[Avis] Osaka Tough Guys, de Miike Takashi

Titre : Osaka Tough Guys / Naniwa Yuukyôden / なにわ遊侠伝
Année : 1995
Durée : 1h40
Origine : Japon
Genre : Parodie du monde des Yakuza
Réalisateur : Miike Takashi

Acteurs : Hiraizumi Sei, Nakahura Kentâro, Oka Hachirô, Omori  Yoshiyuki et Satoh Gajiro

Synopsis : Makoto et Eiji sont 2 jeunes japonais un peu paumés. A la recherche d’un emploi, ils tombent sur une petite annonce alléchante… sans se douter qu’il s’agit d’une bande yakuza qui recrute de la main d’œuvre bon marché !

Avis de Rick :
En 1995, Miike n’est pas encore connu. Il n’a qu’une petite filmographie, avec quelques petits films tournés depuis 1991, des films de V-Cinéma. C’est en 1995 qu’il commencera à se faire connaître, en tournant cette année son premier épisode de la trilogie Black Society avec le très glauque Shinjuku Triad Society, puis Osaka Tough Guys. Autant le dire, il est très rare de voir Miike s’aventurer dans la comédie pure, et c’est pourtant le cas ici, comme il le refera en 2001 pour Happiness of the Katakuris. Mais nous ne sommes pas pour autant en terrain inconnu, loin de là, puisque nous nous retrouvons ici dans le milieu des yakuza. Comme souvent ! Pourtant, là où la même année, il nous montrait un milieu glauque et malsain, il s’amuse ici à le tourner sans cesse en dérision, dés l’ouverture. Au premier abord, on pourrait dire que Miike fait dans la facilité. Son film n’est pas ambitieux, ne cherche pas très loin, n’est pas sérieux et on arrive à sentir tous les évènements venir. Mais on arrive tout de même a ressentir une certaine sincérité et une envie de déconnade derrière cet ovni non identifié, et la sauce prendra la plupart du temps. Eiji et Makoto sont deux jeunes japonais, délinquants, n’ayant aucuns talents particuliers. Ils se font virer de leur lycée, se battent dans la rue, dépensent le million de yens qu’ils parviennent à gagner (illégalement) lors d’une soirée un peu trop arrosée dans un club prisé… Bref, pas de quoi être fier.

Miike va pourtant s’éclater à filmer leurs aventures du point de vue du comique de situation, et en adoptant un style très proche du manga. Ainsi, sa violence n’est pas choquante ni dérangeante, mais amusante, comme il l’a souligné lui-même dans diverses interviews concernant le métrage. Dés l’introduction, le ton est donné. Une baston dans la rue, où nos deux compères tentent de défendre une jeune femme devant un gang. Mais le comique arrive rapidement, quand Eiji, un peu bourré, vomira sur ses victimes, avant qu’un yakuza n’arrive, poursuivis par une jeune femme, grosse et immonde, le suppliant de l’épouser, avant de se faire ruer de coup et de se relever encore et toujours à la manière d’un robot. Comme dit plus haut, le film n’ira pas chercher trop loin, et tout sera misé sur l’humour, parfois lourd, mais qui arrivera néanmoins la plupart du temps à nous faire décrocher des sourires. Quand Eiji et Mokoto vont se faire engager contre leur gré dans le gang yakuza, on attend de Miike qu’il nous raconte encore et toujours la même histoire, mais ce n’est absolument pas le cas. Comme nos deux jeunes, le clan sera tourné en dérision. Ainsi, pour le boss, la vie de yakuza n’est faite que d’entraînement et de filles. La vie en rose donc… Pas vraiment, puisque ces yakuza là vont user et abuser de combines qui se retourneront souvent contre eux. Tout y passera, des prêts qui ne seront finalement jamais remboursés, aux chantages, en passant par la vente de leurs insignes de yakuza à des prix dérisoires et la vente de sous vêtements ayant appartenus à des stars, sans oublier les faux accidents de voiture, mais où les personnages tombent malheureusement… sur une voiture de police.

Alors que les yakuza nous sont généralement présentés comme des hommes durs, suivant un code d’honneur, étant prêt à tuer pour leur survie et jurant fidélité à leur clan, ici, l’affaire est totalement différente. Nous nous retrouvons devant des loosers, entraînés par leur faute ou malgré eux dans l’échec le plus total. Eiji et Makoto sont donc totalement en terrain connu, cela ne les change pas vraiment de leur vie. Beaucoup d’évènements sont prévisibles (le coup de la vraie/fausse dynamite par exemple), le scénario ne se casse pas la tête, mais il faut tout de même reconnaître qu’entraîné dans ce tourbillon d’ânerie, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Le sexe est présent, la violence également, l’univers des yakuza en prend pour son grade, les gags s’enchaînent à vitesse grand V, nous aurons même droit à un passage musical totalement destroy, où la voix d’un des personnage ira jusqu’à faire exploser les enceintes, faire s’envoler un gang et faire dérailler la bobine du film. Sacré Miike ! Une oeuvre de début de carrière donc simpliste, qui ne cherche pas trop à innover, mais reste plaisante.

Note : 5/10

Pour un de ses premiers films ayant droit à une sortie hors du Japon (1995), Miike montre déjà toute sa folie qui le caractérisera par la suite. Enchaînant délire sur délire dans une ambiance proche du manga, on ne peut pas s’ennuyer, bien que tous les gags ne fassent pas mouche et que le film soit finalement d’une simplicité enfantine à tous les niveaux. Dans le registre de la comédie, ça reste bien plus digeste qu’un Yatterman ou Ninja Kids.

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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