Titre : A Bloody Aria / One Miserable Day
Année : 2006
Durée : 1h55
Origine : Corée du Sud
Genre : Comédie dramatique (ou cauchemar complétement barré!)
Réalisateur : Won Shin-Yeon
Acteurs : Ahn Suk-Kyu, Lee Moon-Shik, Oh Dal-Su, Cha Ye-Ryeong, Lee Byeong-Jun…
Synopsis : Un professeur de musique et son élève rentrent en voiture d’une audition en province. Sur le chemin, ils se font arrêter par un policier pour avoir grillé un feu rouge, puis après l’avoir provoqué, vont se cacher près d’une rivière en attendant. Là, le professeur tente de violer son élève qui s’enfuie. Trois personnes arrivent alors et menacent le professeur. La fille, qui trouve quelqu’un pour l’emmener à la gare, se voit ramenée là où elle a quitté le professeur..
Avis de Jang Gerald : En voilà un film qui prend par surprise, car sous son habillage promotionelle des plus trompeuses (le film a été vendu comme une simple comédie) se cache en vérité un film d’une noirceur et d’une violence inouïe.
Dès le début, on sent de suite que le film a quelque chose de particulier : un professeur de musique ramène son élève, une jeune fille, à Séoul après une audition, on sent que l’homme à des idées derrière la tête, mais sera arrêté par un flic, intérprété par le grand Han Suk-Kyu, le ton monte, et les 2 hommes, en l’espace d’un instant, deviennent de véritables énnemis.
Après cette incartade, notre professeur emmène la fille dans un coin reculé, près d’un lac, au milieu des montagnes pour…la violer.
La fille finira par s’enfuir et tomber sur deux jeunes barjos entrain de s’acharner sur un sac dans lequel est enférmé un jeune lycéen…au même moment, le professeur fera face à un autre homme pas bien dans sa tête dont le passe temps est de frapper les oiseaux à coup de batte de baseball…ces personnes se connaissent et se retrouveront auprès du professeur.
C’est ici que commence une histoire dérangeante des plus bizarres, peuplée de personnages plus barges les uns que les autres, un cauchemar éveillé quoi!
Le réalisateur prend le temps de placer son histoire pour installer une ambiance des plus glauques, où l’on se sent vite étouffé, malgré le fait que le film prenne place dans un seul et unique décor, une éspèce de huit clos oppressant, mais à l’air libre…ce décor prend donc une place importante, un point de non retour, comme on peut le voir avec la fille qui s’échappe de justesse au viol par son professeur, mais croyant être aidée, se retrouve ramenée au point de départ.
La psychologie de chaque personnage est étalée de façon rapide mais efficace. Leurs passés respectifs emmèneront notre petit monde dans une montée de violence qui ira crescendo, la tension extrême se faisant d’abord ressentir dans des dialogues admirablement écris, où l’on passe du rire à l’effroi en l’espace d’une seconde.
Malheureusement, malgré toutes les bonnes intentions du réalisateur à vouloir instaurer une ambiance unique grâce à une mise en scène ingénieuse qui évite de tout balancer dès le début (on ne sait vraiment pas où l’on va, un peu comme les protagonistes), le film finit par décevoir dans sa dernière partie, une demi-heure où l’on comprend le pourquoi du comment, après de multiples renversements de situations, sans compter la décèption quant à la petite présence à l’écran de Han Suk-Kyu, 10 minutes, pas plus.
Dommage, car un film coréen qui sort des chantiers battus est quelque chose de rare, mais le réalisateur, en ne prenant aucun parti pris et en nous laissant en tant que simple témoin finit par nous lasser et réussi finalement à nous faire décrocher de cette histoire jusqu’ici prenante.
Reste une ambiance unique, où le comique cotoîe la violence avec une aisance et une complaisance des plus troublantes , ainsi que des acteurs géniaux, Lee Moon-Shik et Oh Dal-Su en tête.
