Titre : Hell / Narok
Année : 2005
Durée : 1h35
Origine : Thaïlande
Genre : Descente aux enfers
Réalisateur : Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn, Teekayu Thamnitayakul
Acteurs : Nathawan Woravit, Baworanrit Chantasakda, Kom Chauncheun, Punyapon Dhajsonk, Sittichai Laungesalee, Wuttinan Maikan, Arkom Peedrakul, Dollaya Polthipattayakul
Synopsis : Parti réaliser un documentaire, un groupe de jeune gens est victime d’un accident de la route. En sortant du véhicule après le choc, ils ont la surprise de se retrouver dans un vaste désert brûlant où ils sont fait prisonniers par des étranges démons. L’un deux, en s’éclipsant quelques instant découvre qu’en fait leurs corps physiques ne sont pas encore morts, et qu’il faut rejoindre au plus vite la sortie de cet enfer pour ne pas mourir. Difficile à faire alors qu’ils sont conduits vers un véritable camp de concentration où les démons font subir les pires tortures.
Avis de Yume :
Incroyable. La Thaïlande a enfin accouché d’un film d’horreur digne de ce nom. Il y avait bien les deux opus de Rathree, mais dans le genre horreur sérieuse, la production thaïlandaise contemporaine faisait office de terre vierge. Puis naquit Narok, et la face de la Thaïlande en fut changée à jamais. Car s’il est bien une chose que l’on peut souhaiter à ce film, c’est de servir d’exemple et de tremplin pour une industrie qui se cherche encore légèrement.
Narok rappelle tout d’abord le film japonais de Nakagawa, Jigoku, dont il partage entre autres choses le titre (les deux se traduisant par enfer). Autre point solide de comparaison : les tortures infligées par les démons des enfers. Et sur ce point, Narok surpasse ce que le cinéma thaïlandais avait pour habitude de nous montrer. Et même si le film se fait quelques fois plus suggestif qu’explicite, le film réserve quelques séquences rares pour un film thaïlandais : sang, tripes à l’air, torture SM, enfants cannibales, l’enfer de Narok est extrêmement bien rendu de par sa rudesse et violence physique autant que mentale. Il ne faut cependant pas s’attendre à une débauche d’abats humains comme dans quelques véritables productions gore, mais Narok a le mérite de surprendre dans son approche de la violence gratuite. Une véritable réussite, magnifiée par le travail formel.
Trois réalisateurs sont crédités sur Narok, dont le très connu Tanit Jitnukul, internationalement acclamé pour Bang Rajan. Si ses quelques films suivants étaient trop inégaux pour séduire, il est sur que les deux autres réalisateurs, dont c’est le premier film, ont profité de son expérience. Magnifique est le mot qui pourrait souvent être associé au traitement graphique de Narok. D’un sert aride à une foret sombre aux arbres épineux, en passant par un camp de torture rougeoyant sous un ciel ocre, l’équipe des effets spéciaux et des décors a recréé un environnement crédible, inquiétant et même cauchemardesque. Il est juste regrettable que ce traitement quasi parfait ne soit pas été appliqué lors de toutes les scènes.
Car malheureusement on a parfois l’impression que les personnages passent d’un parcours du combattant à un parcours de santé en rase campagne, et les maquillages font aussi pale figure (voire quelques fois amateur) face à la qualité du traitement numérique. Ceci dit, l’ensemble est quand même plutôt homogène.
Maîtrisé est le second qualificatif qui pourrait être associé à Narok. Et même si la réalisation ne fait pas dans le sensationnel, il faut avouer que le trio de réalisateur a su éviter les quelques écueils que l’on reproche souvent au cinéma thaïlandais, tout en rajoutant des idées de réalisation tout à fait sympathiques comme le son de l’électrocardiogramme sur lequel sont branchés les véritables corps physiques des personnages principaux, ou bien de manière générale l’importance réelle donnée à l’environnement sonore avec un score tout à fait potable et surtout une omniprésence de sons et de cris.
Le film n’est pourtant pas exempt de défauts, au premier rang desquels un cabotinage, certes minime, mais qui reste le problème majeur de la quasi totalité de la production locale. En fait, les acteurs sont transparents, et le coté stéréotypé des personnages (le héros au grand coeur, le d’jeun, la fille gentille, le beau gosse égoïste prêt à tout pour survivre etc..) n’aide pas à s’attacher véritablement au film.
Et c’est bien là ce qu’on peut reprocher à Narok : être visuellement splendide mais ne pas réussir à imposer la tension nécessaire au genre. Reste cependant un film thaïlandais qui ose enfin aller loin dans le traitement visuel de la violence crue.
La censure, la timidité ou la frilosité vont ils enfin quitter les productions thaïlandaises ? On ne peut que l’espérer vivement. A moins que Narok reste un simple coup sans remous dans l’eau. Mais sans s’attarder à des pronostics difficiles, il est de toute façon criminel de passer à coté de ce Narok.
Note : 8/10