Après avoir échappé à des tueurs qui ont assassiné ses parents, le jeune Mani est recueilli par un maître d’arts martiaux. Ayant reçu une balle dans la tête, il ne peut plus ressentir d’émotions. Après avoir reçu l’enseignement de son maître pendant des années, il part à Bangkok retrouver les meurtriers. Dans sa quête de vengeance, il trouvera de l’aide en la présence de deux français expatriés, une journaliste et un combattant qui participe à des joutes clandestines.
Pti Denis :
Le cinéma Français n’a jamais été très productif dans le domaine du film d’arts martiaux. Si à partir des années 2000, certains réalisateurs (Christophe Gans ou Luc Besson) ont fait venir des grands chorégraphes Hongkongais tels que Yuen Woo-Ping, Corey Yuen Kwai ou Philip Kwok pour travailler sur leurs productions (Le Pacte des Loups, Danny the Dog, Le Baiser Mortel du Dragon), depuis, ce mouvement s’est complètement stoppé. Rares sont les Français à s’être spécialisés dans le réglage de scènes d’arts martiaux. Les deux seuls aujourd’hui reconnus dans le métier (y compris à l’international) sont Cyril Raffaelli et son style tourné vers les acrobaties (Banlieue 13, Tekken) et Alain Figlarz, spécialiste des scènes impliquant la lutte rapprochée tel que le Close Combat (La Mémoire dans la Peau, Chrysalis).
Il y a fort à parier qu’un de ces deux acteurs-cascadeurs travaillera dans les années à venir avec Jean Marc Minéo.
Ancien champion national et mondial de Wushu, élève dans l’un des temples de shaolin, le passif martial de Jean-Marc Minéo a naturellement orienté ses choix quand il décida de réaliser son premier film après s’être fait la main sur deux courts-métrages.
Pur film d’arts martiaux, Bangkok Fighter (originellement titré Bangkok Renaissance lors de sa sortie salles en 2012) avait tout du projet excitant. Coproduction Franco-Thaïlandaise tournée en Thaïlande, un expert en Wushu à la réalisation, un excellent artiste martial (Jon Foo) en guise de héros principal, tous les ingrédients pour accoucher d’un nouveau Ong-Bak ou Merantau étaient réunis.
Malheureusement, le résultat n’est jamais à la hauteur de nos attentes. Avec son postulat de série B (un expert en combat recherche les assassins de ses parents) et sa courte durée, nous pouvions au moins nous attendre à un film rythmé alignant un nombre conséquent de joutes martiales. Autant dire que les trop fréquentes longueurs du film passent d’autant plus mal que l’action est bien le seul intérêt du métrage.
Avec un déroulement scénaristique en roue libre et des acteurs peu à l’aise dans leurs rôles (Caroline Ducey et Michaël Cohen échouent à faire exister leurs personnages), Bangkok Fighter ne possède aucune densité dramatique. Jon Foo tente d’apporter une certaine consistance à son rôle mais sorti des scènes de combat, lui non plus n’arrive pas à faire illusion.
Le choix de situer l’histoire en Thaïlande semblait digne d’intérêt. Au final, le film s’apparente trop souvent à un décalque fauché d’Ong-Bak. Le héros qui découvre la dangerosité du milieu urbain (en l’occurrence Bangkok), son accoutrement ainsi que son aspect physique, Bangkok Fighter lorgne à de nombreuses reprises du côté d’Ong-Bak. Mais au contraire du Merantau de Gareth Evans qui, lui aussi entretenait plusieurs similitudes avec le film de Prachya Pinkaew dans sa première partie pour ensuite se créer sa propre identité, le métrage de Jean-Marc Minéo n’arrive jamais à s’extirper de l’ombre d’Ong-Bak.
Niveau combat, la déception est également de mise. Certes, on a vu bien pire, et Bangkok fighter contient trois ou quatre affrontements assez plaisants, mais le résultat aurait pu être bien meilleur si Jean-Marc Minéo avait plus privilégié les combats en plan large. Au lieu de ça, il opte trop souvent pour un cadrage serré et essaie d’insuffler du rythme à ses séquences par un montage trop haché (les dernière productions d’Europa, Taken 2 en tête, souffrent des mêmes problèmes de lisibilité).Des défauts de mise en scène qui gâchent en partie l’énorme potentiel physique de Jon Foo (voir l’hommage raté à Kickboxer avec son combat en vue subjective). Acteur apparu dans L’honneur du Dragon et Tekken, Jon Foo n’a nullement besoin de bidouillage visuel pour paraître martialement impressionnant. L’homme a toutes les qualités pour être crédible en héros de films d’arts martiaux. Rapide, souple et puissant, il apporte à Bangkok Fighter ses seuls moments dignes d’intérêt.
Le chorégraphe du film, David Ismalone (cascadeur entre autre sur Ong-Bak, The Twins Effect, et Les fils du Vent) a conçu des affrontements à base de Wushu et de Muay Thai. Dommage que ses combats, rapides et violents, ne soient pas servis par une meilleure réalisation. En revanche, Jean Marc Minéo se montre plus inspiré quand il situe l’action dans des espaces confinés (ascenseur, voiture ou le meilleur fight du film, à l’intérieur d’un métro). L’étroitesse des lieux permet au réalisateur et à son chorégraphe de mettre sur pied des combats inventifs et assez brutaux. Même constat pour le final où Jon Foo se bat à l’intérieur d’une maison en ayant les mains menottées. La séquence met l’accent sur la puissance des coups, ce qui nous permet de bien à ressentir la rage qui se dégage du héros face à ceux qui ont tués ses parents.
Bilan mitigé pour ce Bangkok Figher pourtant alléchant sur le papier. Si quelques scènes de combat satisferont l’amateur, le film ne décolle réellement jamais. La faute à un script inconsistant, des acteurs ayant peu à défendre et une mise en scène manquant de fluidité. Ce premier essai montre néanmoins qu’en France, certains sont prêts encore à s’essayer aux films d’arts martiaux. Les meilleures intentions ne donnant pas forcément les meilleurs résultats, l’initiative de Jean-Marc Minéo est tout de même à saluer, et nous attendons impatiemment son prochain effort, un film d’arts martiaux tourné en Algérie avec Mike Tyson, en espérant qu’il ne réitère pas les mêmes erreurs.
Titre : Bangkok Fighter / Bangkok Renaissance / Bangkok Revenge / Rebirth
Année : 2012
Durée : 1h22
Origine : France / Thaïlande
Genre : Arts Martiaux
Réalisateur : Jean-Marc Minéo
Acteurs : Jon Foo, Caroline Ducey, Michaël Cohen, Ying-Julaluck Ismalone, Aphiradi Phawaphutanon , Winai Kribut, Kowitch Wathana, Lioutsia Goubaidoullina, Thiraphong Riawrukwong
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