Titre : Raging Phoenix, aka Deu suay doo
Année : 2009
Durée :
Origine : Thailande
Genre : High kick
Réalisateur : Rashane Limtraku / Panna Rittikrai
Acteurs : Yanin Vismistananda, et surement plein d’autres
Synopsis : Une jeune fille est sauvée de l’enlèvement par un trois hommes pratiquants un art martial mélangeant muay thai et technique de l’homme ivre. Elle reste avec eux pour apprendre leur technique et mettre un terme aux agissements du gang qui a voulu l’enlever.
Avis de yume : S’il y a quelque chose à retenir de l’évolution des films d’action thaïlandais c’est bien une hausse du savoir faire technique accompagné d’une baisse sensible des risques. Inutile de remonter aux B-movies de Rittikrai des années 80, dans lesquels on se tirait dessus à balles réelles par exemple. Prenons juste comme point de départ le réputé Ong Bak, justement coordonné par ce même Rttikrai. Cascades de folies au mépris des règles de sécurité élémentaires, coups portés qui font mal, mais manque d’originalité des chorégraphies (Ong Bak est quand même bien répétitif) même si le tout a apporté un vent frais de renouveau sur un plan pan-asiatique. Depuis les quotas s’inversent et l’action martiale thaïlandaise gagnent en formalisme ce qu’elle perd en mépris du risque. Et ce n’est pas un mal car si c’est dans le fond sympa de savoir que les cascadeurs sont sortis sur une civière après leur scène, il n’y a au fond pas de raisons de blesser des gens pour un simple divertissement.
Raging Phoenix marque bien cette évolution depuis Ong Bak, tout en gardant une caractéristique majeures des films martiaux thaïlandais : l’histoire est d’une nullité abyssale et se résume à un parcours en forme de tableaux successifs. Soit le grand poncif qui a fait les plus grands films d’actions. Et dans son genre ce Raging Phoenix pourrait bien marquer les esprits, peut être plus que Chocolate qui en 2008 mettait déjà sous les feux de la rampe la nouvelle protégée de Rittikrai : Yanin Vismistananda. Calmons tout de suite les esprits chagrins, l’actrice n’a toujours pas réglé ici son manque d’impact dans les coups, mais tout a été fait pour gommer le probleme en passant majoritairement outre les combats 100% muay thaï, style qui demande effectivement de la puissance d’exécution en plus de la rapidité. Et justement la rapidité tout comme la fluidité sont les vrais arguments techniques de Yanin Vismistananda (elle est pratiquante de taekwendo). Rittikrai, qui officie ici encore en qualité de chorégraphe, prend en compte ce paramètre et s’adapte à son actrice ; tout en trouvant le moyen de se renouveler en proposant de nouvelles pistes et idées techniques qui ne plairont néanmoins pas à tout le monde puisque la majorité des mouvements martiaux de Raging Phoenix sont un mélange de hip-hop et muay thaï saupoudrés d’une énorme couche de technique de l’homme ivre. On passera rapidement sur le politiquement correct qui fait que finalement l’héroïne maitrise tout ça sans boire une goutte d’alcool et la punch line publicitaire qui l’accompagne en gros plan : « l’alcool c’est mal », pour se dire que si on est loin d’un Jackie Chan s’engloutissant des tonneaux à n’en plus finir, le parti pris des chorégraphies a un sacré bon rendu à l’écran et donne enfin une impression de travail chorégraphié et coordonné dans ses plus minces détails, avec par exemple une coordination avec la musique de la bande originale (la première grosse scène dans le hangar). Alors certes il faut aimer le hip hop gras, mais cette recherche technique est clairement rafraichissante, malgré ses emprunts éhontés (soyons honnêtes).
L’autre point fort du film est l’identité visuelle des décors. D’une banale histoire, Raging Phoenix tend parfois vers le jeu du cirque version Running Man, ou à l’opposé vers le fantastique tendance fantasy (l’antre final mais aussi l’argument du vol de larmes). De beaux décors et une utilisation intelligente de ceux ci, ainsi que des objets, dans les chorégraphies, laissant planer ici encore un spectre de Jackie Chan. Tout cela confère à Raging Phoenix une haute teneur en mémorable scenes de fight et contentera sans problèmes les amateurs du genre. Ces mêmes amateurs passeront outre, par habitude, sur le remplissage liant ces fameux moments. Les autres trouveront quand même le temps diablement long, la faute à un scénario prétexte qui aurait pu être expédié en 20mn de moins, et souffriront de la qualité de l’interprétation; même si Yanin Vismistananda sait exploser de charisme dans les combats. Une dernière bonne note pour finir, et pas des moindres, Raging Phoenix ne cède pas à la mode du cadrage et montage stroboscopique. Tout est lisible, clairement découpé et laisse le champ libre à des chorégraphies et mouvements totalement subjuguants de part leur audace. Tout juste regrettera t-on le câblage bien visible sur certaines actions. Et le câble c’est le mal ! même s’il permet une sécurité d’exécution.
Bonne surprise donc. Donnie Yen va encore faire une montée de stress en constatant qu’il n’arrive pas à raccrocher au wagon, trop occupé qu’il est à sa huiler son torse de beau gosse.