Morlar, un écrivain solitaire, est retrouvé mort dans son salon, le crâne fracassé. Sur les lieux du crime, l’inspecteur Brunel trouve peu d’indices et surtout peu de témoins : au moment du drame, tout le monde avait en effet les yeux rivés sur les écrans de télévision afin d’assister à une nouvelle mission de conquête lunaire – qui se termina hélas par une catastrophe épouvantable.
Morlar se réveille alors soudainement. Son cœur bat ! Rapidement transporté à l’hôpital, il demeure plongé dans le coma – mais son encéphalogramme dévoile régulièrement une activité cérébrale hors du commun. Afin de mieux connaitre le profil de la victime, aujourd’hui entre la vie et la mort, Brunel contacte sa psychiatre : madame Zonfeld. Celle-ci va alors lui avouer que Morlar lui avait fait d’étranges confidences. Depuis toujours, Morlar paraissait en effet convaincu d’être capable de causer des catastrophes, par la seule force de son esprit…
Avis de Oli :
C’est en visionnant le récent (et plutôt mauvais) MONSTERZ de Nakata Hideo, déjà remake d’un film sud-coréen de 2010, que je me suis dit que j’avais déjà vu ça quelque part… En farfouillant dans les arcanes désordonnés de ma mémoire, je me suis alors souvenu de plusieurs scènes, de visages. D’une tension extrême qui m’avait presque traumatisé lorsque j’étais encore enfant. LA GRANDE MENACE ! Voilà, oui c’est ça ! Un film fantastique tirant vers l’épouvante datant de 1978, qui conte l’enquête tragique d’un inspecteur de police français (Lino Ventura) qui doit faire face à l’improbable vérité, en plein cœur de Londres : l’homme que l’on a retrouvé aux portes de la mort, chez lui, aurait en réalité le pouvoir de détruire par la seule force de ses yeux. Voire de sa pensée ?
L’individu en question, Morlar, est interprété par un Richard Burton possédé par son personnage, électrisant d’ambigüité et de charisme malsain. Le film est intégralement et très intelligemment construit autour de l’enquête (qui aurait pu vouloir assassiner brutalement Morlar, un simple écrivain ?) et de savants flashbacks mettant en scène Morlar et sa psychiatre – très juste Lee Remick, docteure au grand cœur mais déchirée, voire laminée à l’intérieur.
LA GRANDE MENACE fonctionne de bout en bout, réinventant sans cesse l’origine du suspense, captivant par la même occasion durablement l’intérêt du spectateur et l’envoutant grâce à une atmosphère pesante au possible. La tentative de meurtre sordide. L’identité cachée de l’assassin. Les secrets de Morlar qui se dessinent peu à peu. L’étendu de ses prétendus pouvoirs dont on a du mal à cerner les limites. Morlar qui aurait dû mourir 100 fois et qui s’accroche à la vie sur son lit d’hôpital. Et enfin l’incrédulité de la police – jusqu’où tiendra-t-elle ? Fissurée à la manière de la dernière gigantesque bâtisse mise en scène dans le film, finira-t-elle par s’écrouler ?
Dialogues bien écrits, acteurs inspirés, scènes d’anthologie (l’avion, le final tendu comme jamais), quelques effets spéciaux tout à fait crédibles et, bien sûr, le regard du diable de Richard Burton. Oui, il serait injuste que LA GRANDE MENACE tombe dans l’oubli.
Note :
Titre : La grande menace / The Medusa Touch
Année : 1978
Durée : 1h45
Origine : Angleterre / France
Genre : Fantastique
Réalisateur : Jack Gold
Avec : Richard Burton, Lino Ventura, Lee Remick, Harry Andrews, Alan Badel, Marie-Christine Barrault, Jeremy Brett, Michael Hordern, Gordon Jackson, Michael Byrne, Derek Jacobi