[Avis] The Trashmaster, de Mathieu Weschler

Titre : The Trashmaster
Année : 2010
Durée : 1H30
Origine : France
Genre : Polar Noir
Réalisateur : Mathieu Weschler
Acteurs : Niko Bellic et les personnages de GTA 4

Synopsis : Un éboueur new-yorkais qui rêve de devenir flic (Niko Bellic) n’hésite pas à finir tout seul le travail quand la police laisse échapper des malfaiteurs, s’occupant à sa façon – et définitivement – des plus grosses ordures de la ville à l’aide de son fidèle camion-benne… Mais ce sacerdoce va prendre une tournure encore plus personnelle quand un tueur en série s’attaque aux danseuses de son club de strip-tease favori…

Avis de Postscriptom :
Franchement qui aurait pu y croire, un long-métrage complet réalisé et monté avec le « Video Editor » de GTA 4, qui non seulement s’avère être une réussite éclatante du machinima (ce sous-genre un peu méprisé du cinéma en 3D), mais surtout un grand film tout court, un grand film noir en plus, car le type qui a fait ça, Mathieu Weschler (un français, cocorico !!!) a tout compris au cinéma de genre, mais aussi et surtout (ce qui justifie amplement sa présence sur ce blog) au scénario et à la structure d’une histoire superbement racontée, le tout sous une double influence américaine et asiatique : donc oubliez tous vos préjugés (si vous en avez) car c’est vraiment du cinéma, et du meilleur : c’est simple il n’y aucun temps mort, on est scotché du début à la fin par ce polar ambitieux qui sait parfaitement où il va, entre peinture d’une ville ultra-violente, New-York (pour de faux bien sûr, c’est Liberty City en fait), et plongée dérangeante dans l’esprit d’un vigilante tueur en série, wanna be cop qui a échoué trois fois de suite à l’examen de la police (Niko Bellic dans son plus beau rôle) mais prend régulièrement le relais de celle-ci pour débarrasser la ville des ses rebuts humains, faisant sienne la désormais célèbre maxime : « C’est là que la loi s’arrête et que moi, j’interviens » (dixit Marion Cobretti, ah c’était le bon temps…).

Mais comment tout cela est-il possible, me direz-vous ?… C’est simple : sept versions successives, quinze mois de boulot (presque dérisoire vu le résultat), de nombreuses « previews » auprès d’amis et de la famille pour tenir compte de leur feedback, mais aussi de nombreux mods en plus du jeu GTA 4, ces programmes popularisés par Halo (la série des Red vs Blue) permettant de faire exécuter aux personnages toutes sortes d’actions fantaisistes (ou pas) absentes du jeu, et surtout l’envie de faire un vrai film sans contrainte de budget, toujours inévitable sur les courts-métrages en live…

Ne restait « plus qu’à » écrire un scénario digne de ce nom, et c’est bien là que le film marque des points, car aussi brillant soit-il techniquement il n’aurait jamais tenu un seul spectateur en haleine sans une structure parfaitement solide et des personnages attachants, et c’est le cas, une tragédie en trois actes à la croisée de films aussi sombres et nihilistes que Seven, Sin City (plutôt la BD d’ailleurs que la comédie de Rodriguez…), et de nombreux films asiatiques que vous reconnaîtrez sûrement…

Mais évidemment une fois tous ces éléments réunis il fallait encore y ajouter ce qui fait la spécificité du cinéma, la mise en scène et le montage bien sûr ! Et là c’est l’orgie, le film est un festival de plans tous plus inspirés les uns que les autres, c’est simple ça n’arrête jamais, retranscrivant inlassablement les tourments intérieurs de son héros détruit à coup de plans parfaitement cadrés, de travellings majestueux jamais gratuits et de zooms fracassants quand l’action s’installe, car il ne faut pas oublier que le film est aussi une suite de scènes d’actions démentes, de gunfights à la Heat mâtinés de « John Woo style » superbement digérés (on rend hommage, on s’inspire, mais on ne copie jamais…), de poursuites en voiture racées (la séquence finale est inoubliable d’ampleur, de virtuosité et de… camaraderie) mais également de scènes oniriques et contemplatives à crever de beauté (la séquence de ramassage des ordures, sublime !), le tout dans une ambiance industrielle blade-runneresque inoubliable…

Si on ajoute des meurtres à l’arme blanche glaçants (oui il fait giallo en plus !), une critique sociale en filigrane (si, si regardez bien…) et des références qui font plaisir (quelques notes de saxo tirées d’ A Toute Epreuve), vous comprendrez qu’on est en face d’un des meilleurs polars de ces dix dernières années, tous supports confondus, qui excède de loin les limites du machinima (même s’il en est le manifeste ultime), terme désormais galvaudé et tellement réducteur pour rendre compte de ce chef-d’oeuvre ultimate dont on reparlera encore pendant longtemps…

Et cerise sur le gâteau si vous pensez que j’exagère mais que vous voulez le voir quand même, hé bien c’est tout à votre honneur et c’est tout de suite (The Trashmaster, le film) vu qu’il est dispo intégralement et gratuitement sur Dailymotion et nulle part ailleurs (au Canada il est sorti dans un festival, ah ben oui mais nous c’est la France ma bonne dame, faut pas déconner non plus…), et surtout si vous pouvez regardez-le dans sa magnifique version HD sur une bonne télé avec la musique à fond (somptueuse BO en plus), vous ne serez pas déçus !!!…

Note : 9/10

Et en bonus la bande-annonce :

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Auteur : Postscriptom

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