Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s’installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos ! Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses : Illias perd le restaurant au jeu contre un promoteur immobilier véreux, et Nadine a quelqu’un d’autre dans sa vie !
Avis de Cherycok :
Lorsque je me suis lancé dans ce Soul Kitchen, je ne connaissais absolument rien du film, pas même le pitch ou qui l’avait réalisé, uniquement attiré par une jaquette coloré qui m’a, et je ne sais pour quelle raison, tout de suite inspiré. Je ne partais donc avec aucun à priori si ce n’est celui de se lancer dans un film allemand ce qui, il faut l’avouer, en refroidi en général plus d’un. Du coup, ma surprise de tomber sur un film frais et léger fut encore plus grande.
Le scénario de départ n’est pourtant pas attractif mais il n’est là que pour mettre en scène une galerie de personnages tous absolument géniaux, aussi simples que réussis, qui vont galérer pour remettre sur pied un restaurant qui a perdu tous ses clients suite à l’arrivée d’un chef gastronomique alors que les clients ne venaient là que pour la cuisine simple. Les plus mémorables sont sans doute les deux frères, l’un amoureux de sa copine mais dont le couple commence à se tourmenter lorsque cette dernière part 6 mois en Chine, l’autre qui purge une peine de prison, et qui a droit à des sorties exceptionnelles s’il trouve un emploi. Vraiment différent l’un de l’autre, leur collaboration dans ce restaurant si particulier va être détonante.
Parlons de ce restaurant justement. Il est tellement l’élément central du film qu’il peut être configuré comme un personnage à part entière. Il en ressort une ambiance vraiment particulière, à moitié restaurant gastronomique de par la cuisine de son nouveau chef, interprété par un exceptionnel Birol Ünel (Nuit Blanche, Head On), à moitié squat avec ce groupe de rock qui répète ou ce vieux papy qui y mange gratuitement tous les jours, à moitié hangar désaffecté au look cradingue. Je sais, ça fait beaucoup de moitié mais l’endroit parait tellement sympathique au final que lorsqu’on apprend dans le film qu’un promoteur véreux chercher à l’acheter, la seule envie qu’on a c’est qu’il soit sauvé à la fin. Et même si le film dans son ensemble reste prévisible et qu’on sait pertinemment qu’on aura droit à un happy end, on a quand même « peur » (notez les guillemets) pour l’avenir du restaurant.
Cette ambiance cool et décontract qui se dégage de ce restaurant n’est pas du que à l’endroit et aux personnages simples et pourtant haut en couleurs et très attachants. L’autre (très) gros point fort du film, c’est sans conteste sa bande son exceptionnelle. Le « soul » du titre est d’ailleurs là pour le rappeler, la musique va jouer un rôle très important dans le film. Pratiquement entièrement créée pour Soul Kitchen, cette bande son va mêler des sons et musiques très « soul » donc, parfois virant vers le rock, et elle peut être également considéré comme un personnage à par entière du film tellement elle est omniprésente. Elle joue un rôle dans chaque scène et elle permet même de changer parfois le ton de ces scènes. Sur ce point là, c’est une réussite sur toute la ligne.
Soul Kitchen est un film un peu à l’image de ce restaurant qu’on nous présente : ça ne paie pas de mine de l’extérieur, mais quand on y rentre à l’intérieur, on est comme happé par l’ambiance qui y règne. C’est léger, rafraichissant, on en ressort avec le sourire et l’impression d’avoir passé un très agréable moment. Pour son excursion dans le milieu de la comédie après des films au ton bien plus dramatique, le réalisateur d’origine turque Fatih Akin réussit son pari haut la main.
Titre : Soul Kitchen
Année : 2009
Durée : 1h35
Origine : Allemagne
Genre : Comédie
Réalisateur : Fatih Akin
Acteurs : Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu, Birol Ünel, Pheline Roggan, Anna Bederke, Lucas Gregorowicz, Demir Gökgöl, Wotan Wilke Mörhing, Dorka Gryllus
