Craig Robert Fong, Eric Karl Henrik Norman, Keith Chong, Wan Hanafi Su, Deborah Henry, Dato’ Haji Rahim Razali, Ummi Nazeera
Synopsis : Nous sommes en l’an 120 après JC. L’Empire Romain est à son apogée. En Chine, la Dynastie Han est sans conteste la plus puissante et essaie de s’étendre en Asie Centrale. Merong Mahawagpa, un descendant d’Alexandre Le Grand, va devoir escorter un prince Romain, Marcus Caprenius, en Asie du Sud pour y rencontrer une magnifique princesse chinoise. Ils doivent se marier sur un terrain neutre dans le but de réunir les deux civilisations pour n’en former qu’une seule et réunir l’Est et l’Ouest. Mais les pirates de la baie de Geruda ont d’autres plans et prévoient de capturer la princesse et de demander par la suite une rançon…
Avis de Cherycok :
Doté du deuxième plus gros budget pour un film malaisien et énorme succès au box-office local, The Malay Chronicles : Bloodline n’en est pas pour autant un film réussi. Taillé pour le marché international de par son casting et sa facilité d’accès, cette adaptation d’une ancienne histoire de la littérature malaisienne possède bien trop de défaut pour en faire un bon film, malgré des atouts indéniables. La bande annonce laissait augurer le meilleur, ce n’est donc pas tout à fait le cas…
Et le gros point faible du film, c’est sans conteste son casting. Avec des centaines et centaines de figurants, les batailles donnent vraiment l’impression de combat de masse il faut l’avouer, mais quand au milieu de tout ça gesticulent un héros au charisme d’une moule, un prince romain tout maigrelet et une princesse chinoise qui passe son temps à courir dans tous les sens à la recherche de sa servante, cela prête parfois un peu à rire.
Parce qu’il faut l’avouer, Stephen Rahman-Hughes, qui incarne le héros, a beau avoir une musculature taillée pour ce genre de film, il n’en demeure pas moins un piètre acteur (du moins dans le film qui nous intéresse) au charisme douteux, C’est également le cas de Gavin Stenhouse, le prince romain, jeune premier au brushing impeccable, qui se voit affublé régulièrement de lignes de dialogues inconsistantes et qui fait franchement tâche dans les scènes d’action. Alors lorsque ces deux personnages principaux ont droit à une longue scène en duo, à discuter de banalité affligeante tout en se battant tel une choré de danse sur le pont d’un bateau, ça donne une scène « OMFG » (Oh My Fucking God pour ceux qui ne connaitraient pas) qui fait décrocher un large sourire alors que ce n’était pas le but.
Et ce genre de scènes ridicules, il y en a parsemé tout le long de la première heure, et ceci est accentué par la langue qu’utilisent absolument tous les protagonistes, quelle que soit leur origine, à savoir l’anglais. Un romain qui s’exprime à un chinois en anglais pour que les deux puissent comprendre, passe encore ; un malais qui parle en anglais à un romain, passe encore… Mais pourquoi les chinois parlent anglais entre eux ? Même topo pour les romains entre eux ? Déjà qu’un romain parlant anglais à cette époque là, ça ne devait pas courir les rues, mais pour les besoins du film, pourquoi pas, mais pourquoi la princesse chinoise et sa servante n’utilisent pas leur langue natale pour discuter en privé ? Le film perd beaucoup en crédibilité sur cet aspect là également, sans parler de quelques invraisemblances historiques et matérielles qu’il peut y avoir et c’est dommage car on sent bien que le réalisateur avait vraiment envie de bien faire, à commencer par les décors et les scènes d’action.
De ce côté là, mis à part quelques costumes un peu cheapos, c’est plutôt réussi. Les bateaux sont imposants, et les décors en général sont assez jolis. Les SFX, contrairement à un film comme Detective Dee de Tsui Hark (pour prendre un exemple récent), sont relativement bien incrustés et les paysages « artificiels » ne sonnent que très rarement faux en comparaison avec ceux qui sont naturels (la forêt, la cascade,…). Voir ces armadas de bateaux arriver sur les côtes fait son petit effet et on se croirait parfois en plein film de pirates.
