Titre : A Woman Called Sada Abe / La Véritable Histoire d’Abe Sada / 実録阿部定
Année : 1975
Durée : 1h16
Origine : Japon
Genre : Pinku Eiga
Réalisateur : Tanaka Noboru
Acteurs : Miyashita Junko, Hideoki Ezumi, Sakamot Nagatoshi
Synopsis : Japon, 1936 : une serveuse découvre le corps étranglé et émasculé d’un homme de 41 ans prénommé Kichizo, marié et père de famille. Les journaux du 20 mai annoncent l’arrestation de sa maîtresse « la sorcière Abe Sada ». Mais celle-ci a utilisé bien d’autres prénoms au cours de sa vie. Elle raconte elle-même comment, du 23 avril au 7 mai, elle a poussé jusqu’à l’extrême les limites de son « amour fou » pour Kichizo.
Avis de Laurent : Inspiré d’un fait divers qui a défrayé la chronique japonaise en 1936, A Woman Called Sada Abe raconte comment une femme a poussé son amour jusqu’au meurtre sadique de son amant. Après l’avoir étranglé et mutilé, elle lui coupa le pénis afin d’en faire un porte bonheur pour le moins original. Remarquez, ça a quand même plus de gueule que la traditionnelle patte de lapin qui faisait alors fureur dans les cours de récréations. Impossible d’évoquer le film de Tanaka Noburu sans se référer au classique L’Empire des Sens d’Oshima Nagisa qui base lui aussi son récit sur ce terrible drame. Totalement éclipsé par le chef d’œuvre d’érotisme auteurisant du maître Oshima, A Woman Called Sada Abe n’en reste pas moins une œuvre singulière qui se démarque qualitativement de la multitude de pornos soft qui a inondé le marché japonais durant les années 70. Sans renier un cinéma d’exploitation qui impose des codes cinématographiques liés aux contraintes de producteurs peu soucieux de l’exigence artistique, A Woman Called Sada Abe se hisse tout de même au-delà d’un film érotique lambda. Moins osé et moins démonstratif que L’Empire des Sens (certaines scènes étant clairement pornographique dans la version d’Oshima), Tanaka Noboru ficèle avec une dextérité louable sa mise en scène afin d’offrir des plans les plus justes possibles et de compliquer un minimum son récit par quelques flashbacks salutaires. L’action se déroule, en règle générale, dans une auberge aux décors minimalistes. Sur ces plans viennent se juxtaposer des séquences tournées en extérieur mises en valeur par un scope impeccable. Ces dernières viennent troubler un climax pour le moins moite et claustrophobique. En ce qui concerne les séquences de sexe, elles sont nombreuses et globalement pudiques ne dévoilant que le minimum syndical sans pour autant nuire au pouvoir érotique de l’ensemble.
Subversive et soignée, l’œuvre de Tanaka Noboru mérite bien plus que cette comparaison injuste avec L’Empire des Sens. Sans oublier qu’elle pousse son récit au-delà du meurtre puisque la cavale et l’arrestation de Sada Abe seront traitées.
Note : 7/10