Six jeunes gens rentrent en voiture vers Jakarta après une soirée dans un karaoké. En chemin, ils manquent de renverser Maya, une fille étrange, et arrêtent leurs pérégrinations pour la raccompagner chez elle, dans une maison perdue dans la forêt… Le cauchemar va bientôt commencer…
Avis de Cherycok :
Les « Mo Brothers » ont aujourd’hui une solide petite réputation chez les fans de cinéma asiatique alors que leur filmographie est pour l’instant relativement maigre. Mais leur « Killers » en 2014 a fait son petit effet dans les festivals où il a tourné, atteignant rapidement chez certains le statut d’œuvre culte. Que ce soit justifié ou pas, peu importe, chacun est libre de penser ce qu’il souhaite. Mais c’est l’occasion après ce succès de s’intéresser au premier film des deux réalisateurs, à savoir Macabre, sorte de version longue de leur court métrage Dana avec pour le coup la même actrice, Shareefa Daanish, pour reprendre l’un des rôles clés. Et malgré un côté très impersonnel, force est de constater que Macabre est fichtrement efficace dans son genre.
Croisement entre le survival et le torture-flick, Macabre n’a absolument rien d’original en soi, voire même carrément cliché. Des films dans lesquels un groupe de personnes se retrouve confronté à une famille de détraqués, il y en a des caisses. Texas Chainsaw Massacre pour ne citer que le plus connu, mais également Mum & Dad, The Loved Ones, La Colline a des Yeux,… et la liste est encore très longue. Et comme très souvent dans ce genre de productions, les personnes ont des réactions extrêmement connes, à la limite de l’inexplicable. Je suis désolé mais moi, je me pointe dans un endroit reculé, à forte tendance glauque, reçu par une dame paraissant sans âge et qui me cause avec une voix monolithique d’outre-tombe, je prends mes cliques et mes claques, et je me barre fissa. Certains diront que cela fait partie des codes du genre et que sans cela, il n’y a plus de film… certes… mais quand même…
On sent clairement un amour du genre chez nos deux réalisateurs. Après une première demi-heure somme toute assez lente et pénible, le film vire à l’étrange, puis au glauque, et enfin au gore, avec une musique très discrète mais qui pourtant arrive à entretenir un climat relativement tendu. Et puis, petit à petit, d’autres références font rapidement surface et on se rend compte que Macabre se rapproche bien plus de films tels que Nouvelle Cuisine de Fruit Chan, Frontières de Xavier Gens, Untold Story de Herman Yau ou encore et surtout A l’Intérieur, film français bien méchant avec Béatrice Dalle. Pur hasard peut-être, ceux qui auront vu ce dernier films comprendront très vite, mais la scène avec le personnage féminin enceinte, séquestré, qui s’enferme dans la salle de bain alors que son « bourreau » lui parle de derrière la porte fait vraiment très copier / coller. Mais pompage ou hommage, qu’importe, car la partie survival du film est bien énervée et il se dégage un côté vraiment très fun.
Il faut dire que Timo Tjahjanto, Kimo Stamboel savent très bien faire monter la pression. Lorsque la famille étrange se révèle et qu’on constate qu’ils sont effectivement bien frapadingues comme il faut, le film bascule (surtout dans son dernier tiers) dans une avalanche de violence et surtout de gore. Ca charcute à tout va : katana, tronçonneuse, serpe, têtes explosées ou fondues, langue arrachée à coup de dents,… C’est simple, le sang coule à flot à tel point que le film finit avec un sol recouvert de sang et parsemé de membres en tous genres. Ca charcle, ça gicle, et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de tripaille à l’air, le tout dans une quasi-totale absence de numérique pour les effets spéciaux ce qui, malgré un ou deux ratés (le visage brulé par exemple) lui donne un cachet « à l’ancienne » bienvenu.
La mise en scène de manière générale est léchée et soignée, avec des plans vraiment très beaux malgré le spectacle parfois peu ragoutant qui nous est proposé. Petit bémol malheureusement en ce qui concerne le casting, on est plus proche de la brochette de têtes à claques que de l’actors studio à tel point qu’on se fiche éperdument du sort qui leur est réservé. Seule Shareefa Daanish tire son épingle du jeu, absolument dantesque dans le rôle de la mère de famille. Extrêmement tenace et coriace, son visage monoexpressif fait tout simplement peur avec son regard à vous glacer le sang.
Même si la première demi-heure de film aurait mérité de laisser sa place à quelques minutes d’explications (pourquoi manger de la chair humaine leur donne la vie éternelle et une force surnaturelle ?), Macabre est un petit survival bien énervé, très efficace dans son genre, et ce malgré un classicisme évident.
Note :
Titre : Macabre / Darah / Dara
Année : 2009
Durée : 1h34
Origine : Indonésie / Singapour
Genre : Vous reprendriez bien un petit coup de hache ?
Réalisateur : Timo Tjahjanto, Kimo Stamboel
Avec : Ario Bayu, Sigi Wimala, Imelda Therinne, Shareefa Daanish, Julie Estelle, Ruly Lubis, Mike Muliadro, Arifin Putra, Daniel Mananta, Dendy Subangil