[Avis] Pieta, De Kim Ki-Duk (2012)

Kang-do, usurier, n’hésite pas à mutiler sans états d’âme ses clients, afin que l’indemnisation de l’assurance rembourse les taux d’intérêts exorbitants qu’il impose. Un jour, une femme prétendant être sa mère frappe à sa porte. Se sentant coupable d’avoir abandonné son enfant et de l’avoir laissé grandir sans amour, elle observe, voire se rend complice des exactions de son fils. Ce dernier, au moyen d’actes violents, se laisse finalement convaincre et l’accepte comme sa mère.


Avis de Rick :
Le dernier Kim Ki-Duk, Pieta, n’aura pas plu à tout le monde. Autant apprécié que décrié par la critique française, certains lui reprochaient sa complaisance, et surtout, une certaine redite de la part du cinéaste Coréen. 1h44 plus tard, verdict. Oui, Pieta ne tient, dans le fond, pas toutes ces promesses, Kim Ki-Duk réutilisant des thèmes qu’il a bien souvent utilisé lui même, mettant encore en scène des personnages marginaux. Pieta, pour le connaisseur, ne propose rien de véritablement neuf, il est vrai. Le film en est-il mauvais pour autant ? Absolument pas. Car il faut néanmoins reconnaître que Kim Ki-Duk a un talent certain pour mettre ces histoires en images et créer des ambiances. Là où beaucoup de cinéastes Coréens stylisent à outrance leurs métrages, Kim Ki-Duk lui épure ses films. Cette fois-ci, il nous invite donc à suivre dans un premier temps les aventures de Kang-do, un jeune usurier. Il n’a pas d’amis, pas de famille, il est tout le temps seul, semble ignorer les sentiments humains les plus simples comme la compassion, le pardon et tant d’autres émotions. Un personnage vivant dans son coin, sans franchement se soucier de l’état du monde qui l’entoure. Lee Jung-Jin (Troubleshooter) nous offre là une interprétation solide et convaincante. Son personnage n’attire aux premiers abords absolument pas la sympathie. Et comme souvent chez Kim Ki-Duk, l’homme n’est pas vraiment bavard. Pas besoin d’un million de discours pour faire passer une idée, Kim Ki-Duk le sait, même s’il n’atteint là bien évidemment pas le même niveau que dans L’île.

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Passant ses journées à déambuler dans les rues, passant de client en client, pour leur faire payer des intérêts, quitte à les blesser afin que l’assurance leur donner de l’argent, le personnage dégage immédiatement quelque chose de froid, de mystérieux, et Kim Ki-Duk parvient une nouvelle fois à maîtriser son ambiance, étrange, sombre, sans espoir. Jusqu’au jour où l’espoir apparaît, sonnant à la porte de Kang-do. Une femme se tient là, prétendant être sa mère, et voulant s’occuper de lui. Bien entendu, les choses ne sont jamais simples, et Kang-do va dans un premier temps faire comme n’importe qui. Se poser des questions, la rejeter, la provoquer pour tenter de trouver la faille. Un malaise va rapidement s’installer, et Kim Ki-Duk va, comme à la grande époque, ne pas y aller doucement, mais plutôt y aller franchement, nous offrant quelques scènes à caractère sexuel totalement dérangeantes. Aucune surprise, le film, lors de son passage au festival de Venise, aura marqué les esprits et aura choqué, à juste titre. Mais l’irruption assez malsaine au départ de ce personnage dans le quotidien de Kang-do va rapidement tout bouleverser, et bouleverser sa façon de vivre, et de voir la vie, et même son travail.

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Une complicité va rapidement se créer entre les deux, et Kang-do va se prendre d’affection pour elle, comme pour rattraper les nombreuses années perdues. Il n’est plus seul à présent, il peut enfin comprendre les émotions humaines, ce que l’on peut ressentir lorsque l’on a quelqu’un à qui on tient, quelqu’un de notre famille qui tient à nous également. Mais bien évidemment, il ne faut pas oublier que nous sommes dans le cinéma de Kim Ki-Duk, et rares sont les vrais bons moments, et surtout, les bons dénouements. Car rapidement, les cartes s’affichent clairement, et Pieta se transforme en drame manipulateur violent et cruel envers tous ces personnages, ne laissant dès lors aucune place pour un dénouement joyeux. Alors certes, on pourra dire que dans le fond, tout cela, le réalisateur l’a déjà fait plusieurs fois dans le passé, qu’il maîtrise cet art mais qu’il serait également temps qu’il passe à autre chose. Les thématiques, christiques ou autres, et ces personnages peu bavards et marginaux, on connaît également, mais comme à son habitude, il le fait avec talent, sa mise en scène étant comme souvent millimétré, il n’a jamais ou si peu recourt à des artifices inutiles. Peut être que le métrage manquera de surprises pour le fan, mais le métrage s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de son auteur.

Kim Ki-Duk continue d’explorer les mêmes thèmes, avec le même talent qu’on lui connaît. L’aventure ne surprendra pas le fan, mais le film nous entraine encore une fois dans son ambiance sombre.

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pietaTitre : Pieta – 피에타
Année : 2012
Durée : 1h44
Origine : Corée du Sud
Genre : Drame
Réalisateur : Kim Ki-Duk

Acteurs : Lee Jung-Jin, Jo Min-Su, Kang Eun-Jin, Woo Gi-Hong, Cho Jae-Ryong et Lee Myeong-Ja


Galerie d’images :

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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