Titre : Champions / Duo Biao / 夺标
Année : 2008
Durée : 1h57
Origine : Hong-Kong / Chine
Genre : Action / Kung-fu
Réalisateur : Tsui Siu Ming
Acteurs : Dicky Cheung, Yu Rong Guang, Maria Cordero, Priscilla Wong, Tse Miu…
Synopsis : l’histoire se déroule en 1936, lorsque la Chine a envoyé 69 athlètes pour participer aux Jeux Olympiques de Berlin dont 9 athlètes d’une équipe de wushu afin qu’ils démontrent leur art. Bien que la délégation chinoise n’est pas brillée aux Jeux, les démonstrations de wushu ont particulièrement impressionnées les autres nations. C’est de cet évènement que le wushu s’est fait connaître dans le monde.
Avis de Jang Gerald : A l’instar de Wushu, Champions veut rendre hommage aux arts martiaux, et plus particulièrement aux Jeux Olympiques et athlètes chinois (réalisé en 2008, tiens!).
Et tout comme le long métrage de Anthony Szeto, Champions agrémente son histoire principale de péripéties propices à l’aventures et aux affrontements, sauf qu’ici, on a à faire au vétéran Tsui Siu Ming, celui qui est derrière le désormais culte Mirage, qui pour beaucoup est LE film d’action hong-kongais par excellence (je ne l’ai toujours pas vu, mais qu’est ce que j’attends?!), mais aussi le sympathique Bury me high et les combats de Born to defend, la seule réalisation de Jet Li à ce jour!
Sur son nouveau long métrage, Tsui Siu Ming porte la casquette de metteur en scène donc, mais aussi de scénariste, producteur, et chorégraphe.
Doté d’un budget confortable, il nous gratifie d’une mise en scène travaillée, de jolis décors, mais également d’une reconstitution historique pour le moins réussi, même si on ressent à plusieurs reprises un manque flagrant de souffle épique, qui malheureusement handicape sérieusement le film.
En effet, malgré les efforts louables cités plus haut, quelques maladresses viennent ternir le tableau, à commencer par des travellings numériques mal foutus mais surtout inutiles (n’est pas David Fincher qui veut!) , quelques scènes où l’on sent un manque cruel de figurants, là ou d’autres montrent tout le contraire, comme ce passage dans l’arène, mais on est loin d’une réussite visuelle comme l’a pu l’être le monumental Fearless (enfin Le maître d’armes chez nous) de Ronny Yu, et un scénario faussement compliqué.
Bien qu’il ne joue pas dans la même catégorie, le film de Tsui Siu Ming ne s’avoue pas vaincu pour autant, loin de là.
Plaçant son film dans un contexte historique et politique des plus intéréssants, avec une envie certaine de vouloir surfer sur le succès des J.O de Pékin, Tsui Siu Ming parvient tout de même à décevoir et à nous ennuyer les premières minutes, non pas que l’histoire soit mauvaise, mais son déroulement décousu où l’on suit pas moins de trois histoires différentes, pêche par son manque de fluidité certain. Même la première scène d’action nous laisse de marbre tant elle ne dégage rien d’original, ni de foncièrement spectaculaire, une course poursuite semée d’obstacles (un peu comme celle de Wushu dans le parc d’attraction), la mise en scène est en plus à la ramasse, comme si le réalisateur (Tsui siu Ming quand même, excusez du peu!) n’arrivait plus à filmer des scènes d’action. Malgré cela, on sent tout de même que le film nous promet quelque chose de bien meilleur par la suite, ce n’est qu’un début laborieux.
On ne s’y est donc pas trompé, le reste est bien meilleur, dès lors qu’une école adverse fait son irruption dans le train train quotidien de Dicky Cheung et son maître Yu Rong Guang. On retrouve ainsi Tsui Siu Ming comme on le connaît, c’est à dire un grand chorégraphe, en nous proposant un affrontement spectaculaire entre Dicky Cheung et Chui Heung Tung, où la mise en scène arrive enfin à capter le moindre mouvement, sans en perde une miette, tout est fluide, et diablement efficace.
