[Ajout d’un Avis] Bangrajan 2, de Tanit Jitnukul

Titre : Bangrajan 2 / บางระจัน 2
Année : 2010
Durée : 2h02
Origine : Thaïlande
Genre : Guerre / Action

Réalisateur :Tanit Jitnukul

Acteurs : Paladorm Srichapan, Chatchai Plengpanich, Puri Hiranyapluek, Nayos Saotongnum, Chaiwat Tongsang, Teerayuth Prachabumrung

Synopsis : 1767, le royaume d’Ayutthaya est rasé par l’armée birmane. Dans les environs du célèbre village insurrectionnel de Bangrajan, les guerriers Yantric reprennent la révolte avec à leur tête Nai Man (Paradorn Srichapan).

Avis de Laurent : On croyait Tanit Jitnukul définitivement perdu pour le septième art. Le célèbre réalisateur de Bangrajan (2000) balbutie son cinéma depuis une décennie et n’a jamais vraiment réussi à confirmer les énormes espoirs qui pesaient sur ses épaules. C’est triste à dire, mais si Bangrajan a beau être l’un des films thaïlandais les plus excitants qu’il nous ait été donné de voir, force est de constater que Tanit Jitnukul n’est qu’un réalisateur de seconde zone tout juste bon à alimenter le ventre mou du box-office local. Il paraît évident que Bangrajan n’est qu’un « accident » de parcours … une anomalie incroyable dans la filmographie anecdotique du cinéaste.

Mais c’est toujours quand on ne l’attend pas que le miracle arrive. Avec le projet Bangrajan 2 on se dit que l’on touche le fond. Une suite qui ne s’impose pas, un réalisateur à la dérive, un célèbre tennisman à la retraite dans le rôle principal … le Khao phat kai semble faisandé dès le départ. Et pourtant …

… Et pourtant Tanit Jitnukul retrouve sa gniaque d’antan et nous livre davantage un remake de son film de 2000 qu’une véritable suite. Une fois l’argumentaire de l’originalité éclipsé de son jugement, Bangrajan 2 se savoure comme une bonne grosse sucrerie sur fond de baston à la machette et de corps huilés et tatoués à l’ancienne. Toutes les ficelles qui ont fait le succès du premier film sont recyclées sans pour autant gêner un quelconque plaisir coupable. La trame reste identique, l’alternance entre les séquences de batailles et scènes de vie de village persiste et la galerie de personnages ultra-charismatiques est toujours d’actualité. Bangrajan 2 perd donc de sa singularité, de son effet de surprise et de son cachet « découverte exotique » mais l’action est toujours teintée d’un je ne sais quoi de vraiment unique. Les batailles sentent toujours aussi bon le terroir, le sang et la sueur. Ces fameuses séquences justifient à elles seules l’amour immodéré que l’on peut avoir pour la franchise …. Toujours plus violentes les unes que les autres, sauvages et radicales. Seul petit bémol, la mise en scène travaillée et les chorégraphies millimétrées font perdre au film sa célèbre spontanéité … Mais certains osaient reprocher à Bangrajan son amateurisme chronique.

Bangrajan 2 a beau être un film aussi jouissif que viscéral, il n’est pas totalement exempt de défauts. Tout d’abord le patriotisme exacerbé de Tanit Jitnukul peut en refroidir plus d’un. Le Birman est caricaturalement présenté comme un être primitif dénué d’humanisme … tout juste bon à tuer ou violer le gentil Thaïlandais qui transpire les bons sentiments. Le cinéaste, qui n’a jamais caché ses amours exagérées pour l’ancien royaume de Siam, n’est pas à une falsification historique près. Rappelons que lors de sa sortie en 2000, Bangrajan avait cristallisé les tensions aux frontières des deux pays. Ensuite, le manque d’originalité qui empêche Bangrajan 2 de se démarquer du premier film peut gêner les spectateurs les plus exigeants … les autres de toute façon sont là pour voir des villageois courir en longyi à moitiés nus prêts à découper tout ce qui pourrait ressembler à un birman.

Le reste de la réalisation est correcte. Quelques grosses incohérences et de faux raccords ne vont pas mettre à mal cette fresque sanguinolente et immersive. Quelques CGI aventureux viennent nous rappeler le retard qu’a le pays sur ce qui se fait de mieux mais force est de constater que de gros progrès ont été faits dans le domaine. Enfin, la bonne surprise du casting se résume à la performance en somme toute honorable de Paladorm Srichapan. Il tient parfaitement son personnage sur ses épaules et ses quelques lignes de dialogues sont globalement très bien menées … Et insistons sur le fait qu’il dégage un vrai physique d’acteur malgré son look un peu Tecktonik sur le retour (c’est toujours mieux qu’une coupe mulet à la gweilo honkgongais).

En définitive, Bangrajan 2 est l’énorme surprise de ce début d’année malgré les nombreux bémols évoqués précédemment. Une énorme séance de rattrapage qui permet d’affirmer que Tanit Jitnukul est l’homme d’une franchise et que finalement c’est très bien comme ça. Qu’il nous sorte une œuvre barbare tous les dix ans et on serait prêt à lui pardonner ses innombrables navets qui polluent les écrans locaux.

