[Avis] Kichiku, de Tanaka Noboru

Titre : KICHIKU / 鬼畜
Année : 2002
Origine : Japon
Genre : déca(descen)danse
Production : NTV / Shochiku
Réalisation : Tanaka Noboru

Avec : Kitano Takeshi, Kuroki Hitomi, Muroi Shigeru, Hino Yojin, Ishikura Saburô, Kataoka Ryô, Matsukane Yoneko, Morooka Mahiro, Watanabe Tetsu, Namino Kuriko, Okumura Kôen, Ono Takehiko, Saitô Satoru, Sato Emi

Synopsis : un imprimeur, vivant seul avec sa femme, voit un jour sa maitresse débarquer avec leurs trois enfants adultérins. Les choses vont encore se compliquer lorsque la maitresse en question quittera les lieux en abandonnant ses enfants au couple…



L’histoire qui nous intéresse ici a été imaginée par l’un des écrivains les plus populaires au Japon : l’immense Matsumoto Seichô. Bien sûr, l’adaptation la plus mémorable de ce livre est peut-être celle de 1978, avec Ogata Ken…et notre KICHIKU du jour a bien du mal à rivaliser avec ce classique. A sa décharge, il faut préciser que tout cela a été tourné pour la télévision dans le cadre d’une célèbre série de special drama (火曜サスペンス劇場) avec, on le devine, les moyens inhérents à ce genre de production. Il ne faut donc pas s’attendre à des miracles. On a pourtant droit à un réalisateur confirmé (Tanaka Noboru), qui a déjà abordé les univers de Edogawa Ranpo, Abe Sada…bref du roman porno à la sauce Nikkatsu. Pas mal comme carte de visite…même si au final, avec KICHIKU, Tanaka Noboru s’en sortira juste avec les honneurs, sans éclats aucun.

Mais il faut bien avouer qu’il n’est pas aidé par le casting. Si Kitano Takeshi a un charisme indéniable dans un certain style de rôle (bon en gros quand il a le visage fermé), il a toutes les peines du monde à être crédible dans la peau de ce père de famille(s) censé passer par tous les états et jouer sur un large panel d’émotions. La sublime Kuroki Hitomi, pour sa part, n’a rien à se reprocher, mais comment oublier la performance extraordinaire de Iwashita Shima, un peu plus de vingt ans plus tôt ?

L’histoire est heureusement toujours aussi passionnante. Une épouse bafouée mais forte, qui se battra contre vents et marées pour maintenir son couple (et son commerce) à flot. Et tandis que son petit monde coulera doucement mais surement, la maitresse semblera, elle, comme un poison dans l’eau. Cette dernière, hôtesse de profession, qui aura d’ailleurs plus d’importance, puisqu’elle reviendra même à la fin du récit, contrairement à la version de 1978. Un mari à la dérive, enfin, qui aura bien évidemment tout à se reprocher mais dont on devinera aussi les cruelles faiblesses (les trois gamins sont-ils vraiment ses enfants – se doute-t-il qu’il a été manipulé et n’y accorde-t-il en fait aucune importance ?). Puis viendra l’horreur, avec des prises de décision machiavéliques afin de se débarrasser de ces enfants trop encombrants…

Beaucoup moins puissant et convaincant que le KICHIKU réalisé en 1978, cette version de 2002 pourrait néanmoins satisfaire les inconditionnels de Kitano Takeshi et Kuroki Hitomi (ici souvent en sueur – je vends mon film comme je peux), voire les admirateurs de Matsumoto Seichô, qui verront ce drama comme une énième variation sur des thèmes qui leur sont chers.

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Auteur : Oli

Amateur de cinéma japonais mais de cinéma avant tout, de Robert Aldrich en passant par Hitchcock, Tsukamoto, Eastwood, Sam Firstenberg, Misumi, Ozu, Claude Lelouch, Kubrick, Oshii Mamoru, Sergio Leone ou encore Ringo Lam (un intrus s'est glissé dans cette liste, sauras-tu mettre la main dessus - attention il y a un piège).
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