[Avis] Poetry, de Lee Chang-Dong

Titre : Poetry
Année : 2009
Durée : 2h19
Origine : Corée du Sud
Genre : Drame
Réalisateur : Lee Chang-Dong

Acteurs : Yoon Jung-Hee, David Lee, Kim Hira

Tiens, il pleut dehors, c’est calme, c’est jolie, c’est apaisant. Si j’allais voir Poetry ?
Attiré par le dithyrambe des critiques presses et spectateur, c’est comme cela, qu’un jour de pluie et de brouillard, David-Vincent s’en alla dans une salle obscure dont il ne revint jamais. Ce qui tombe bien, c’est que David-Vincent ce n’est pas moi. Alors ne je vais pas faire de raccourcis que jamais je ne vais trouver. Pas d’auberge abandonnée, pas d’homme trop las pour continuer sa route. Non, de la poésie.

Finalement c’est quoi la poésie ? Grande question. Vous aurez peut-être la réponse en allant voir Poetry, film coréen de Lee Chang-Dong, qui a également réalisé Oasis et Secret Sunshine, qui sont paraît-il deux très bon films.

Certaines scènes sont un peu longue, et pendant ce temps de l'eau coule sous les ponts...
Certaines scènes sont un peu longue, et pendant ce temps de l

Poetry, dis-moi, ça parle de quoi ?

Dans la province coréenne, Mija vit avec son idiot de petit-fils, un collégien. Dame âgée de plus de 65 ans, c’est une femme excentrique, pleine de curiosités, qui aime soigner son apparence, arborant des chapeaux à motifs floraux et des tenues aux couleurs vives. Le hasard l’amène à suivre des cours de poésie à la maison de la culture de son quartier. Elle cherche alors la beauté dans son environnement habituel… Cependant, survient un événement inattendu et pas glop pour un sou.

Dis-mois Bioman, pourquoi les critiques de Poetry elles-sont aussi bien ?

Parce que petite fille la terre est top jolie, parce que petite fille il y a la jalousie, de tous les méchants… !!!
Attention SPOILERS inside !!! C’est pendant le dernier cours de poésie que Godzilla fusionne avec Bioman et se transforme en god-bioman, que la grand-mère va alors brandir pour corriger tous les tords… heu non, en fait on ne peut pas spoiler ce film.

Si Poetry est très séduisant, le chef-d’œuvre annoncé – prix du meilleur scénario au dernier festival de Cannes, – est par moment bien lent et pas toujours très rempli. Il se passe finalement très peu de choses à l’écran, le scénario n’évolue que très peu, et les dialogues sont toujours décalés (comme bien souvent dans le cinéma coréen) et sans grand sens apparent. Tandis que le temps semble un peu long par moment, l’ennui ne s’installe jamais durablement, on est comme transporté par cette poésie ambiante simple et accessible. L’histoire de cette grand-mère est assez touchante, vivant de façon presque misérable, sans beaucoup de ressources, avec des handicaps caractérisant son âge (alzheimer guette…), considérée par presque personne, mais restant digne et cherchant à trouver la beauté là où elle peut y accéder.

En fin de compte, ce film est une invitation à revoir la hiérarchie des priorités dans la vie. Un bel exemple est l’une des premières scènes du film où la grand-mère va voir son médecin pour un mal au bras. Pendant qu’il l’ausculte (vite fait…), il se rend compte qu’elle a sûrement alzheimer. Dès lors, le médecin occulte bien vite son mal au bras pour ne s’intéresser qu’à son problème de mémoire : elle oublie les verbes, c’est grave docteur, oui mais pourquoi éclipser le reste, car c’est la seule chose apparente ?

Mais qu’est-ce qui est le plus grave ?

D’un côté, cette société coréenne semble ne rien voir, n’être consciente d’aucune réalité morale, et ignore ses maux. Elle ne parle plus à sa jeunesse ou à sa vieillesse. Elle ne soucie que de conserver la face, mais elle peine pourtant à rester digne.

D’un autre côté, notre jolie grand-mère est un brin excentrique, elle s’occupe d’un autre vieillard touché par alzheimer pour gagner sa vie, elle est elle-même touchée par la maladie, bref, son apparence n’est pas reluisante. Mais si elle oublie les mots, elle n’ignore pas les maux et elle essaye de communiquer. Elle reste la personne la plus humaine du film. C’est finalement ça la poésie du film, avec une délicatesse rare, réussir à parler de sujets aussi grave tout en restant léger, à faire le tour de la question sans jamais être grossier.

On a parfois l'impression d'assister à un concours de télépathie
On a parfois l'impression d'assister à un concours de télépathie
Des dialogues décousus, témoignage d'une société autiste...
Des dialogues décousus, témoignage d'une société autiste

Finalement, Poetry, c’est bien alors ? Poetry devait-il pour autant durer 2h20 ? Avec très peu de dialogues, pas d’action, une très légère évolution scénaristique, le fil du récit est décousu. Le film aurait-il réussi à transmettre le même message et les mêmes émotions en durant 40 bonnes minutes de moins ? Si cela avait été le cas, alors effectivement on aurait pu crier au chef-d’œuvre. Mais avec cette volonté constante de ne jamais tracer de gros traits, le réalisateur flirte souvent avec l’ennui au risque de perdre son spectateur. Cependant , c’est peut-être moi qui regarde trop de films de Steven Seagal, je n’ai vu aucun spectateur quitter la séance alors que j’en avais vu pas mal partir pendant la séance de Mammuth (l’autre film poétique de l’année), ce qui est un signe !

Des scènes pures
Des scènes pures
Des thématiques profondes
Des thématiques profondes

Pour le reste, s’il y a une qualité qu’on ne peut pas enlever au film, c’est celle de l’interprétation de l’actrice principale, Yoon Jung-hee. Elle est simplement belle dans son interprétation, :grand-mère souvent effacée, à la limite de la soumission, mais toujours honorable et digne, et simplement heureuse devant la beauté d’une fleur. Elle permet la réussite du film, elle le rend crédible. Son succès repose en grande partie sur la qualité de son interprétation, et rien que pour ça, j’étais content de m’être perdu un soir de pluie dans l’obscure séance d’un cinéma dont je tairai le nom.

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Auteur : Nomad Soul

Elevé au grain en plein air avec les grands écarts et la rhétorique de Jean Claude Van Damme, initié au salto arrière tout en tenant une jarre remplie d’eau par Jackie Chan, The Killer sera sa première grande baffe, suivie par pleins autres baffes : Tsui Hark, Ringo Lam, Johnnie To… puis la découverte des films de la Shaw Brothers. Hong Kong est son pays de prédilection.
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