[Avis] True Legend, de Yuen Woo-Ping

Titre : True Legend / 蘇乞兒
Année : 2010
Durée : 1h54
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Kung fu

Réalisateur : Yuen Woo-Ping

Acteurs : Chiu Man-Cheuk, Guo Xiaodong, Andy On, Zhou Xun, Jay Chou, Gordon Liu, Michelle Yeoh, David Carradine

Synopsis : Su Can et Yuan sont deux demi-frères au service de la même armée. Lassé de se battre et d’éclipser les prouesses de son frère au combat, Su Can décide de se retirer en province afin d’ouvrir son école de kung fu et d’épouser Ying, la jeune sœur de Yuan. Les années passent, Su Can et Ying vivent paisiblement avec leur jeune fils. C’est alors que Yuan refait surface, plus tyrannique que jamais. Il assassine le père de Su Can et blesse ce dernier grièvement. Laissé pour mort, Su Can s’entraîne afin de régler ses histoires de famille.

Avis de Laurent : Il aura fallu attendre 14 ans pour retrouver enfin Yuen Woo-Ping derrière la caméra afin de refaire honneur au cinéma d’arts-martiaux hongkongais à la peine ces dernières années. Entre temps, il aura fait le bonheur de quelques programmes télévisés chinois et pris soin de remodeler indigestement le cinéma d’action  hollywoodien. Durant cette triste période de disette, ses réussites sont plutôt rares. On pourra tout juste apprécier ses chorégraphies sur le très bon Fearless de Ronny Yu (2006) et, dans une moindre mesure, sur le sympathique Kung Fu Hustle de Stephen Chow (2004). C’est dire que ce retour au premier plan était attendu par les amateurs de cinéma produit dans l’ex-colonie britannique. L’autre grande nouvelle est le retour de l’excellent Chiu Man-Cheuk dans le rôle principal de Su Can. L’ex-surdoué des plateaux de kung fu aura mis presqu’une décennie pour revenir au premier plan et canaliser un soit disant caractère imprévisible si l’on en croit la presse locale. Il est pour le moins difficile à encaisser le fait que sa dernière apparition derrière le grand écran ait donné lieu au misérable Wesley’s Mysterious Files en 2002 après avoir fait les beaux jours de la Workshop.

Pour son grand retour, Yuen Woo-Ping nous ressert la bonne vieille recette du héros national qui lutte contre l’envahisseur. Dans True Legend, Chiu Man-Cheuk devra affronter son demi-frère maléfique avant de s’occuper de l’envahisseur britannique près à toutes les bassesses pour annihiler les différentes manifestations intrinsèques à la culture chinoise. La grande surprise de ce True Legend réside dans la volonté assumée de Yuen Woo-Ping de revenir aux fondamentaux du cinéma de kung-fu auparavant véhiculé par lui-même (remember Drunken Master ou encore Tai-Chi Master) et par son illustre paternel Yuen Siu Tin. Et après ce long break récréatif, on peut dire que le Yuen Woo-Ping n’a pas perdu de sa superbe lorsqu’il s’agit de revenir aux fondamentaux. L’originalité de son style et la maîtrise de ses chorégraphies sont au rendez-vous avec une succession de combats tous plus variés les uns que les autres. On retrouve l’alchimie nécessaire à tout grand film d’arts martiaux qui se respecte. La lutte fratricide, la rédemption par l’entraînement, les valeurs et l’aspect dramatique font partie intégrante de la trame générale de True Legend. Athlétiquement, Chiu Man-Cheuk et, dans une moindre mesure, Andy On sont parfaitement affutés pour ce retour au premier plan. On regrettera parfois une sur-utilisation des câbles qui défient trop bizarrement les lois de la pesanteur. Dommage, d’autant plus que dans la plupart des scènes de combats, elles ne se justifiaient pas vraiment. Concernant l’histoire en elle-même, elle risque d’en laisser plus d’un sur le carreau du fait des libertés prises par son réalisateur dans sa propension à passer du coq à l’âne. Parfois sobres, parfois dramatiques, parfois initiatiques, parfois historiques et salutairement fantastiques, les nombreuses séquences s’enchaînent à un rythme effréné et imprévisible. On notera par exemple une dernière partie un peu poussive qui part dans tous les sens avec ses traditionnels combats de catch face à des occidentaux bodybuildés. L’aspect déroutant de certains passages reste tout de même jubilatoire à défaut d’être compréhensible. On appréciera aussi la présence de caméos de premiers choix confirmant le fait que le carnet d’adresse de Yuen Woo-Ping est impressionnant (Jay Chou, Gordon Liu, Michelle Yeoh ou encore feu David Carradine !). Notons tout de même que la plupart de ces personnages ne servent absolument pas le récit … juste de la flambe !

Le gros point faible de True Legend réside, par contre, dans le parti pris esthétique choisi par Yuen Woo-Ping. Bien que les décors soient grandioses et singuliers, le résultat est passablement gâché par des CGI d’un autre temps. Par comparaison, Stormriders offrait le même spectacle alors qu’une dizaine d’années sépare True Legend du classique d’Andrew Lau ! Avouez que ça fait tâche tout de même …

En définitive, malgré ses défauts et ses incompréhensions, True Legend marque un retour gagnant des deux anciens monstres de Hong Kong en offrant un spectacle généreux et total. Si True Legend est très loin de révolutionner le cinéma d’arts-martiaux hongkongais, on pourra toujours se satisfaire de ce divertissement qui est au niveau des dernières grandes réussites que sont le Fearless de Ronny Yu ou encore le Ip Man du duo Wilson Yip et Donnie Yen. Ça paraît peu mais c’est déjà beaucoup. Vivement la suite …

Note : 6/10


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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