Titre : Resiklo / Recycle
Année : 2007
Durée : 1h50
Origine : Philippines
Genre : Contrefaçon science-fictionnelle en toc
Réalisateur : Mark A. Reyes
Acteurs : Bong Revilla Junior, Jennylyn Mercado, Dingdong Dantes, Paolo Contis, Michelle Madrigal, Empress Schuck, Ella Cruz, Jairus Aquino, Bobby Andrews, Mylene Dizon, Roi Vinzon, Benjie Paras, King Gutierrez
Synopsis : La terre a été attaquée par des méchants extra-terrestres belliqueux qui ont de grands vaisseaux et des armes qui font de la lumière. Le combat est plié en quelques minutes, toute trace de végétation est anéantie et les méchants transforment les humains qui décident de les servir en super humains méchants. Heureusement aux Philippines il y a un village d’irréductibles…. enfin il y a une poche de survivants qui tentent de vivre dans un lieu appelé Paraiso et ils sont défendus par un militaire maousse costaud. Un jour qu’il dézingue des méchants humains pas beau, le héros plein de testostérone croise le chemin d’une charmante jeune fille et de sa petite sœur. Pour les sauver, il tue le fils du grand méchant du coin. Ce dernier, vert de rage et de douleur, décide d’atomiser ce ridicule héros à la mèche gominée et, pendant qu’il y est, de raser Paraiso. Tadam ! (Yume)
Avis de Laurent : Aaaaaaaaaaaaaahh … on pensait avoir tout vu en matière de recyclage douteux des classiques hollywoodiens, on avait oublié de jeter un œil du côté des Philippines. Plutôt habitués à inonder de mélos sirupeux le téléviseur de la ménagère qu’à faire péter les marcels des pilotes de méchas, les cinéastes insulaires les plus chicanoburnés d’Asie du Sud-est pondent de temps en temps quelques merveilles improbables à faire rougir de jalousie un Cüneyt Arkin des grands soirs. Resiklo c’est quoi ? C’est un peu de Mad Max en toc saupoudré d’un soupçon de Transformers vérolé avec quelques bons gros aliens en latex en guise de dessert. Au menu donc : des gros muscles qui ne font même pas peur face à la destruction de l’humanité. Heureusement que pour sauver l’humanité, les Philippines nous ont pondus le monstrueux Bong Revilla Junior : pour faire simple, il suffit d’imaginer un Temuera Morrison ayant les goûts capillaires d’un Shah Rukh Khan en mode glamos. En bref, Bong Revilla Junior c’est un peu notre Jean-Paul Belmondo en plus philippin (Weng Weng style quoi). Armé d’un gros fusil-laser, il s’en va mener la rébellion afin de botter le cul à la racaille de l’espace fortement inspirée des Sith si cher à George Lucas (appelés ici les Mutanos !). Heureusement que ce dernier est trop occupé à rechercher au fin fond de la Cappadoce Çetin Inanç pour crime contre l’humanité … cela laisse le champ libre à Mark A. Reyes qui peut alors agir en toute impunité dans son pillage cinématographique. En effet, son œuvre Resiklo (littéralement recyclage) porte bien son nom … l’originalité n’est pas de mise … et d’ailleurs ce n’est pas du tout préjudiciable au délire du réalisateur.
Difficile à défendre comme film … un scénario digéré à l’imodium, un casting affligeant, des incohérences de mise en scène en pagaille … Pourtant Resiklo possède un charme bis tout à fait plaisant. En première ligne, l’univers post-apocalyptique est assez intéressant visuellement avec ce mélange inédit de destructions urbaines et de nature exotique du plus bel effet. Les costumes apportent aussi une touche improbable entre cheap péplumien et bricolage futuriste cinégénique. D’ailleurs, le film propose une dualité intéressante entre œuvre fauchée et blockbuster tiers-mondiste. Les SFX très « do it yourself » côtoient des CGI de qualité avec notamment un très bon combat entre un alien et un mécha.
Si on peut facilement pardonner à Mark A. Reyes la violation à peine déguisée du copyright des films lourdement plagiés, on regrettera par contre une action relativement faiblarde. Les réalisateurs philippins n’ont malheureusement pas le savoir faire de leurs homologues thaïlandais. À titre de comparaison, la séquence de BMX de Resiklo se fait complètement explosée par le même type de séquence dans Tom Yum Goong mise en scène par Panna Rittikrai. Il manque donc de l’expérience de mise en scène, de la folie et de la générosité pour faire passer Resiklo dans la dimension des films bis qui font l’unanimité. Le divertissement et le plaisir de découvrir une curiosité exotique sont heureusement là pour vous laisser embrigader dans cette aventure futuriste.
Sans être le nanar annoncé, Resiklo marquera tout de même son époque de par sa singularité par rapport à l’habituelle production locale et par son univers intéressant. Reste à trouver une idée inédite, un réalisateur qui connaît à peu près les bases de son métier, des acteurs qui savent aligner plus de 3 expressions ainsi qu’un véritable action director. La costumière en freestyle qui recycle les tenues de carnaval de ses enfants, elle on la garde !
Note : 4/10