Note : 8/10

Avis de Slimdods :
Il y a des films qui se suffisent à  eux même : le premier Bang Rajan est de ce rang là. Loin d’être dénué de défaut, Bang Rajan était tout de même très agréable à regarder avec tous ces guerriers charismatiques doux aux villages avec leurs femmes,  et bestiales lors des batailles sanglantes. Ces dernières étaient réellement captivantes car la rage y était communicative malgré le fait que le facteur technique ne suivait pas toujours. Voilà qu’un second opus pointe le bout de son nez avec de plus grandes ambitions visuelles et narratives … et vous savez quoi, bah l’ambition hein …

Ça commence pourtant bien avec ces guerriers toujours aussi classes, coiffés avec des marmites de gel ultra coiffant à même leurs moustaches (afin de renforcer le réalisme historique). Il est clair que ce cast a de la gueule, chacun étant iconique avec leur aura respective. Les premières batailles sont réussies,  avec ce mélange de plans fulgurants et de scénettes réussies jouant beaucoup sur la spécificité de chaque combattant (l’archer, le boucher, l’iroquois, etc …). La photographie travaillée donne une certaine identité au film, le sang coule à flot, et les décors en jettent ! Une fois le calme revenu, on se prend d’affection pour tous ces personnages et leurs femmes, enfants et chefs délivrant un message de paix, mais aussi de liberté, yeah !

Une fois passées la surprise des premières batailles et la découverte des protagonistes, le film se perd malheureusement dans ses ambitions. La multiplication des personnages secondaires n’apporte pas grand chose au récit (je pense à ce mac Birman insupportable notamment) ou, au mieux, des réflexions pompeuses  sur la liberté, l’amour, la famille, l’honneur entre frère d’une même patrie et surtout les belles mères, sans oublier que la roue tourne rapidement afin de nous en remettre des couches successives sur ces beaux messages naïfs. Je ne suis pas contre une certaine naïveté dans le cinéma pour servir certains propos (voir le cinéma de Woo et Hard par exemple, que j’affectionne) mais je trouve que le réalisateur Tanit Jitnukul est totalement à côté de la plaque. Ses réflexions ressortent d’un cahier des charges rédigé avec les pieds. Le mécanisme schématique dont fait preuve le réalisateur pour délivrer ses messages fait perdre toute implication. J’étais toute ouïe en regardant les Red Cliff de Woo et sa peinture de l’armée pleine de fraternité, ou Braveheart avec Wallace qui hurle son envie d’être libre dans une passion communicative ! Mais non, je n’ai pas reçu le message pompeux de Bang Rajan 2 mister Tanit Jitnukul !

Manque de chance, une baisse de rythme affreuse au milieu du film n’aide pas à remonter le niveau qualitatif du film, d’autant que les batailles suivantes sont anecdotiques ! Moi qui pensais que le meilleur était à venir, j’étais loin du compte ! Le métrage n’arrive pas à réitérer les petits exploits du début, à savoir nous divertir avec passion ! Les enjeux sont mal abordés, les lieux mal présentés (nous sommes au bord d’une falaise tout de même, seulement deux trois plans moches cachés pour nous aider à capter). L’arrivée de la grande statue du Boudha d’or vaudra son pesant de cacahuète, que ce soit au niveau des CGI totalement foireux que de sa présence inutile dans le récit (à mes yeux hein). Une question me taraude donc l’esprit : pourquoi vouloir à tout prix présenter des choses si cela doit être réaliser dans la torture et si cela n’apporte absolument rien aux enjeux ? J’ignore de la savoir, mais mes yeux pleurent eux et ma motivation est au plus bas.

Mais il n’y a pas que les CGI (très peu présents en fin de compte) qui font peine à voir, la réalisation et autres effets « tape à l’œil » auront eu raison de mes pauvres yeux globuleux. Le réalisateur veut encrer son film dans un stylisme tellement outrancier que ça en tue la visibilité: trop de style tue le style ! Cette lumière saturée lors d’une bataille sous une pluie battante rend quasi illisible l’action, d’autant que c’est moche ! On dirait même que du typex coule à flot sur certains plans. Le déroulement est chaotique et on arrive à s’accrocher à cette scène qu’avec l’aide des guerriers connus qui nous rappelle que l’on n’a pas changé de film. En ressort une séquence de bataille totalement ratée avec ce sentiment désagréable que le tout n’est pas uniforme. Dommage car il y a avait de l’idée, certains plans isolés sont justes magnifiques et techniquement, ça tient la route ! D’ailleurs, la suite s’engouffre dans le néant, avec une dernière bataille moins stylé mais aux enjeux dramatiques encore une fois mal amenées. On n’y croit plus, on est fatiguée, et les quelques flashbacks (déjà vus donc avant!) appuyant encore (!!) sur des propos déjà présentés auparavant (!!!) m’ont tué moralement : les Birmans sont de gros salopiots violeurs de liberté, les rebelles de la forêt connaissent les vraies valeurs de la vie et de la nature, le respect envers le monde et ses prochains. Oh, mais…. Ah, mais arrêtez, c’est juste insupportable ! Soit le réalisateur essai de nous émouvoir, soit il nous prend pour des cons.
Je n’ai pas été pas ému pour tout vous dire… m’enfin bref.

Bang Rajan 2 est un gros gâchis au potentiel initial énorme ! L’ambition démesurée du cahier des charges aura eu raison de la qualité finale du film. C’est un film raté sur les grandes lignes malgré une première partie agréable et un facteur technique bon en général. Son prédécesseur se la jouait plus simple mais était finalement bien plus sympa dans sa globalité. Encore une suite inutile et foirée, et surtout une belle perte de temps.

Note : 3/10

Le Trailer :

 

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Auteur : slimdods

Rejeton Hkmaniak-O-dépressif, je suis le vrai « Bouffe tout » de la famille : du polar urbain sérieux à la comédie kitsh, du Kaiju-eiga au Wu Xia Pian volant, aucun genre n’est épargné par ma faim. D’ailleurs, j’ai un faible pour l’anticonformisme assumé et mon Tsui Hark d’époque me manque énormément. Heureusement que mon Baby Godzilla est réconfortant !
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