Le professeur Abronsius et son fidèle assistant Alfred s’emploient depuis des années à devenir de parfaits chasseurs de vampires. Leur quête les mène au fin fond de la Transylvanie, dans une auberge miteuse nichée dans la campagne. Alfred s’éprend alors de la fille de leurs hôtes, la belle Sarah, juste avant que cette dernière ne soit enlevée. En suivant sa trace, les deux compères aboutissent au château du comte Von Krolock et de son fils qui préparent leur bal annuel des vampires…
Avis de Rick :
Fier de la réputation et du succès de ces trois précédents métrages (Le Couteau dans l’Eau, Répulsion et Cul-de-sac), Roman Polanski ne tarde pas à lancer son prochain projet, à peine un an ensuite. Et pour se faire, il vise haut, en parodiant les classiques films de vampires de la Hammer, et en cassant le mythe vampirique dans son intégralité. Ainsi, au lieu du comte Orlok comme dans le classique Nosferatu, on se retrouve ici avec le comte Krolock. Si le lieu de l’action est bel et bien la Transylvanie, les vampires ici vivent en société, comme le prouve de nombreux points, et sont finalement comme tout le monde. Il y a le juif, l’homosexuel, un bal costumé est organisé tous les ans pour que toute la « famille » se retrouve dans la joie et la bonne humeur. Et comme dans tout bon film de vampire qu’il se doit, on suit les traces de deux chasseurs… ou plutôt un vieux professeur joué par Jack MacGowran et son assistant joué par Polanski lui-même. Aujourd’hui, plus de 40 ans après, presque 50, que reste-t-il du Bal Des Vampires, cette parodie des films de la Hammer ? Et bien, l’hommage est toujours savoureux, le film conserve son cachet, ses décors sont toujours sublimes, mais il faut bien avouer que l’ensemble a probablement prit un petit coup de vieux, et que quelques vilaines longueurs se font sentir.
Mais revoir Le Bal des Vampires aujourd’hui, c’est aussi retourner un peu dans le passé, pour revoir Polanski à l’écran aux côtés de sa défunte femme Sharon Tate (qui lui fut à l’époque imposée par son producteur), dont l’on connaît un peu trop bien le tragique destin. Enfin… retournons au film. Tourné en 1967, le métrage est le premier filmé en couleurs par Polanski, un an avant sa bombe Rosemary’s Baby, film claustro on ne peut plus sérieux. Ici, il introduit donc le comique, ou plutôt le burlesque dans un genre qui jusque là était pour le moins sérieux. Dès l’arrivée dans une auberge (juive) de nos deux héros, nos deux terribles chasseurs de vampires, le comique est là, et contraste avec les nombreux éléments sérieux du récit qui démontrent bel et bien chez l’auteur un grand respect du genre qu’il parodie.
On retrouvera tout ce que l’on connaît si bien : l’ail, les croix, les pieux, même l’esclave du vampire qui s’occupe de garder le château quand les chauve souris dorment. Dans les faits et surtout dans sa mise en image, Le Bal Des Vampires est une belle démonstration du genre et surtout du talent de son auteur. Les plans sont magnifiques et travaillés, les décors nous rappellent bien les films de la Hammer et nous en mettent plein la vue, les vampires s’habillent avec classe et ont le teint très blanc. Le comique viendra plus des différentes caractéristiques des personnages et de leurs interactions que du reste, et donc, des dialogues, fameux. Que ce soit lors des échanges ou lors de simples phrases casées là, l’écriture fait mouche, et Polanski détend un peu l’atmosphère qu’il a lui-même créé en nous faisant visiter son lugubre château.
De nombreuses scènes resteront alors dans les esprits, comme lorsque Alfred (Polanski) se fera poursuivre dans le château par le fils du comte Von Krolock, homosexuel fortement attiré par le jeune homme, ou tout simplement la scène du bal et son impressionnant plan de miroir, pourtant si simple, mais fonctionnant encore presque 50 ans après. Malheureusement, aujourd’hui, entre deux scènes cultes et deux rires, il faut bien avouer que Le Bal des Vampires ne captive plus autant qu’autrefois. Si l’on rigole et que la dernière partie se fait toujours aussi efficace, tout comme l’exploration du château par les deux chasseurs, il faut reconnaître que Polanski prend parfois un peu trop de temps pour mettre ces différents personnages en situation, et qu’il serait à présent aisé de couper une quinzaine de minutes au métrage (et dire qu’enfant, je passais la VHS en boucle, ça me fait mal de dire ça…) pour le dynamiser clairement. Pourtant l’ambiance est là, les personnages sont forts, les situations amusantes, la musique sublime et Sharon Tate est rayonnante à l’écran, mais il y a clairement un peu de trop dans le métrage. Reste tout de même encore aujourd’hui un très beau moment de cinéma.
Le Bal des Vampires accuse le poids des années, mais reste tout de même un excellent divertissement, et un très bon Polanski. Il nous fait rire tout en respectant le genre.
Titre : Le Bal Des Vampires – The Fearless Vampire Killers
Année : 1967
Durée : 1h48
Origine : Angleterre
Genre : Comédie fantastique
Réalisateur : Roman Polanski
Acteurs : Roman Polanski, Jack MacGowran, Sharon Tate et Ferdy Mayne
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