Courte mais d’une efficacité redoutable, cette scène marquera le changement du long métrage, placé sous le signe des combats traditionnels, comme à la bonne époque.On aura même droit à un court sur les différentes formes de combats, avec en sus, des explications mettant en scène de véritables insectes (la mante religieuse, inévitable), orignal et captivant!
Ces trois histoires que l’on pouvait trouver ridicules ou inutiles, deviennent donc importantes quant à l’interaction des différents personnages, amenant biensûr à des scènes d’action que l’on n’éspérait plus. Entre l’envie d’un maître et de ces disciples de participer aux J.O, et celle de l’école adverse qui veut à tout prix démontrer que leur kung fu est de loin le meilleur, la compétition permanente entre deux femmes adeptes de la course à pied, et enfin l’histoire d’un gangster qui n’a qu’un seul objectif, plumer son oncle.
Pour arriver au spectacle attendu, on aura donc droit à des situations cocasses, vaudevillesques, comme celle, hilarante, où plusieurs personnes essayent tant bien que mal à cacher l’existence d’un bébé, mais aussi des situations dramatiquement lourdes, où l’on s’aperçoit les limites des acteurs, surtout du coté du casting féminin, sans compter Dicky Cheung, qui a beaucoup de mal à nous faire passer des émotions.
Mais bon, tout cela respire la bonne humeur, la production d’antan, où le scénario n’était que prétexte à des scènes d’action, et où les acteurs s’en sortaient mieux lors des scènes de combats.
A noter la présence de Tse Miu, vous savez celui qui jouait le fils de Jet Li dans le génial (et injustement inédit chez nous) My father is a hero de Corey Yuen, il a bien grandit, tout comme ses aptitudes physiques, réellement impressionnantes, de plus, il se débrouille dôlement bien en tant qu’acteur.
Et les scènes de combats, ce Champions nous en résèrve de très bonnes, avec notamment un excellent final (enfin 20 minutes avant la fin!) qui fait plaisir à voir, où l’on peut même voir que Yu Rong Guang a encore pas mal de ressources. Nous sommes donc dans un entrepôt où la plupart des protagonistes sont présents, le climat est tendu, tout le monde s’affronte pour diverses raisons, s’enchaînent alors des combats réellement spectaculaires, à la fois traditionnels et modernes avec utlisation des cables. Certains auront mauvaise langue, en clamant haut et fort que c’est cablé abusivement, mais pour cette production, ce qui aurait pu être un reproche devient un véritable bonheur, on se souvient des Taï chi master, Taï chi 2, et autres Claws of steel, ces magnifiques productions où les affrontements pouvaient aussi bien être réalistes que fantaisistes, mais sans jamais oublier de divertir le spectateur avide de sensations fortes, choses que l’on oublie un peu trop avec l’arrivée récente d’un certain renouveau du cinéma de Hong-kong (SPL, Flashpoint…), où le réalisme à tout prix oublie parfois le principal : le divertissement pur. Je vous rassure, le cablage n’est pas non plus utilisé à outrance comme sur Evil cult, mais reste là pour accentuer quelques coups ou autres pirouettes spectaculaires, un peu comme Fearless justement, utilisé à bon escient donc.
Ce final est donc à l’image de ce qui se faisait à l’époque, l’action est à son paroxysme, où tout le monde se bat, au milieu de l’entrepôt en feu, avec explosions à la clé, bref, du bonheur comme on n’en voit plus mlaheureusement, tout en y injectant des scènes dramatiques!Ouf!
Les défaut et qualités de Champions font de ce film une oeuvre sympathique, humble et généreuse, un moment nostalgique qui montre que l’on peut encore faire un vrai cinéma d’arts martiaux, comme à la bonne époque, et de plus avec un casting loin d’être en vogue, rien que pour cela, le film de Tsui Siu Ming se doit d’être impérativement vu, histoire de se rappeller du bon vieux temps!
Note : 6/10