Et ça tombe bien parce des pirates il y en a et vont participer à ce final qui est le vrai bon point du film. On va assister pendant 20 à 30 minutes à un combat épique dans lequel vont s’affronter malais, pirates, romains, chinois,… à coup de centaines d’hommes, et à l’intérieur de ça vont se dérouler plusieurs petits combats entre les protagonistes principaux du film, dont un très réussi mettant en scène notre héros en face du grand méchant pirate chauve (oui, parce que ça fait plus peur !) équipé d’un collier qui le rend insensible aux blessures. Même si tout n’est pas parfait, les chorégraphes s’en sortent plutôt pas mal avec un montage relativement bien fait et des effets de transpercement (numériques) du plus bel effet. Le sang reste discret malgré quelques giclées ci et là, ce qui contraste pas mal avec les hectolitres de sanquette qu’on remarque parfois dans ce genre de production. D’autres combats plus anecdotiques ponctuent le film mais ils n’arrivent que rarement à attirer notre attention.
En définitif, The Malay Chronicles : Bloodline est un film juste moyen, voire passable qui, s’il ne possédait pas un final des plus sympathiques, irait directement fricoter avec la poubelle. Essai raté donc pour Yusry Abdul Halim, mais on espère qu’il aura au moins eu le mérite de réveiller un peu la production locale composé essentiellement de films d’horreur bardés de fantômes aux longs cheveux et de comédies romantico-légères dont beaucoup sont allergiques.
Note : 4/10
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Avis de Palplathune :
Le Choc des Empires base son scénario sur un fait historique précis : l’envoi d’émissaires Romains en Chine aux alentours du deuxième siècle après JC. Un point de départ riche en potentiels affrontements culturels…
Mais ce n’est manifestement pas ce qui intéresse les scénaristes de cette ambitieuse production Malaisienne. Outre le fait qu’ils créent de toutes pièces une histoire fantaisiste de mariage entre le prince romain et la princesse Chinoise, c’est surtout à travers la caractérisation des personnages qu’on comprend que le respect historique est le cadet de leur souci. Le prince Romain ressemble ainsi à un jeune Américain et la princesse à une Shanghaiaise contemporaine. Tout ce qui est différence culturelle, pratiques propres à chaque Empire et ignorance de l’autre qui en découle est complétement absent ici. L’histoire se passerait de nos jours que cela serait pareil ! Détail qui ne trompe pas, il n’y aucun problème de communication entre Romains, Chinois ou Malais. Vive l’anglais mondialisé.
Le Choc des Empires est en fait bien moins un film historique qu’un récit d’heroic fantasy. Au croisement de multiples influences cinématographiques (Pirate des Caraibes, 300, les Wu Xia Chinois, les films d’action Thailandais…), le métrage tente tant bien que mal de se créer sa propre identité tout en reprenant les grandes figures du genre. Et d’une certaine façon, pour peu qu’on ne soit pas trop regardant sur les influences évidentes ou la réalité historique, il y arrive à peu près.
Son héros, improbable amalgame de Sandokan et de Jack Sparrow, est plutôt attachant, toujours prêt à séduire une demoiselle, se battre ou à placer des bons mots.
Son parcours est convenu, à base de prophétie, d’amour romanesque, de maître sage et de combats titanesques, mais on y croit à peu près. Le mélange des cultures et autres costumes ainsi que la beauté des paysages Malais permettent d’apporter ce petit supplément d’originalité nécessaire au film pour ne pas sombrer dans la copie servile.
Un grand soin a été apporté à la réalisation et au visuel. Évidemment, on demeure loin des standards Hollywoodiens. Certains CGI sont à la peine, le sang numérique est surutilisé et les effets trop appuyés mais on se laisse quand même emporter dans l’univers du film.
Le rythme est également bien soutenu, parfait pour qu’on ne s’ennuie pas (une petite faiblesse en milieu de métrage tout de même) et les affrontements à 1 VS 1 comme à 1 VS 100, très proches de ceux du voisin Thaïlandais dans la forme, ne manquent pas de punch.
Quelques idées bis (le miroir d’Archimède ou les pouvoirs du méchant Hung Yan Yan Malais) achèvent de faire de cette superproduction locale un spectacle amusant à défaut d’une référence sérieuse. C’est déjà ça.
Note : 6/10
Et en bonus, la bande annonce du film :