A voir donc, ne serait-ce que par curiosité, enfin si le malsain et la violence gratuite sont vos tasses de thé !
Note : 6/10
Avis de Cherycok : Après avoir passé bien 5 ans sans voir le moindre film coréen après de nombreuses déceptions, voilà que je décide de m’y replonger un peu en me disant qu’il doit bien y avoir quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent depuis ces 5 dernières années. Sous les conseils avisés de quelques forumeurs, je me lance donc un peu dans l’inconnu et commence par un A Bloody Aria donc j’ignore à peu près tout si ce n’est ce qu’en dit Jang Gerald sur sa chronique (ci-dessus) que j’avais lu il y a plus d’un an de cela.
Après visionnage, c’est plutôt une bonne impression qui en ressort même si la première moitié du film, avec la mise en place de l’histoire et une présentation des différents personnages, traîne quand même un peu en longueur…
A Bloody Aria est en fait une espèce de huit clos mais en extérieur, avec pour seul et unique lieu une sorte de terrain vague au bord d’un lac. On va y suivre les mésaventures d’un célèbre professeur de musique (Lee Byeong-Jun) qui va s’arrêter dans un cul de sac plutôt calme, pour essayer d’abuser sexuellement de la jolie élève (Cha Ye-Ryeong) qu’il ramène à Seoul. Tout va rapidement se compliquer pour eux lorsqu’ils vont être confrontés à trois énergumènes et à leur chef psychologiquement instable (Lee Moon Shik).
De ce pitch va se mettre en place une longue première heure durant laquelle les personnages vont arriver dans l’histoire à tour de rôle. Chacun avec ses travers, que ce soit les « gentils » ou les « méchants ». Won Shin-Yeon va prendre son temps et va faire petit à petit monter la pression de cette situation oppressante où on ne connait pas les vraies intentions des quatre « ravisseurs », agressifs dans un premier temps, puis plus dociles, et de nouveau violents. L’atmosphère est assez pesante, tout est vraiment fait pour mettre le spectateur mal à l’aise, même lors des quelques gags qui ponctuent le film ci et là. Et le problème c’est qu’à trop vouloir faire monter cette pression, on arrive à se demander si le film va vraiment s’énerver à un moment ou à un autre et on commence même parfois à un peu s’ennuyer.
Mais environ vers la moitié du film, suite à une phrase somme toute anodine, on voit le regard de Lee Moon Shik changer. Son personnage à la limite de la schizophrénie commence à faire vraiment peur et on sent que quelque chose va se passer.
Et c’est ce qui arrive. Sans jamais tomber dans le gore, on va assister à un festival de violence, aussi bien physique que morale. Baston, tentative de viol, humiliation, personnages qui pètent un plomb, c’est vraiment sur cette deuxième partie que le film réussi son pari. Les acteurs, principalement Lee Moon Shik, sont tous vraiment excellents dans leur rôle et aucune fausse note n’est à signaler. Dommage que Han Seok-Kyu soit si peu présent (alors que la jaquette du film le met en premier plan), son personnage de flic assez borderline aurait mérité un meilleur traitement et hormis 5 petites minutes au début et 10 sur la fin, il est absent tout le long du film.
Le final pourra sans doute en décevoir certain. Pourquoi ce besoin de nous expliquer comment ces personnages sont devenus ce qu’ils sont, garder le mystère peut avoir parfois un côté encore plus inquiétant, surtout dans ce genre de film.
Mais malgré tout, A Bloody Aria est un film des plus sympathiques. Le sujet de la vengeance et des violences scolaires a certes été déjà abordé de nombreuses fois dans le cinéma, l’originalité d’en avoir fait un huit clos en extérieur et les excellents personnages sauvent la mise et font du film un bon divertissement, certes à ne pas mettre entre toutes les mains…
Note : 6.5/10
Et en bonus, voici le trailer du film :