Yanka, 23 ans, est la jeune maîtresse d’un directeur de cirque itinérant, un homme colérique et brutal. Un jour, un léopard en provenance d’Afrique est accueilli comme nouveau pensionnaire au sein du cirque. La nuit même, l’animal est retrouvé dans sa cage en un tas informe de chair sanguinolente. Alors que tout le monde recherche le responsable, une mystérieuse forme de vie qui habitait les entrailles du fauve s’introduit dans le corps de Yanka. Le lendemain, la jeune femme se trouve enceinte d’un être qui la pousse au meurtre pour assouvir sa soif de sang humain.
Avis de Rick :
Baby Blood a une place particulière dans le cinéma français. En effet, il s’agît du premier film gore made in France, à une époque où les producteurs étaient plutôt frileux, et que le genre lui connaissait ces moments de joies en Amérique. Rapidement, le film a atteint un statut de film culte. Et comme toujours avec les films cultes, cela ne signifie absolument pas chef d’œuvre. Soyons clair, Baby Blood n’en est pas un, loin de là, souffrant de très nombreux défauts, mais dont certains finiront pas rendre l’œuvre attachante. Parfois maladroit, souffrant d’un petit budget et d’un petit temps de tournage, à l’interprétation souvent chaotique, avec une histoire minimaliste, Baby Blood parvient pourtant à émerveiller (même si c’est un bien grand mot) le spectateur, grâce à ses nombreux et très réussis effets gores, son actrice principale investie et crédible (elle, au moins), ces nombreux caméos (Alain Chabat, Lafesse, Audiard, ou même le chien Baxter) plus qu’amusants ou encore la sincérité de son propos, par une équipe qui semble y croire, et croit en son film, livrant ainsi une série B lorgnant parfois, à cause de ses maladresses, avec le Z, mais semblant totalement assumé. Bref, Baby Blood, c’est l’histoire d’une jeune femme, Yanka, enceinte d’un monstre, qui lui parle et que seule elle entend, et qui a besoin de sang humain pour grandir et ainsi naître. Un postulat simple, pour une histoire qui n’ira pas plus loin, nous invitant simplement à suivre Yanka au fur et à mesure de ses rencontres, ou plutôt, ses victimes.
Et dès la scène d’ouverture, nous pouvons avoir peur du métrage, en entendant la voix du monstre, risible (et faite par le réalisateur lui-même). Disparaissant ensuite du récit pour nous présenter le personnage de Yanka et l’univers dans lequel elle évolue au départ, à savoir celui du cirque, le réalisateur accumule quelques erreurs, notamment de casting. Il faut le dire, c’est souvent… très mal joué. Les acteurs manquent souvent de naturel, et pire, les dialogues ne sont absolument pas d’une grande finesse. Incroyablement vulgaires, ils sont souvent débités par des acteurs qui en font des tonnes, autant en terme d’intonation que de gestuelles, la palme revenant sans doute à Jean-François Gallote (Espace Détente) et Roselyne Geslot. Heureusement, ces acteurs traversent le métrage à la vitesse de l’éclair, arrivant sur le chemin de Yanka avant de périr de façon souvent douloureuse. Et c’est dans ces moments que le réalisateur peut se faire plaisir, allant jusqu’à nous livrant des plans par moments ingénieux. Coups de couteaux en vue subjective, explosion de personnage, coup d’extincteur longtemps avant Irréversible, j’en passe et des meilleures, et toute l’équipe semble s’éclater à mourir. Le réalisateur lui réussit l’impossible, donnant une énergie à ses scènes de carnages, surpassant alors littéralement les difficultés imposées par son manque de budget.
Les maquillages sont extrêmement bien faits et nombreux, certains plans réussissent à être saisissants, comme cette visite filmée à l’intérieur du corps de Yanka, ou encore cette scène d’accouchement plutôt douloureuse, et on navigue ainsi de surprises en surprises, entre étonnement et rires, qu’ils soient volontaires ou non. Car si par certains aspects, le film ressemble à un film Z, de nombreux éléments d’humour noirs sont présents et totalement volontaires. Et malgré cette direction très décontractée, le métrage se permet d’explorer quelque chose d’un peu plus sombre et désespéré, puisque tous les hommes que Yanka croisera ne seront dépeints que comme des menteurs, des manipulateurs, des pervers, des hommes violents… Un portait, bien qu’appuyé jusqu’au point d’en devenir comique, pas très glorieux pour les hommes. Et si la plupart des acteurs que croisera Yanka ne seront pas toujours au top de leur forme (même Alain Chabat, pour une rapide apparition, va surjouer), on ne pourra pas en dire autant de la jeune femme, jouée par Emmanuelle Escourrou, qui si elle se montre parfois hésitante en début de métrage, s’amèliore sur toute la durée jusqu’à être son personnage, purement et simplement, se dévoilant sans détours devant la caméra, nue, couverte de sang, criant, hurlant. Et malgré son final on ne peut plus expéditif, on ressort finalement content de la vision de ce Baby Blood, malgré ces nombreuses fausses notes, on peut sentir derrière ce métrage parfois chaotique une véritable envie de divertir et de faire quelque chose de différent en France, le tout avec un grain de folie salvateur. Un film important !
Baby Blood est un film important dans le paysage cinématographique français. Imparfait, mais oh combien attachant.
Titre : Baby Blood
Année : 1990
Durée : 1h30
Origine : France
Genre : Horreur
Réalisateur : Alain Robak
Acteurs : Emmanuelle Escourrou, Christian Sinniger, Jean-François Gallote, Roselyne Geslot, François Frappier, Alain Chabat, Jacques Audiard, Jean-Claude Romer, Jean-Yves Lafesse
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