[Avis] The Lady, de Luc Besson

Titre : The Lady
Année : 2011
Durée : 2h07
Origine : France, Royaume Uni
Genre : Tiré d’une histoire vraie…
Réalisateur : Luc Besson

Acteurs : Michelle Yeoh, David Thewlis, Jonathan Raggett, Jonathan Woodhouse, Susan Woolridge, Benedict Wong, Htun Lin, Agga Poechit

Synopsis : La vie d’Aung San Suu Kyi, son engagement pour faire triompher la démocratie en Birmanie, et l’éloignement que ça a impliqué avec sa famille…

Avis de Nomad Soul : Luc Besson, c’est l’histoire du mec qui après chaque nouveau film réalisé balance à tout le monde : « ce sera mon dernier film, et après je me retire dans un monastère, prechi precha amen…» Mais avec ses Minimoys, Jeanne d’Arc, Angel-A, ou Adèle Blanc-Sec, force est d’avouer qu’à chaque fois, on ne le trouve pas forcément là où on l’attendrait.

Ne connaissant que de loin l’histoire d’Aung San Suu Kyi, ne comprenant pas trop pourquoi Luc Besson s’occupait de réaliser son biopic, n’ayant presque rien lu ou vu sur The Lady avant de le voir, j’y allais vierge comme Jeanne d’Arc allant bruler sur le bûcher. Mais les flammes m’auront finalement mis du baume au cœur : le film se laisse regarder.

Le parti pris du film de se focaliser sur l’histoire d’amour entre Aung San Suu Kyi et son mari pour mettre de côté le biopic fidèle essayant de raconter froidement toute l’histoire et son contexte géopolitique peut surprendre. Mais c’est en fait assez logique, Luc Besson aime les personnages féminins, il aime les enjeux dramatiques forts, il aime le cinéma, et il aime le cinéma avec des enjeux dramatiques forts autour d’un personnage féminin. Le reste, l’histoire, le contexte, la cohérence, la subtilité finalement c’est des détails qui ne servent en rien au cinéma, et ce n’est pas pour rien qu’on retrouve un peu toujours les mêmes scénarios (un peu pourris) dans ses films. Ce qu’il cherche c’est autre chose, c’est faire surgir des émotions simples à l’aide d’une mécanique efficace et bien huilée.

Le choix de faire du mélo, en lieu et place d’une biopic propre, s’avère à mon sens payant. Ce choix offre de véritables scènes de cinéma, belles et touchantes. Il permet finalement de se rendre compte à quel point le choix fait par Aung San Suu Kyi et sa famille a pu être difficile, déchirant et douloureux pour eux. Le montage alterné, entre Aung San Suu Kyi enfermé dans sa maison en Birmanie et son mari essayant depuis Londres de la soutenir comme il le peut, est efficace, comme cette belle scène de remise du prix nobel de la paix. On est vraiment proche de la question humaine et de l’enchaînement des personnages à leur histoire. Un film lorgnant sur le documentaire n’aurait pas permis de reconstituer cette palette des sentiments. La narration de cette histoire d’amour n’empêche pas le film de saupoudrer çà et là quelques éléments historiques sur l’évolution de la situation.

The Lady, le titre est sobre et l’interprétation qu’en donne Michelle Yeoh l’est tout autant : elle habite complètement son personnage, toute en noblesse et en retenue. On espère pour elle qu’elle n’est pas allergique au pollen… tant on la voit continuellement avec des fleurs dans tous les sens et sous tous les usages. Régine dans l’oreillette me souffle qu’elle a validé un diplôme de botaniste à la fin du tournage, et acheté quelques actions d’interflora. Bref, elle s’en sort haut la main dans son interprétation.

Si la réalisation est propre et sobre, et la photo est belle, la marque Luc Besson se retrouve un peu partout. La finesse des personnages est vraiment touchante. C’est pas compliqué : les méchants sont très méchants, bêtes, complètement superstitieux, moches, gros, ils puent, et dans leur bain, ils pètent et ça fait des bulles. Les gentils, c’est bien simple, sont très gentils, complètement dévoués à leur cause, à leur amour, sans douter à un seul moment, toujours calme, toujours face au vent sans jamais s’en plaindre, et ils arrivent parfaitement à saisir les aiguillettes de canard : un rien grillé à l’extérieur, et rose à l’intérieur ; bref ils sont parfaits.

Les traits des personnages manquent donc clairement de subtilité, l’aspect historique est clairement mis en retrait, mais en insistant sur le sacrifice et l’histoire d’amour des personnages, le film intrigue et donne envie d’en savoir plus. Quelque part, le pari est gagné…

Note : 6/10

Et en spécial bonus : la bande annonce :

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Auteur : Nomad Soul

Elevé au grain en plein air avec les grands écarts et la rhétorique de Jean Claude Van Damme, initié au salto arrière tout en tenant une jarre remplie d’eau par Jackie Chan, The Killer sera sa première grande baffe, suivie par pleins autres baffes : Tsui Hark, Ringo Lam, Johnnie To… puis la découverte des films de la Shaw Brothers. Hong Kong est son pays de prédilection.
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