Un homme rentre chez lui après une dure journée. Alors qu’il tente de dormir, il est réveillé par quelqu’un tentant d’ouvrir sa porte. À moins qu’il n’hallucine…
Avis de Rick :
Et me voilà en train de me prêter à l’exercice difficile de parler avec totale objectivité d’un court métrage dont je connais le réalisateur. Ce réalisateur, c’est David Laurent, alias Pacboy. Le bonhomme n’en est pas à son premier essai, même si Paranoïa est relâché sur la toile avant son court précédent (Requiem for a Killer), et cette fois-ci, il s’attaque au genre horrifique. Mais pas de monstre ici, ni de gore, pas de volonté d’en faire trop ou de faire ce qui est à la mode. Non, juste un lieu unique (l’appartement du réalisateur), et un personnage, qui va rapidement être dérangé par des bruits étranges, et l’impression que quelqu’un essaye de rentrer chez lui durant la nuit.
Tourné en une seule après-midi, Paranoïa est pourtant une œuvre qui a de la gueule. Il faut le dire, les plans sont souvent jolis, la photographie agréable à l’œil également, le montage est efficace et ne s’égare jamais, faisant monter les événements crescendo. Mieux, le métrage tente en quelque sorte de mélanger la peur à l’ancienne, en utilisant l’ambiance, des plans assez lents et en faisant appel à ce qui fonctionne le mieux, c’est-à-dire l’imagination du spectateur, et des effets plus actuels. Et c’est là que chaque spectateur aura sa propre opinion sur quoi penser de l’utilisation de ces deux procédés dans le métrage.
À titre personnel, le métrage fonctionne bien mieux lorsqu’il tente de faire monter la tension en ne montrant absolument rien. La bande son vient alors aider la longueur de ses plans sur cette poignée de porte qui tourne et tourne. C’est simple, mais efficace et réalisé avec sérieux. Par contre, lorsque le métrage se veut plus actuel, en utilisant un des procédés les plus simples du monde dont tout le monde abuse aujourd’hui, il ne provoque plus rien. Oui, le jumpscare, ou screamer, est dans le film. Plusieurs même, sur une courte durée. Est-ce que ça fonctionne ? Bien entendu si vous mettez le son à fond en regardant le métrage, vous allez sursauter. Est-ce de la peur ? Absolument pas, l’effet est oublié l’instant suivant où on se dira « ha ha, il m’a bien eu ».
Sur un format plus long, peut-être que l’effet aurait mieux fonctionné en appuyant l’ambiance que le réalisateur a en effet posé sur son œuvre. Car même le plan final, sublime à titre personnel (mais bon, je crois que j’adore les plans de miroir), se voit doté de son bruitage facile juste pour faire sursauter une dernière fois. Dommage ! Tout ceci n’est que personnel, il s’agît bien d’un cinéma qui ne marche plus sur moi et qui me fait plutôt ressortir les classiques. De manière plus générale et objective, je citerais plutôt l’utilisation quasi omniprésente de la musique. Le métrage aurait sans doute encore mieux fonctionné avec des moments de silences prolongés, surtout que l’ambiance sonore (les bruitages et tout, à l’exception des jumpscares) fait déjà bien le boulot.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Une réalisation carrée ♥ Un montage efficace ♥ Steve Tigerland convaincant ♥ L’ambiance réussie |
⊗ Les jumpscares faciles ⊗ Sans doute un enveloppage musical trop présent |
Paranoïa est en soit très bien enrobé, professionnel. Autant l’ambiance qui s’en dégage est fort réussie, autant les jumpscares qu’il contient sont souvent trop faciles. |
Titre : Paranoïa
Année : 2015
Durée : 5 minutes
Origine : France
Genre : Fantastique
Réalisation : David Laurent
Scénario : David Laurent
Avec : Steve Tigerland et Fanny Streissel
Le réalisateur défend son oeuvre :
Paranoïa est mon premier court horrifique. Le fantastique pour moi a toujours été un projet effrayant, car mettre une ambiance, jouer sur la tension, c’est toujours difficile à faire. La parano est d’ailleurs le thème parfait pour moi, déjà ce film est un cauchemar que j’ai fait. Après une nuit à lire des creepypastas, j’étais devenu parano plusieurs jours, que cela soit des bruits de vents, des ombres qui bougent, je me mets à flipper facilement après avoir vu ou lu quelque chose d’effrayant. Sans aller trop loin dans ma vie personnelle, mais pas mal de gens souffrent de paranoïa, donc c’est un thème qui m’a toujours marqué, car j’ai toujours eu peur qu’un jour cette maladie me bouffe. La paranoïa, ce n’est pas que la peur d’un fantôme dans le couloir, mais aussi de croire qu’on te veut du mal, au travail, en famille, le conjoint etc… C’est une maladie complètement folle, qui te tue, te bouffe donc comme le héros qui ne fait que voir, voir, revoir les mêmes folies.
Voulant aussi m’amuser et découvrir le genre, je voulais tester le screamer comme l’ambiance, après mon prochain moyen/long horrifique The Truth va jouer uniquement sur l’ambiance, Paranoïa joue sur les deux tableaux pour le plaisir avant tout de tester, d’être un cobaye, le plaisir de jouer sur les différentes manières de faire peur. Je voulais que l’horreur soit simple, avoir peur d’une poignée de porte, pour que les gens puissent s’identifier et ressentir cette même peur, de cette porte, certes fermés et donc protectrices mais aussi de l’autre côté qui peut être terrifiante.
Je voulais me faire plaisir, en me testant, en me dévoilant à travers ce film, je voulais croire que j’étais possible de faire ça, pour l’enrober sur un plus grand projet, j’espère donc que vous apprécierez la vidéo et que vous allez cauchemarder sur mes propres cauchemars.