Suite au décès du patron de Gold Moon, le plus important syndicat du crime en Corée du Sud, une bataille de succession fait rage entre Jung Chung, le numéro 2 au sein de l’organisation, et Lee Joong-gu, le numéro 3. Afin de surveiller et de contrôler cette transition, la police met en place l’opération “New World” et fait appel pour cela à Lee Ja-sung, un officier infiltré depuis de nombreuses années dans le syndicat. Mais alors, à la police ou à l’organisation criminelle, à qui Lee Ja-sung doit-il finalement sa loyauté ?
Avis de Rick :
Avant de me lancer dans ce New World, j’étais tombé un peu partout sur un tas de critiques, le plus souvent élogieuses, allant du très bon au quasi chef d’œuvre. New World serait donc la bonne pioche, le renouveau du polar violent avec des personnages forts ! Oui mais, car il y a toujours un mais, tout n’est pas parfait ici. Sans pour autant faire de New World un mauvais film ou autre. Dès le début, on a l’impression de se retrouver devant un produit que l’on ne connaît que trop bien. Un peu de Le Parrain, un peu de Infernal Affairs, le tout saupoudré à la sauce Corée du Sud, avec des plans stylisés et des scènes sous une pluie battante. Le responsable ? Au scénario et à la mise en scène, nous retrouvons Park Hoon-Jung, connu entre autre (et la pochette nous le rappelle bien) pour avoir écrit le scénario de… I Saw the Devil, le film de Kim Jee-Woon, qui aura divisé le public (pour ma part, je me range du côté des déçus et sceptiques). New World nous propose donc de suivre un scénario de base assez classique, vu et revu, où une guerre de succession a lieu au sein d’un Syndicat du Crime. On peut rajouter dans tout ça un flic infiltré (bon, en réalité, plusieurs), un flic joué par Min-Sik Choi prêt à tout, même l’impensable pour réussir, bien connu du grand public pour son rôle dans Old Boy et I Saw the Devil justement. Manipulations, trahisons, univers sombre, tortures et violence, voilà donc le programme de ce New World, un film plein de bonnes choses, mais non dénué de quelques défauts.
Tout d’abord, le scénario. Du classique à ce niveau là, du déjà vu oui. Les différents rebondissements, du moins dans toute la première partie du récit (en réalité, quasiment 1h40 du métrage), sont assez prévisibles, bien que souvent bien amenés. Ce côté très classique et prévisible va autant parfois jouer des tours au métrage, et parfois se faire oublier, notamment grâce à la qualité d’écriture (tout de même), et aux personnages. En premier lieu, ce côté classique va rendre le film parfois un poil trop long, surtout qu’il dure 2h16. Les longueurs étonnement disparaitront du récit, se faisant ressentir dans la première demi-heure, qui nous donne l’impression de voir un petit polar comme on en a tant vu et qui ne donne pas forcément envie de se plonger dans l’aventure. Puis le bon travail d’écriture ainsi que les différents personnages et le sérieux de l’entreprise prennent le relais, et le film, tout en restant quelque peu prévisible, se fait plus passionnant, et l’on rentre véritablement dedans. Les personnages sont bien détaillés et très bien écrits, et les acteurs font du très bon boulot pour nous y faire croire, que ce soit Min-Sik Choi dans le rôle du flic prêt à tout, Hwang Jung-Min dans le rôle du second d’origine Chinoise, que l’on a déjà pu voir dans le classique mais réussi également A Bittersweet Life, ou encore Lee Jung-Jae dans le rôle du flic infiltré (The Housemaid). Si bien qu’une fois que le rythme s’accélère un peu et que l’on rentre dans le métrage, New World devient immédiatement plus prenant.
Bien entendu, il y a beaucoup d’autres personnages, mais le scénario s’articule surtout autour de ce trio, qui fonctionne bien. Si l’histoire nous promet une guerre de successions, il ne faudra pour autant pas s’attendre à un polar musclé où tout explose de partout, New World se veut plutôt réaliste, et les explosions de violence seront rares, très rares. Sans doute ce qui rend leur impact plus fort. Ainsi, l’une des scènes les plus prévisibles du métrage (ATTENTION SPOILER) où Hwang Jung-Min réussira à démasquer certaines taupes dans la société et va les exécuter froidement fonctionne à merveille et fait quelque peu froid dans le dos (FIN DU SPOILER). Trahisons, exécutions, rares et brèves explosions de violences, New World est plus subtil qu’il n’y paraît aux premiers abords, et les adeptes de l’action seront sans doute déçus. Une des rares scènes d’action sera pourtant très réussies, et rappellera elle aussi d’autres métrages du genre, en se déroulant dans un parking et dans un ascenseur. La réalisation de Park Hoon-Jung (je n’ai rien vu de lui auparavant) est d’un plutôt bon niveau, et si l’on échappe pas à certains stéréotypes et effets de styles, l’ensemble est carré, très propre à tous les niveaux, que ce soit les cadrages, la photographie, le montage, la musique, et c’est du très bon boulot, qui donne à New World un cachet sérieux et sombre. Le métrage aurait sans doute gagner à être moins classique, ou du moins à durer un poil moins longtemps pour nous faire rentrer bien plus rapidement dans son histoire, mais demeure un polar noir et carré, qui remplit son contrat.
Classique et souvent prévisible, New World demeure tout de même un très bon polar, qui privilégie le ton et son développement au détriment du spectaculaire. Bonne pioche.
Titre : New World – Sin-se-gae – 신세계
Année : 2013
Durée : 2h16
Origine : Corée du Sud
Genre : Polar
Réalisateur : Park Hoon-Jung
Acteurs : Min-Sik Choi, Hwang Jung-Min, Lee Jung-Jae, Park Seong-Woong, Ji-Hyo Song, Jang Gwang et Il-Hwa Choi
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